Grosses altises du colza
Colza Grosses altises et leviers agronomiques

Une quarantaine de personnes ont visité les plates-formes d’essai de la Chambre d’agriculture et Terre inovia, où sont évaluées des stratégies de lutte face aux insectes d’automne.

Colza Grosses altises et leviers agronomiques

Bravant la pluie, le vent et le froid, une quarantaine de participants s’est rendu le 2 décembre dernier à Cugney, en Haute-Saône, chez Mathieu Constantin et Jérémy Lachaux, où Terres Inovia et la Chambre d’agriculture de Haute-Saône organisaient une visite de leurs plateformes colza. Le thème de cette matinée « combinaison de leviers pour gérer la pression des insectes d’automne » répond à une préoccupation émergente des cultivateurs. « Au cours de ces dernières campagnes, on a pu voir d’importants dégâts d’altises, de charançon et des méligèthes, ravageurs auxquels les jeunes plantes de colza sont particulièrement sensibles à l’automne, explique Emeric Courbet, technicien grandes cultures à la CA70. Dans le même temps, la réduction des solutions de traitement des plantes et le développement de résistances aux insecticides de la famille des pyréthrinoïdes ont rendu les ravageurs incontrôlables dans certaines régions… ». Autant de données qui ont pu conduire certains à s’interroger sur l’avenir du colza dans leur rotation ! De fait, la sole de colza a beaucoup reculé, de l’ordre de 25 % en cinq ans au niveau national.


Miser sur la vigueur de la végétation

Dans ce contexte, Terre Inovia explore activement des pistes agronomiques pour sécuriser la culture des colzas d’automne. « L’une des principaux défis, c’est d’avoir une croissance rapide des jeunes plantes, suffisamment rapide pour supporter les dégâts des ravageurs », précise Emeric Courbet. Pour atteindre cette cinétique de croissance protectrice, plusieurs axes sont explorés : date et densité de semis, travail du sol… et conduite de la fertilisation. « Nous avons fait des essais avec différentes modalités d’apport azoté, sous forme organique (fumier, compost) et minéral. On pourra calculer ainsi les courbes de réponse à l’azote au printemps. »
Autre axe de recherche, celui de la recherche variétale. « On a pu observer que dans des contextes de fortes pressions de ravageurs, notamment la grande altise, toutes les variétés ne subissaient pas les mêmes dégâts. C’est ce que nous essayons de vérifier, et d’expliquer : est-ce une différence d’appétence, ou bien de dureté des tissus ? Douze variétés sont à l’essai sur cette plateforme, et le test de berlèse, qui permet de dénombrer les larves d’altises, va permettre de les distinguer et de vérifier qu’il y a une vraie différence de sensibilité. »

Plantes compagnes et radis…

Enfin, les plantes compagnes sont également une voie prometteuse. « La vesce de Narbonne, le trèfle d’Alexandrie… deux légumineuses, ainsi que les radis chinois. Ces derniers sont réputés plus appétents pour les altises, et permettraient donc de diminuer la pression globale sur la culture d’intérêt. Nous allons aussi regarder de près les éventuelles interactions en termes de nutrition avec ces plantes compagnes ». Dans le même temps, Syngenta testait différents programmes insecticides (positionnement, doses), dans la perspective d’une prochaine interdiction du Boravi… Rendez-vous est donné le 1er avril prochain pour une nouvelle visite de cette plateforme !

Alexandre Coronel