Régulation des corvidés
Une deuxième campagne de régulation des corvidés encourageante

Marc Labille
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L’année dernière, agriculteurs, chasseurs et partenaires lançaient une régulation collective des corvidés sur le territoire Terres de Bresse. Pour la deuxième campagne de régulation, les conditions météo ont limité les dégâts mais la mobilisation doit demeurer.

Une deuxième campagne de régulation des corvidés encourageante
Les populations de corvidés se portent bien.

Face à la montée des dégâts de corvidés en Bresse, les agriculteurs et les chasseurs sont à l’origine d’une opération pilote de régulation. Un partenariat entre la profession (FDSEA) et la fédération des chasseurs de Saône-et-Loire (FDC 71) a permis d’organiser une opération collective sur le terrain. Elle fait appel à la bonne volonté des chasseurs et des financements ont été trouvés pour encourager les prélèvements. La coopérative Bourgogne du Sud et les Minoteries Gay financent les indemnités versées par corvidés régulés tandis que la communauté de communes Terres de Bresse prend en charge des équipements (affût, cartouches, appeaux, camouflages, etc.) nécessaires à l’approche.

Deux ans avant la mise en place de ce nouveau dispositif, une première campagne de régulation avait été menée en 2019 et elle avait permis de prélever 698 corvidés. En 2020, le Covid avait empêché la poursuite de l’opération. C’est au printemps 2021 que la régulation collective a été déployée à l’échelle du territoire Terres de Bresse. Plus de 1.500 corvidés (1.150 corbeaux freux et 371 corneilles noires précisément) avaient été prélevés. Un chiffre très encourageant, se félicitaient alors les partenaires de cette régulation collective. L’opération a donc été reconduite en 2022 et le bilan de cette nouvelle campagne fait état de 818 corbeaux freux et 216 corneilles noires prélevées soit un total de 1.034 corvidés, indique Céline Drillon, technicienne à la FDC 71.

Un millier de corvidés prélevés au printemps 2022

Avec un tiers de corvidés prélevés en moins, le bilan est moins bon qu’en 2021. Les conditions météorologiques seraient l’une des explications de cette baisse, estime Céline Drion. Au printemps 2022, la météo a été beaucoup plus favorable aux semis qu’en 2021 où la pluie avait fait traîner les chantiers et les levées de cultures. Au printemps dernier, les semis ont été rapides, simultanés et précoces et les levées ont été rapides elles aussi, fait valoir la technicienne qui indique par ailleurs que les jeunes corvidés sont aussi sortis moins vite des nids. Les plaintes et appels pour dégâts ont été moins nombreux cette année, complète Céline Drion.

Agriculteurs encouragés à passer le permis

En dépit de ce tableau de chasse moins fourni, des chasseurs ont continué de se mobiliser pour la protection des cultures. Et de nouveaux territoires se sont inscrits dans la démarche, fait valoir la technicienne. Cette régulation collective est vouée à être poursuivie dans le temps. « On est précurseur ; on manque encore un peu de recul », confie Céline Drion. Mais cette gestion réactive qui s’appuie avant tout sur les acteurs de terrains (entre société de chasses communales et agriculteurs notamment) est indispensable sans moyens de protection autre contre les corvidés.

En mars dernier, toujours dans le cadre de cette régulation collective, une formation à la technique de chasse aux corvidés a été organisée à Brienne. La chasse aux corvidés requiert une approche et une méthode spécifiques reposant sur le tir à l’affût. « Il faut aimer tirer », reconnaît Céline Drion. Les agriculteurs eux-mêmes sont encouragés à passer le permis de chasser pour participer à cette nécessaire régulation.

 

« Les corvidés sont toujours aussi nombreux »

« Avec 1.000 corvidés prélevés contre 1.500 l’an dernier, on n’a pas eu l’explosion qu’on espérait et ce malgré l’indemnité versée aux tireurs », confie Arnaud Cadot, agriculteur et chasseur à Loisy. La campagne a pourtant permis de belles prises comme cette corbeautière où près de 400 oiseaux ont été prélevés. Mais pour le représentant de la FDSEA, les corvidés sont toujours aussi nombreux et nuisibles en Bresse. Certes, les levées rapides ont permis de contourner les dégâts. Mais certains agriculteurs ont été obligés de re-semer trois fois de suite leurs tournesols. D’autres ont été contraints de monter des gardes dans leurs parcelles pour les protéger des oiseaux, signale Arnaud Cadot. Pour lui, la régulation des corvidés n’est pas miraculeuse. Elle bute sur un manque de motivation de la part des chasseurs, dont beaucoup sont âgés, témoigne-t-il. Localement, la régulation est aussi relativement lourde à organiser. « La commune doit faire une demande d’autorisation au préalable (hors période de chasse). On mobilise les louvetiers plusieurs jours. Il faut du monde. Et il faut intervenir efficacement en ciblant le bon jour », fait valoir Arnaud Cadot.