Crédit Agricole Centre-Est
Un « hub » vers l’avenir

Cédric MICHELIN
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L’architecture d’un bâtiment en dit souvent long sur les valeurs portées par l’entreprise qui l’occupe. Associé aux codes stylistiques et aux technologies de son époque, un siège social doit rayonner et attirer à la fois. Celui du Crédit Agricole Centre-Est va s’ouvrir demain sur Lyon, signe des temps contemporains. Il adopte une vision futuriste, basée sur le partage, la transparence, l’humain, l’environnement… sans oublier sa nature agricole historique.

Un « hub » vers l’avenir

Le 1er décembre, la banque verte de notre région Centre-Est – englobant l’Ain, le Rhône et la Saône-et-Loire – a voulu partager son « enthousiasme » de voir se concrétiser le lancement des travaux de rénovation de son siège situé à Champagne-au-Mont-d’Or depuis 35 ans. Le directeur général, Raphaël Appert s’est personnellement investi dans ce projet de « réarchitecture » du site. « Nous sommes engagés depuis cinq ans sur ce projet qui répond à nos convictions sur ce que doit être la place de notre entreprise dans notre environnement », introduisait-il en visioconférence, faute de pouvoir se réunir sur les lieux en raison du Covid-19.
Pour lui, ces travaux de rénovation visent trois objectifs majeurs. Le premier est « d’ouvrir » ce site sur la ville Lumière de Lyon située en contrebas. Sa capacité sera accrue pour passer de 1.000 collaborateurs à 1.500 sur place. « Il n’y avait pas de contact clients. Demain, nous pourrons accueillir et échanger avec eux », se réjouissait-il. Son deuxième objectif a été rattrapé par l’actualité et l’obligation de mettre en place de nouvelle forme de travail. « Nous avions justement imaginé ce cadre de travail – mix de bureau, télétravail, flex-office… - pour que nos collaborateurs se sentent bien, dans un environnement confortable et aient envie de venir exercer leurs métiers ». Actuellement répartis sur sept sites aux alentours, ces derniers ont hâte d’en prendre possession… mais il faudra attendre la fin des travaux prévus dans deux ans, en janvier 2023. Car le troisième objectif visé répond aux attentes de nos sociétés contemporaines : respecter l’environnement avec notamment la réutilisation au maximum, le recyclage… pour un « zéro déchet ultime » à l’issu des travaux. Au delà, « nous allons réduire de 80 % notre consommation d’énergie. Notre ancien site était une passoire énergétique. Ce sera fini et nous allons nous alimenter avec un mix d’énergies vertes ». Le site intégrera à terme plus de 2.000 m2 de panneaux photovoltaïques, de la géothermie et sera relié au chauffage urbain pour abaisser la facture énergie et d’entretien. Les relations avec le voisinage n’ont pas été oubliées, ni les chantiers de réinsertions, les dons ou le fait de sous-traiter à des entreprises locales dans la grande majorité des cas.

Co-construction agile

Ceci a été rendu possible grâce à une « co-construction » du projet avec les trois entreprises retenues. Ce qui est novateur comme le soulignait Véronique Racoussot, directrice adjointe : « c’est une méthode agile nouvelle pour un projet économiquement acceptable par Bouygues bâtiment Sud-Est », le constructeur qui n’a pas « imaginé » le projet. Néanmoins les équipes de Bouygues et du Crédit-Agricole ont formé une « belle équipe » avec les architectes lyonnais retenus : Archigroup, Thierry Roche & associés. Au final, les relations de travail s’en sont même trouvées « fluidifiées ». Ces derniers, par les voix respectives de Denis Léger et Thierry Roche, détaillaient la réhabilitation des bureaux qui vont passer de 27.000 m2 à 30.000 m2 de surface et cinq bâtiments avec un hub de 10.700 m2. « La volonté du Crédit Agricole était d’anticiper les innovations à dix ans. Nous avons repensé les usages, avec le digital et l’environnement de très haut niveau, pour un bâtiment capable d’évoluer et d’être flexible dans le temps ». Le futur siège sera labellisé CF HQE niveau excellence (respect environnement), Bepos (énergie positive) et même Osmoz (qualité de vie au travail).

Clarté et transparence

Construit au milieu des années 1980 et surnommé « l’usine du tertiaire », le siège du Crédit Agricole Centre-est était représentatif du monde de la banque d’alors : un lieu hermétiquement clos, assez secret, où le papier était omniprésent, avec des besoins de production et de stockage importants. C’est presque l’inverse demain.
Les architectes ont donc choisi de démolir quatre « petits bâtiments au cœur du site. Pour créer à la place un hub, véritable cœur de vie central, de plus de 7.000 m2 » dédié au travail collectif et collaboratif. « D’immenses halls permettront d’échanger en allant d’un immeuble à l’autre ». Ces bâtiments aux allures « rigoureuses » vont revêtir demain « un look affichant clarté et transparence », le tout végétalisé.

Aux racines agricoles

À cette occasion, Raphaël Appert rendait hommage à ses prédécesseurs d’avoir conservé ce « site magnifique de 11 ha à la campagne dans l’agglomération lyonnaise ». Abritant un vaste jardin, le parc fait partie du réseau mondial de l’Institut Vavilov, agronome, généticien et botaniste russe (1887-1943). Le Crédit Agricole participe donc à protéger de nombreuses variétés oubliées pour enrichir les bibliothèques internationales de semences utiles pour la biodiversité et l’humanité. De nouvelles essences d'arbres seront également plantées.
Ce « giga » projet s’inscrit d’ores et déjà dans le top 10 des investissements immobiliers nationaux, restant néanmoins dans les standards des « prix au m2 en rénovation » se contentait d’annoncer le Crédit Agricole. Raphaël Appert rassure « notre frugalité rime avec ambition ». Les valeurs mutualistes de l’entreprise (utilité, proximité, solidarité, responsabilité) se retrouveront donc dans la sobriété des bâtiments. La conclusion revenait à Victor Hugo : « la forme, c’est le fond qui remonte à la surface ». Les racines du Crédit Agricole sont donc toujours bien là.