GIE Synergie Charolais – Station de Jalogny
GIE Synergie Charolais – Station de Jalogny : "le modèle station appelé à évoluer"

Marc Labille
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Pendant que les 96 veaux en pension à la station de Jalogny poursuivent leur croissance, le GIE Synergie Charolais imagine son futur. Le modèle station est appelé à évoluer comme l’expliquent Didier Giraud, président de la fédération des stations et Hugues Pichard, président de Charolais France.

GIE Synergie Charolais – Station de Jalogny : "le modèle station appelé à évoluer"
Hugues Pichard, président de Charolais France et Didier Giraud, président de la fédération des stations charolaises.

La prochaine vente de reproducteurs charolais de la station de Jalogny aura lieu le 16 février prochain. 96 veaux sont actuellement en évaluation sur le site de la ferme expérimentale suivant le protocole strict commun à toutes les stations charolaises. Réunies au sein d’une fédération nationale, ces stations font partie intégrante du programme de sélection racial porté par l’organisme de sélection Charolais France. La fédération des stations siège d’ailleurs à Charolais France et les deux entités réfléchissent ensemble aux évolutions à donner à cet outil essentiel de la sélection génétique.

« Les ventes de stations constituent un moment important en sortie d’hiver. Les éleveurs s’y retrouvent et cela participe à la diffusion de la génétique », décrit le président de Charolais France Hugues Pichard qui ajoute que « les stations sont un haut lieu d’animation raciale et territoriale ». Une animation fructueuse qu’il est pourtant difficile à financer, précise le président du GIE Synergie et de la fédération des stations Didier Giraud. « Les stations ont des coûts incompressibles (100 animaux en pension à Jalogny pendant 150 à 180 jours ; du personnel salarié ; les coûts d’alimentation ; les garanties sanitaires et génétiques…). Toutes ont des budgets très serrés et certaines souffrent économiquement. L’équilibre tient à la générosité des financeurs et au bénévolat. Les coûts sont supportés essentiellement par le collectif », confirme Hugues Pichard.

« Aller chercher ces veaux qui ne viennent plus »

« Ces difficultés poussent à faire évoluer le modèle station pour atteindre davantage l’équilibre économique. Et cela revient à repositionner l’outil pour qu’il soit plus en adéquation avec les attentes des acheteurs et des apporteurs », confie Didier Giraud.

« Les stations doivent aller chercher des veaux qui se détournent d’elles », estime le président de la station de Jalogny. Ce dernier a en tête ces éleveurs qui engageaient autrefois des veaux à Jalogny et qui n’en mettent plus aujourd’hui. C’est notamment le cas de nombreux utilisateurs de taureaux de monte naturelle dont les produits sont pénalisés par les index. « Nos liens avec l’insémination sont indéniables et nous bénéficions de tout leur travail de procréation », tient à rappeler Didier Giraud.

« Mais au niveau des index Iboval, il existe un tel écart entre les animaux issus de taureaux de monte naturelle et ceux issus d’insémination. À performances égales, les gens savent pertinemment à l’entrée en station que si les index de leurs animaux sont défavorables, ils obtiendront un IMOCR (index station) défavorable. Autrement dit, pas de vente.

Diversité génétique en danger

Le risque, c’est une concentration sur un petit nombre de souches très indexées et donc une raréfaction de notre génétique », redoute Hugues Pichard. « La sélection des gènes d’intérêt amplifie le phénomène – la recherche du sans corne repose sur de la consanguinité », ajoute Didier Giraud. « La sélection telle qu’elle est menée aujourd’hui risque de mettre à mal la diversité génétique. Il faut que les stations prennent plus en considération cette variabilité », poursuit Hugues Pichard. « À la fédération des stations, nous faisons en sorte de favoriser l’ouverture génétique pour maintenir cette variabilité », complète Didier Giraud. Pour le président de Charolais France, si le mode de sélection actuel « peut se révéler efficace à court terme, il risque bien de tourner le dos à l’avenir en ne permettant pas de s’adapter à tous les nouveaux enjeux techniques, sociétaux, environnementaux… ».

La promesse du génotypage des mâles

Un nouveau modèle est donc appelé à se développer. Mais les stations « devront évoluer différemment selon les zones géographiques. Et elles devront adopter des outils de sélection plus contemporains. Il faut créer un nouveau moyen de diffuser la génétique de monte naturelle dans les endroits où les stations n’ont pas de modèle économique », estime Hugues Pichard. « Les stations ont déjà opéré des changements. Cette année, nous avons abandonné la mesure de l’ouverture pelvienne trop coûteuse. Nous avons remis de la morphologie et des aptitudes fonctionnelles sortie station dans l’IMOCR. La génomique rentre progressivement dans les index sans être la révolution attendue… Si on génotypait davantage, cela irait mieux », estime Didier Giraud. « Réalisé à beaucoup plus grande échelle sur les mâles, le génotypage nous permettrait de repérer les animaux intéressants. C’est ce que nous allons faire en 2025 grâce à un nouveau modèle de génotypage des mâles de monte naturelle », conclut Hugues Pichard.