Les brèves du 14 février 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 14 février 2023

Les brèves du 14 février 2023

Mal-être : les pistes de la Cosmap pour lutter contre les risques psycho-sociaux

Le rapport non finalisé ('working paper') de la Cosmap proposant des pistes pour améliorer la prise en charge des troubles psychosociaux au travail dans l’agriculture a été mis en ligne par la chaire internationale des études comparées de la santé au travail (CIECST). Comme attendu, parmi 34 recommandations détaillées, il préconise de mieux connaître la situation des salariés et non-salariés agricoles en leur créant un « questionnaire élargi » dans les enquêtes nationales sur les conditions de travail. Il recommande d’améliorer la « surveillance » des troubles, d’« affiner » des indicateurs spécifiques de la santé mentale, et de développer davantage les « interactions » entre « les acteurs de la santé et de la sécurité au travail et les régimes assurantiels ». Il propose de clarifier les critères de reconnaissance d’incapacité permanente partielle (IPP) en matière de pathologie psychique, qui donne droit à réparation. Et, il propose d’aligner le taux minimum d’IPP requis pour les exploitants sur celui des salariés, soit 25 % d’IPP (au lieu de 30 %). En outre, le rapport préconise d’améliorer la prise en charge économique des exploitants pour leur donner le temps de « consolider leur état de santé » après une maladie ou un accident. Enfin, il propose plusieurs pistes pour améliorer la prévention des risques psycho-sociaux, notamment chez les non-salariés agricoles.

 

Pomme de terre fécule : Fesneau favorable à un dispositif de réserve de crise, selon l’UNPT

En marge de la manifestation qui s’est tenue le 8 février à l’appel de la FNSEA, de la CGB (betteraviers, FNSEA) et de plusieurs FDSEA et fédérations locales des JA, le président des producteurs de pommes de terre de l’UNPT (FNSEA) Geoffroy d’Évry a été reçu par le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau afin d’évoquer les difficultés que traverse la filière féculière en France. Selon un responsable de l’UNPT, le ministre de l’Agriculture a pris position pour que « la filière féculière entre dans le cadre du dispositif de réserve de crise agricole, comme annoncé pour la filière betteravière ». Et d’ajouter « qu’aucun engagement n’a pour l’heure été pris ». « Fortement perturbée » depuis deux ans, la filière féculière est « moins attractive » pour les agriculteurs, et ce « malgré les hausses des prix de contrats annoncées par Roquette frères et Tereos pour cette campagne et celle à venir », avait estimé Arnaud Delacour, président du GIPT. En 2022, l’UNPT a enregistré une surface de production de pommes de terre fécule de 22 000 ha, et elle prévoit une baisse de plus de 2 500 ha en 2023 et de 2 000 ha en 2024. Face à ces annonces, Geoffroy d’Évry en avait appelé aux pouvoirs publics en janvier dernier, espérant « la mise en place d’un dispositif exceptionnel de sauvetage de la filière féculière en France ».

 

Dégâts de gibier : FNSEA et FNC espèrent signer un accord avec l’État au Salon

Les représentants des chasseurs, de la FNSEA, des JA et des chambres d’agriculture se sont réunis le 13 février pour réaffirmer le contenu de l’accord trouvé sur les dégâts de gibiers en 2021 en vue d’une signature avec l’État au Salon de l’agriculture, indique un communiqué. Objectif pour les organisations réunies autour de la table : réduire « de 20 à 30 % les surfaces agricoles détruites par les sangliers » au niveau national d’ici trois ans. L’accord, détaille le communiqué, « comporte une boîte à outils pour augmenter les prélèvements de sangliers, un accord sur la possibilité d’agrainage dissuasif, une réforme de l’indemnisation ». Validé il y a deux ans, ce document n’avait pas été publié « en attente de l’accord entre l’État et la FNC », rappelle le communiqué. Durant la campagne présidentielle, Marc Fesneau avait promis à la FNC (chasseurs) de travailler sur une « boîte à outils » permettant de mieux réguler les dégâts de gibier, et sur leur accompagnement financier. La journée aurait également été l’occasion de revenir sur les programmes menés conjointement par les chasseurs et les agriculteurs tels qu’Agrifaune. Autant de projets que les organisations espèrent démultiplier « à travers un programme ambitieux d’implantation de haies, de surfaces et d’infrastructures écologiques favorables au petit gibier ».

