POLITIQUE
Annonces de Marc Fesneau : les éleveurs restent sur leur faim

Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a inauguré, le 4 octobre, la 31e édition du Sommet de l’élevage. Les agriculteurs attendaient de réponses à leurs interrogations. Ils ne les ont pas toutes obtenues.

Annonces de Marc Fesneau : les éleveurs restent sur leur faim
Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture a inauguré, le 4 octobre, la 31e édition du Sommet de l’élevage.

C’est dans un contexte assez particulier que le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a lancé le Sommet de l’élevage à Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme). En effet, la Covid-19, la guerre en Ukraine, la sécheresse de cet été et l’inflation consécutive à ces dérèglements ont quelque peu terni les perspectives des agriculteurs en général et des éleveurs en particulier. Ces derniers souhaitaient des paroles rassurantes de la part de leur ministre de tutelle. Sur le registre de la compassion, Marc Fesneau a admis « que la situation était « compliquée ». « C’est compliqué de rassurer dans un moment qui est compliqué, entre l’augmentation des prix de l’alimentation, la sécheresse, les perspectives complexes parfois, les négociations commerciales complexes », a-t-il dit. Il a toutefois indiqué à des éleveurs impatients que pour soutenir l’élevage, il allait accélérer le calendrier d'indemnisation, d'abord pour les neuf départements les plus touchés situés principalement en Auvergne-Rhône-Alpes. « Il y aura une avance à partir de début novembre alors que normalement c'est en mars-avril pour répondre aux besoins de trésorerie et les autres départements suivront », a-t-il certifié précisant que le solde serait versé d'ici fin décembre. La démarche a été saluée par la présidente de la FNSEA Christiane Lambert qui, à l’instar de nombreux exploitants, jugera sur actes. « Beaucoup d’éleveurs craignent sans le dire, ne pas avoir assez de trésorerie pour pouvoir faire rapidement l’acquisition de fourrage et ne pas être obligés de décapitaliser. » À l’unisson des éleveurs présents sur le Salon, la présidente de la FNSEA a estimé qu’il y a « urgence » sur ce dossier. Car c’est un grand pan de la souveraineté alimentaire française qui est fragilisé.

Cartes satellites

La rémunération reste l’une des clefs essentielles du quadriptyque constitué par la souveraineté, le potentiel de production, l’attractivité et le renouvellement des générations. Mais depuis 60 ans « on a construit un modèle dans lequel le bon prix, c’est le bas prix », s’est ému le ministre. « C’est un travail que nous devons faire au gouvernement, que doivent faire les transformateurs, les distributeurs. C’est aussi une prise de conscience que doivent avoir les citoyens. 50 euros de plus sur le lait, c’est 5 centimes sur la brique de lait », a-t-il ajouté. Interrogé par France Bleu Pays d’Auvergne, le ministre a clairement envoyé un message aux transformateurs, aux distributeurs mais aussi au consommateur : « Quand vous achetez une brique de lait 0,72 euro en France, il est sûr qu'il n'y a pas de rémunération pour les producteurs ». En revanche, sur les cartes de sécheresse issues des observations satellitaires, et la demande des éleveurs qui réclament le retour des enquêtes terrain, le ministre n’a rien lâché. « Aucun système n’est parfait, les cartes nous permettent d’aller plus vite. Nous pouvons discuter, dialoguer. Regardons les endroits où manifestement cela déconne », a-t-il lancé, faisant crisper de colère les mâchoires de quelques agriculteurs parmi les plus remontés. Autrement dit, en cas de contestation, le ministre pourrait demander à ses services déconcentrés de réaliser des enquêtes terrain. Mais d’ici là l’eau aura sans doute coulé sous les ponts et sur les prairies.

Christophe Soulard