Economie circulaire
L’agriculture française, championne de la gestion des déchets agricoles

Depuis vingt ans, en France, la gestion des déchets agricoles en France est exemplaire. Aujourd’hui, vingt-deux types de déchets sont triés, collectés et valorisés dans l’Hexagone. Une spécificité française. Plongée dans le monde du recyclage à la mode agricole.  

L’agriculture française, championne de la gestion des déchets agricoles
Ronan Vanot, directeur général d'Adivalor. ©ADIVALOR

Les agriculteurs français, comme l’ensemble des acteurs de la filière agricole, pourraient fièrement afficher trois étoiles sur leurs cottes. Ronan Vanot, directeur général d’Adivalor (lire encadré) depuis le 1er juin 2022, l’affirme : « la France est championne d’Europe et, l’on peut le dire, du monde en matière de recyclage des déchets agricoles. Il n’y a aucun autre pays sur le continent européen qui dispose d’une organisation aussi performante que la nôtre. Aujourd’hui, nous sommes le seul pays à trier, collecter et valoriser vingt-deux types de déchets différents ». Ainsi, bidons, fûts, sacs, boîtes, bigs-bags ou encore les différents plastiques agricoles (bâches d’ensilage et d’enrubannage, films de serre et de semi-forçage, ficelles…), peuvent être collectés et pour certains recyclés. Avec près de 90 % de taux de collecte des bidons plastiques vides de produits phytopharmaceutiques, la France est dans le trio de tête mondial, avec la Belgique et le Brésil. En Europe, seuls la France, le Benelux, l’Allemagne et la Roumanie disposent également d’un système pérenne de récupération des produits phytopharmaceutiques non utilisables (PNU). Une performance possible grâce à l’engagement de tous.

L’engagement de tous

« L’effort consenti par les agriculteurs est important, reconnaît le directeur général d’Adivalor. Quand nous, les consommateurs, nous n’avons qu’une poubelle jaune dans notre cuisine, les producteurs peuvent avoir six, sept ou huit déchets différents à séparer. Cela demande une organisation particulière. » Pour cela, certains agriculteurs ont même imaginé des outils « maison » pour optimiser le stockage de ces déchets jusqu’à la collecte (lire par ailleurs). Une organisation exemplaire donc qui ne serait pas possible sans l’engagement aussi des opérateurs de collecte (à 80 % des coopératives et négociants agricoles). « Le fonctionnement de la filière de recyclage repose sur le principe de responsabilité partagée entre l’ensemble des professionnels de l’agrofourniture », reconnait-on chez Adivalor, soit 300 000 agriculteurs, 1 300 opérateurs de collecte et 350 metteurs en marché qui contribuent, via une éco-contribution spécifique, au financement des différents programmes. « Les chambres d’agriculture et le réseau syndical de la FNSEA, contribuent à l’organisation et à l’information sur les collectes », ajoute l’éco-organisme.

Objectif : 100 % collecté et recyclé

Ainsi, en 2021, plus de 89 000 tonnes de plastiques et emballages usagés ont été collectées, soit 4 000 tonnes de plus que l’année précédente. Depuis 2002 ce sont plus de 12 300 tonnes de produits phytopharmaceutiques non utilisables (PPNU) qui ont été éliminées. « Nous avons atteint en 2021, les 77 % de déchets collectés. Nous augmentons cette part chaque année. Notre objectif est de tendre vers le 100 % à horizon 2030. Nous devons améliorer la performance de notre collecte en sensibilisant davantage. Nous avons des enjeux sur l’ensemble des filières et à tous les niveaux », explique Ronan Vanot.

Autre objectif poursuivi par Adivalor : tendre vers le « 100 % recyclé » d’ici sept ans. Actuellement, près de 90 % des emballages et plastiques collectés (hors films de paillage) sont recyclés en France ou dans l’Union européenne. « D’autres déchets, comme les PPNU, sont valorisés énergétiquement », explique Ronan Vanot. Alors pour atteindre l’objectif ambitieux concernant le recyclage, Adivalor active plusieurs leviers.  Il soutient l’initiative européenne « Circular Plastic Alliance » qui vise à l’incorporation de 10 millions de tonnes de plastiques recyclées d’ici à 2025. Un groupe de travail dédié aux plastiques agricoles a été mis en place. « Stimuler la demande en matière plastique recyclée et son intégration dans de nouveaux produits est indispensable pour nous inscrire dans un schéma d’économie circulaire. Nous appuyons ainsi pleinement les initiatives de l’État en ce sens et appelons à leur accélération : il faut donner de la valeur aux matières premières recyclées en leur garantissant des débouchés ! », explique Ronan Vanot. « Nous soutenons également le développement de nouvelles capacités de recyclages sur notre territoire. Nous avons lancé quatre appels à projets en 2018 et 2019 pour soutenir la création en France de quatre nouvelles unités de recyclage, avec une capacité totale de 40 000 t d’emballage et plastiques usagés. Une unité a ouvert en septembre dernier à Argentan (Orne NDLR).», complète-t-il. De quoi gagner la quatrième étoile.

Marie-Cécile Seigle-Buyat

Adivalor, quèsaco ?

Adivalor (agriculteurs, distributeurs, industriels pour la valorisation des déchets agricoles) est l’éco-organisme de la filière agricole qui définit les modalités techniques de gestion des différents intrants agricoles en fin de vie, du tri chez l’agriculteur jusqu’au traitement final. Il accompagne et conseille les opérateurs de collecte sur notamment l’organisation. Le fonctionnement des collectes est assuré grâce à la distribution agricole, coopératives et négoces, qui mettent à disposition leurs moyens logistiques et humains. Des organismes partenaires sont présents dans les 13 régions françaises et en Outre-Mer.