 

Haie : un appel pour doubler le linéaire et atteindre le « zéro dégradation »

Alors que le ministère de l’Agriculture planche sur un nouveau plan agroforesterie, l’Afac-agroforesterie invite dans son « appel de la haie » publié le 13 février, à « repenser de fond en comble les politiques de la haie et à fixer leur ambition à hauteur des enjeux environnementaux ». « La stratégie 2023-2028 qui est en train d’être finalisée a bien identifié les leviers, mais ne fixe pas d’objectif à long terme », regrette Baptiste Sanson, responsable stratégie et projets au sein de l’association. Dans son appel, l’association propose de doubler le linéaire actuel de haie d’ici 2050, actuellement estimé à 750 000 km, et de viser le « zéro dégradation de haie ». Doubler le linéaire supposerait selon l’association de planter au moins 25 000 km de haie par an contre 3000 à 4000 actuellement. Côté dégradation, l’Afac rappelle que l’un des principaux leviers à court terme consisterait à appliquer plus strictement la conditionnalité prévue par la nouvelle BCAE 8 (ex-BCAE7) sur le maintien des éléments de paysage. « Il y a tellement de dérogations qu’on se demande s’il existe une réelle protection », déplore Baptiste Sanson. Avec son appel, l’association espère attirer l’attention des décideurs pour défendre un portage interministériel de la haie.

 

Affichage environnemental : le futur du Planet score se précise malgré des tensions

Le Planet-score, système d’affichage environnemental porté par l’Itab, devrait bientôt quitter le giron de l’institut « sous la forme d’un double dispositif avec une structure non-lucrative et une entreprise à mission », confirme la présidente de l’Itab Sabine Bonnot. Alors qu’un vote en conseil d’administration devrait valider un dispositif précis mi-février, un représentant de l’Ademe a déploré sur LinkedIn « une méthode toujours pas publiée ni partagée avec les pouvoirs publics ». Face à ces tensions, Sabine Bonnot rappelle que la méthode de calcul a bien été partagée lors de réunions de travail avec le ministère de la Transition écologique (MTE), et présentée lors d’un webinaire en fin d’année. Mais avec « les coûts d’acquisition des données, les travaux d’évaluation des algorithmes qui ont nécessité du temps humain et des développements technologiques, aucun outil professionnel de ce type ne peut être entièrement open source », défend la présidente. Lors d’un rendez-vous le 30 janvier, le cabinet du ministre de la transition (MTE) se serait par ailleurs montré « très à l’écoute », se réjouit Sabine Bonnot. L’entourage de Christophe Béchu partagerait notamment le besoin de définir une trajectoire pour « les systèmes agricoles et d’élevage à horizon 2050 » afin de préciser les contours de l’affichage.

 

« Bassines » des Deux-Sèvres : le BRGM répond aux critiques sur ses simulations

Dans un communiqué de presse du 13 février, le Bureau de recherches géologiques (BRGM) a répondu aux critiques récemment formulées par le collectif Bassines non merci à l’égard de son expertise sur le projet de réserves de substitution dans les Deux-Sèvres. Pour rappel, celle-ci a été commandée en 2021 par la Coop 79, le maître d’ouvrage de ces projets de réserves. Le BRGM précise avoir répondu à « une commande précise, donnant lieu à un rapport technique permettant de répondre aux questions posées avec les limites associées ». Concernant le modèle hydrodynamique, le BRGM précise qu’il « permet de répondre aux questions posées par la Coop 79 » mais reconnaît qu’il ne prend pas en compte « les conditions météorologiques récentes et encore moins futures » puisqu’il est « calé sur la période 2000-2011 ». Il estime néanmoins qu’il est « important » de « prendre en compte les évolutions climatiques ». Selon le BRGM, « la récurrence de périodes de sécheresse hivernale pourrait conduire de manière répétée à des niveaux de nappe inférieurs aux seuils réglementaires, compromettant le remplissage des réserves certaines années ». Il ajoute qu’une « actualisation couvrant la période 2000-2020 est désormais en cours et devrait aboutir fin 2024 ». « En fonction des besoins exprimés, elle pourrait permettre d’envisager de nouvelles simulations incluant des scénarios sur les effets du changement climatique tel que prédit », avance-t-il.

