EXCLU WEB / Rentrée agricole : La FNSEA sur de nombreux fronts

Christophe Soulard 
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La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a effectué sa rentrée syndicale le 6 septembre lors d’une conférence à Paris. Sécheresse, assurance récolte, gestion de l’eau, chèque alimentaire, grippe aviaire, rémunération, … le syndicat agricole fait feu de tout bois avec l’ambition de faire aboutir de nombreux dossiers. 

EXCLU WEB / Rentrée agricole : La FNSEA sur de nombreux fronts

C’est une rentrée sous le signe de l’offensive que la FNSEA a fait passer par l’intermédiaire de sa présidente, Christiane Lambert. A la veille d’une réunion cruciale pour finaliser le premier volet du Varenne de l’eau, c’est-à-dire le dossier de l’assurance récolte, elle a clairement indiqué être dans le « Money Time », une métaphore anglaise et sportive pour dire que « c’est le moment décisif, celui où tout se joue ». La FNSEA ainsi que toutes ses associations spécialisées sont sur la même longueur d’ondes : faire appliquer le règlement européen Omnibus pour généraliser l’assurance-récolte. « L’Etat doit subventionner les cotisations d’assurance à hauteur de 70 % et appliquer une franchise à partir de 20 % minimum de pertes par rapport au rendement historique assuré ». Elle souhaite également un déclenchement de la solidarité nationale pour la prairie dès 30 % de pertes avec une indemnisation au maximum de 90 % des pertes pour les assurés. « Il doit y avoir une dégressivité pour les non-assurés pour les inciter à souscrire », a précisé Christiane Lambert. Sur les 600 millions d’euros (M€) que l’Etat s’est engagé à verser chaque année, « il ne donne en réalité que 205 M€ de nouveaux financements », a expliqué Christiane Lambert. En effet, 185 M€ proviennent de fonds européens (Feader) ; 120 M€ des agriculteurs eux-mêmes à travers le doublement des cotisations assurantielles qui passent de 5,5 % (60 M€) à 11 % (120 M€) ; 90 M€ provenant du fonds des calamités. « Ce serait idiot de ne pas aboutir faute d’accord sur ces critères. On veut un choc assurantiel », a-t-elle soutenu. 

Ne rien lâcher

Peu auparavant, elle avait lancé une charge remarquée contre la grande distribution, les accusant de « pratiques délictuelles », notamment sur les pénalités logistiques appliquées à des industriels et d’avoir, en conséquence, récolté 200 millions d’euros de « marges abusives » et aussi de ne pas respecter la charte qu’ils ont signée. La DGCCRF est diligentée. « Qu’elle ne mette pas trois mois à enquêter », a martelé la présidente de la FNSEA. Sur la fixation du prix en marche avant comme le prévoit la loi Egalim 2, la FNSEA estime « urgent de faire passer les hausses ». Selon le cabinet Kantar, un foyer (de quatre personnes) dépense environ 430 euros de nourriture par mois. « 5 % ne représente que 21 euros », a calculé Christiane Lambert qui estime que ce n’est pas l’alimentation qui pèse le plus sur le budget des ménages mais d’autres postes comme le loyer, l’énergie ou les transports. Dans ce droit fil, elle entend ne rien lâcher sur la mise en place du chèque alimentaire promis par le candidat Macron peu avant son élection. Un message qu’elle a fait passer au Conseil national de la refondation auquel la FNSEA a décidé de participer, car en ces périodes compliquées, « il n’est pas inutile de resserrer les rangs », a expliqué Christiane Lambert. N’excluant pas que des pénuries sur des produits puissent survenir (« Il y a un vrai danger, notamment sur les légumes »), la présidente du COPA poursuit son combat sur l’accès et la gestion de l’eau, appelant à « partager » ce bien commun, y compris au bénéfice de l’agriculture. « Les Pays-Bas et le Danemark stockent plus d’eau qu’en France. Est-ce normal ? », s’est-elle interrogée expliquant : « Sans eau pas d’agriculture et produire moins c’est produire de la faim ». Elle s’inquiète aussi de la situation de l’élevage. Nombreux sont en effet les éleveurs à avoir entamé leurs stocks d’hiver. Bien déterminée à faire avancer tous ces dossiers, la FNSEA estime, sur la base de son rapport d’orientation de 2020*, possible de « concilier planification alimentaire et planification écologique ». 

 

* Faire du défi climatique une opportunité pour l'agriculture (https://www.fnsea.fr/rapport-orientation-fnsea/