EXCLU WEB : Consommateurs et ONG dénoncent la « jungle » des labels

L’UFC-Que choisir et les associations WWF et Greenpeace ont dénoncé, le 28 septembre, lors d’une visioconférence, la nébuleuse des labels et signes officiels de qualité. Ils aimeraient avoir voix au chapitre et imposer leurs normes. 

EXCLU WEB : Consommateurs et ONG dénoncent la « jungle » des labels

« Le consommateur est confronté à une jungle des démarches officielles de qualité », a attaqué d’emblée Alain Bazot, président de l’UFC-Que choisir. Avec les organisations non gouvernementales (ONG) que sont le WWF-France et Greenpeace, il s’en prend ouvertement au décalage qui existe entre, d’un côté « les promesses » mentionnées dans le cahier des charges et de l’étiquette et de l’autre la « mise en œuvre de ces exigences » que sont la « qualité supérieure et la typicité ».

« Leurre et abus de langage »

Pour en arriver à cette conclusion, les trois organisations ont fait appel à un expert de l’INRAE qui a eu « une lecture critique du cahier des charges ». Il en ressort, après analyse, que trois fromages AOP (Saint-Nectaire, Cantal et Munster) ont des critères qui se rapprochent des productions industrielles et qu’en conséquence, « elles ne devraient pas logiquement pouvoir bénéficier de l’appellation ». De même, le porc Label rouge ne trouve aucune grâce aux yeux des trois associations. « Ainsi, pour les productions qui s’en tiennent aux conditions de production minimales de la notice, le label ne se justifie pas », soulignent-elles, se défendant « de juger a priori les critères de leurs cahiers des charges (sic) ». Les conclusions sont également à charge pour le label Haute valeur environnementale (HVE) qui représente, pour eux, « une usurpation du terme “haute”, qui est un leurre et un abus de langage », a clairement affirmé Alain Bazot. « Les impacts environnementaux de la HVE sont faibles et non démontrables » a Arnaud Gauffier directeur de la conservation à WWF.

« Scandaleux » 

Cependant à bien lire entre les lignes, on se rend compte que cette étude ne s’assied pas sur les critères des labels et des signes d’identification de qualité et d’origine (SIQO) mais sur ceux que les trois organisations aimeraient que ces labels et SIQO mettent plus en avant. Par exemple : interdiction de fourrages fermentés (ensilage), proportion minimale de vaches locales, parcours extérieur, âge d’abattage supérieur au standard, mais aussi les conditions de travail - droit du travail, sécurité alimentaire, épuisement des ressources non-renouvelables (énergétiques et minérales), etc. Dans ce contexte, l’agriculture biologique constitue pour ces trois organisations, l’alpha et l’oméga du modèle à suivre. Leur incompréhension est grande sur les écorégimes de la PAC qui entendent soutenir de manière égale le HVE et le bio « C’est scandaleux (…) ça relève de l’aberration », s’est exclamé. Arnaud Gauffier. 

Affichage environnemental 

Les trois organisations réfutent aussi tout surcoût lié à la transition écologique pour les exploitants souhaitant aller vers des modes de production, préférant dénoncer le gaspillage de l’argent public sur le HVE. C’est pourquoi, les trois associations demandent de « suspendre le soutien public à la certification HVE tant que le cahier des charges n'a pas été révisé ». Elles souhaitent aussi faire « réviser les démarches identifiées comme +durables+ dans la loi Egalim », demandant la prise en compte des critères socio-économiques et environnementaux. Elles réclament aussi que le Gouvernement s’inspire de son cadre d’analyse pour mettre en place un futur affichage environnemental. Surtout, elles entendent « réviser la gouvernance des signes officiels (études d’impacts publiques, exigence des contrôles, etc.) en élargissant la représentation de la société civile dans l’élaboration et la gestion des labels ». Interrogé lors d’une réception organisée le 28 septembre par l’Association française des journalistes agricoles, le ministre de l’Agriculture a martelé qu’il « faut arrêter d’opposer les agricultures les unes aux autres ».