 

Pesticides/carottes : peines durcies dans l’affaire du dichloropropène, la Conf' alerte

La cour d’appel de Caen a durci les peines des producteurs de carotte et de leurs importateurs qui avaient fait entrer en France 130 tonnes d’un nématicide interdit, le dichloropropène, indique la Confédération paysanne dans un communiqué du 12 février. La cour a notamment ajouté une peine de six mois de prison avec sursis pour l’importateur, tout en augmentant l’amende prononcée en première instance à 50 000 €. Partie civile dans le procès, la Conf’ estime que l’affaire « porte atteinte à l’image des carottes produites en France, en jetant un doute dans l’esprit des consommateurs et consommatrices sur les conditions de production de l’ensemble des carottes, voire des légumes ». Plus largement, le syndicat considère que l’affaire rappelle l’urgence de « permettre aux paysans et paysannes de s’affranchir des pesticides ». Alors que FNSEA et CGB ont manifesté le 8 février contre l’interdiction des néonicotinoïdes, la Confédération paysanne estime que le dossier « doit servir de leçons pour celles et ceux qui continuent d’emmener les paysans et paysannes dans le mur, en leur faisant croire qu’il est toujours possible de repousser sans fin la sortie de pesticides de synthèse interdits ».

 

Négociations commerciales : Carrefour et Bel intègrent le climat dans leur accord

Carrefour et Bel annoncent, dans un communiqué du 13 février, la signature d’un « accord commercial innovant au service de la transition alimentaire et climatique » dans le cadre des négociations commerciales annuelles entre distributeurs et fournisseurs. Cet accord a été conclu au 1er février, un mois avant la fin officielle des négociations. « (Il) comporte non seulement des objectifs économiques mais aussi des objectifs environnementaux, ce qui est une vraie nouveauté », assure la directrice exécutive de l’engagement du groupe Carrefour, Carine Kraus. Sous peine de déréférencement, le distributeur demande à ses cent principaux fournisseurs de se doter d’une trajectoire 1,5°C d’ici 2026 et le groupe Bel s’est justement engagé dans cette voie en mars. L’accord prévoit notamment « le développement de l’offre végétale et de formats adaptés aux enjeux d’accessibilité ». Sur le plan économique, les partenaires mettent en avant le respect des lois Egalim : revalorisation du prix du lait à hauteur de l’accord conclu entre Bel et les producteurs de l’APBO (association des producteurs de lait Bel Ouest) et insertion d’une clause de révision « prenant en compte l’évolution du prix du lait ». Les objectifs seront suivis « à travers des indicateurs commerciaux » et « l’évolution de l’empreinte carbone des produits Bel chez Carrefour ».

 

Lait de chèvre : les producteurs alertent sur la « dégradation » de leurs marges

Les marges des producteurs de lait de chèvre connaissent « une dégradation importante » malgré une hausse « significative » du prix du lait en 2022, signale la Fnec (FNSEA) dans un communiqué du 13 février. Le syndicat appelle de ses vœux une nouvelle revalorisation du prix du lait « de nouveau indispensable pour permettre aux éleveurs en place de se maintenir ». La marge a baissé de 20,3 % au troisième trimestre 2022 par rapport au troisième trimestre 2021, indique le communiqué en s’appuyant sur l’indicateur Milc, publié par l’Institut de l’élevage. Sur cette période, la hausse du prix du lait payé aux producteurs (+11 %/2021) n’a pas compensé la flambée des charges (+22 %, indice Ipampa). La marge « se rapproche des niveaux dangereusement bas connus lors de la grave crise qu’a connue la filière caprine entre 2010 et 2013, ce que personne ne souhaite pour la filière », alerte la Fnec. Les producteurs appellent les acteurs de l’aval à la « responsabilité, comme ils l’ont fait jusqu’à présent ». Ils sont principalement affectés par la hausse des prix de l’aliment acheté (+29 %/2021) qui représente 60 % des coûts de production pris en compte dans le calcul de l’Ipampa.

 

Événementiel : les Controverses de l’agriculture et de l’alimentation le 16 février à Paris

Le groupe Réussir-Agra organise une nouvelle édition des Controverses de l’Agriculture et de l’Alimentation, intitulée cette année « La guerre de l’eau a-t-elle démarré ? » Elle se tiendra le 16 février 2023 de 9h à 13h au siège de Chambres d’Agriculture France, 9 avenue George V. Gratuit pour les abonnés Agra et/ou Réussir - https://www.reussir.fr/events/controverses/