SINISTRE
L’heure du bilan en Auvergne-Rhône-Alpes après le gel

La première semaine du mois d’avril, le thermomètre est descendu très bas en région Auvergne-Rhône-Alpes, faisant redouter des pertes similaires à avril 2021. Si certains secteurs ont souffert, les professionnels poussent globalement un ouf de soulagement.

L’heure du bilan en Auvergne-Rhône-Alpes après le gel
De l’Ain à la Drôme en passant par les Savoie, l’Isère et l’Ardèche, les producteurs ont tout tenté pour protéger leurs cultures. ©AD26

À  l’approche d’un nouvel épisode de gel printanier rappelant fortement celui de l’an dernier, les producteurs ont longtemps retenu leur souffle. Cette année, beaucoup d’entre eux ont finalement dû leur salut à l’absence de vent qui avait amplifié les dégâts en avril 2021. Commençons ce tour régional dans l’Ain, où la neige a recouvert les vignobles du Bugey Cerdon AOC avec une température de - 4 °C au mercure. Marcel Périnet, viticulteur au domaine de la Dentelle à Gravelles, estime « avoir eu de la chance que la végétation soit en retard cette année ». Et d’ajouter :  « Les cépages précoces comme le poulsard semblent plus impactés, mais le gamay est sauvé. La neige a pu protéger les bourgeons et ce n’était pas une neige mouillée. La bise a aussi beaucoup soufflé ». Craignant de revivre l’épisode de gel dramatique de l’an dernier, le viticulteur avait fait le choix de tailler sa vigne en février et de ne pas attacher les baguettes. « J’essaie de trouver des solutions mais cela pose un autre problème, celui du temps qu’il faut y consacrer et du besoin de recruter du personnel », confie-t-il.

Des pertes hétérogènes en Isère, plus limitées pour les Savoie

Plus au Sud en Isère, les dégâts liés au gel sont apparus assez divers suivant les secteurs et les espèces. « Les fruits à pépins sont globalement passés à travers », estime Marie Mallet, technicienne à la chambre d’agriculture. « Les poires dans la zone de Villette-de-Vienne ont beaucoup souffert, un producteur local ayant subi 40 à 70 % de pertes. En revanche, les pommes n’ont pas connu de réels dégâts ». En fruits à noyau, la mise en place de protections a semble-t-il fonctionné. Mais en l’absence de mesures préventives, certains ont tout perdu. « Sur mes 10 ha d’abricots, 7 ha sont touchés entre 90 et 100 % », témoigne Pascal Sauvageon, exploitant à Chanas qui, malgré une lutte par aspersion, n’a pu empêcher les dégâts, la faute à un manque de bougies lié à l’épisode exceptionnel de l’an dernier. Du côté des Savoie, le souvenir douloureux des nuits d’avril 2021 était dans tous les esprits au moment d’affronter ce nouvel épisode de gel. Par chance, la météo a été cette année plus clémente. Si la neige est bien tombée, le mercure n’est pas descendu en dessous des - 3 °C dans les vergers de Copponex. « Une belle couverture nuageuse venue du lac Léman nous a protégés de ce froid advectif. Nous sommes restés à la limite du stade critique qui se situe en ce moment entre - 2 et - 3 °C selon les variétés de pommes ou de poires. Nous n’avons même pas eu besoin de mettre en route nos dispositifs, j’estime que nous avons eu beaucoup de chance », raconte l’arboriculteur Mathieu Tissot.

Des dégâts importants sur plusieurs secteurs en Drôme-Ardèche

La Drôme, département arboricole de premier plan, a de son côté essuyé des dégâts. Ici, ce sont les Baronnies qui ont le plus souffert, avec trois nuits de gel particulièrement dévastatrices. « Tout a commencé par une gelée noire dans la nuit de samedi à dimanche qui a carbonisé les abricots au-dessus de 600 m. La température est descendue à - 3 °C et même avec les bougies, les producteurs n’ont rien pu faire car il y avait trop de vent », décrit Franck Bec, président du syndicat de valorisation de l’abricot des Baronnies. Les deux nuits suivantes n’aidant pas, les pertes sur l’aire de production de la future IGP « abricot des Baronnies » s’élèvent à près de 80 %. Avec un mercure affichant par endroits jusqu’à - 3 °C, le Nord du département a également été touché, comme il l’a régulièrement été depuis le début du mois de mars. Plus à l’Est, l’Ardèche n’a pas non plus été épargnée par ce nouvel épisode de gel printanier, avec des températures négatives les nuits du 1er au 5 avril. Les dégâts les plus sévères sont à retrouver sur les vergers d’abricots et de cerises des cantons de Lamastre et d’Annonay, où des températures atteignant les - 3,5 °C ont été enregistrées. Le constat est similaire dans la vallée de l’Eyrieux et des pertes de récolte sont également à craindre dans le Sud Ardèche, où les températures sont descendues à - 2,5 °C dans le canton de Bourg-Saint-Andéol, touchant surtout les abricots, les cerises et les amandes.

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