Réunions pré-vendanges
Un millésime atypique à bien des égards

Françoise Thomas
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Les premières coupes de grappes se sont déroulées ces derniers jours dans les parcelles les plus avancées. Cette année décidément atypique par l’accumulation d’aléas qu’elle a connue voit ainsi même l’ordre habituel des vendanges chamboulé. C’est plus que jamais le végétal qui guide les sécateurs, c’est ce qui est ressorti des réunions de pré-vendanges, débutées le 2 à la Chapelle-de-Guinchay, puis le 8 septembre à Davayé et Buxy.

Un millésime atypique à bien des égards

Les incertitudes et le désarroi étaient palpables ce mercredi 8 septembre à entendre les viticulteurs venus assistés à la réunion pré vendange organisée au lycée viticole de Davayé.

Une maturité pour les blancs qui peinait à se faire, des pluies, voire des orages annoncés pour les jours suivants, faisaient dire aux participants que décidément « jusqu’au bout cette année sera compliquée à gérer dans les vignes ». Du « jamais vu » également entre le trop sec et trop chaud de l’hiver, le gel dévastateur d’avril sur des vignes déjà débourrées, puis le faible ensoleillement et le manque de chaleur dû à des pluies excessives ruinant quasi systématiquement les passages de traitement, voire les empêchant selon la portance du sol… « Jamais les données météo n’ont été si peu fiables », relevaient viticulteurs et techniciens viticoles. En cause le Covid-19 : beaucoup de données météo sont habituellement collectées via les avions et ceux-ci sont majoritairement restés cloués au sol tous ces derniers mois, expliquait ainsi Thomas Canonier, conseiller climat de la chambre d’Agriculture basé au Vinipôle.

La pression maladie, mildiou et oïdium, a complété le tableau de cette année 2021 « à oublier rapidement », même si les inquiétudes portent aussi désormais sur l’année prochaine : « quelles seront les conséquences de cette année sur la vigne ? », s’inquiétait une viticultrice.

Dossiers sensibles

« Année en 1, année de rien », a souligné Thiébault Huber dès le début de son propos. Le président de la CAVB a cependant rappelé la mobilisation syndicale opérée de concert avec l’Union viticole 71 pour obtenir des aides à la suite du gel printanier et faire remonter un maximum de données au niveau national. Il a également rappelé « le plan calamité viticole du gouvernement qui est en cours d’instruction, notamment pour définir les taux de perte », afin notamment d’obtenir des compensations de prix par hl, « le cadre reste encore à définir et se fera post-vendange ».

L’UV71 travaille ainsi également de son côté sur l’important dossier statut du fermage, avec une harmonisation sur laquelle planchent les DDT de la Saône-et-Loire et du Rhône et qui devrait être effective en 2022. « Le but est bien de rééquilibrer le mode de calcul, a insisté Patrice Fortune, le président de l’UV71, sans gruger ni les bailleurs, ni les preneurs ».

Parmi les autres sujets évoqués et à surveiller, le dossier ZNT riverain « toujours sur la table » et la bonne application de la loi ÉGAlim2…

Intervenants habituels et aménagement

Le contexte sanitaire actuel a conduit les organisateurs de ces réunions pré-vendanges à faire évoluer la formule. Les interventions habituelles ont bien eu lieu, avec un point important fait par Cécile Parent sur l’application de la nouvelle convention collective agricole à prendre en compte notamment pour la rémunération des vendangeurs (voir notre édition du 10 septembre). Cette convention collective ayant imposé la classification et une grille de salaire minimal, « c’est la fin des salaires vendanges », a insisté la responsable du service emploi de la FDSEA71, « il y a des fiches de poste à établir pour tous les postes » et des préconisations de rémunération ont également été avancées.

Cécile Parent a également livré des conseils pour le remplissage du Tesa et les subtilités à connaître.

En parallèle à ces interventions habituelles, des stands d’information ont été proposés permettant à chaque viticulteur de rencontrer individuellement et de gérer différents points avec les OPA présentes : FDSEA/UV71, MSA, CAVB, Vita Bourgogne, etc.

Le bilan météo de la campagne ainsi que le point maturité ont respectivement été dressés par Thomas Canonier de la chambre d’agriculture et Christine Monamy du pôle Qualité et technique du BIVB (voir notre édition du 10 septembre).

Enfin, plusieurs viticulteurs n’ont pas manqué de souligner qu’en cette année si particulière, les conseils de vinification, dispensés à l’occasion de ces réunions, il y a encore quelques années, auraient été les bienvenus. Même si, vu l’hétérogénéité des situations dans les parcelles, ceux-ci n’auraient pu être généralisés, mais c’est bien le soutien et l’accompagnement que viennent rechercher les viticulteurs lors de ces réunions.