AFDI de Bourgogne Franche-Comté
Une mobilisation bénévole retrouvée

Alexandre Coronel
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Réunis à Vesoul agrocampus, les membres de l’association "Agriculteurs français et développement international" de Bourgogne Franche-Comté (AFDI) ont dressé le bilan d’un exercice qui renoue avec la mobilisation bénévole.

Une mobilisation bénévole retrouvée
Rencontre de fin de mission de la section jurassienne dans le Nord de Madagascar, avec ses partenaires locaux pour construire l'avenir du partenariat avec Afdi BFC et entendre leurs attentes.

L’AG de l’Afdi BFC a été l’occasion de présenter aux adhérents réunis le 9 mai dernier à Vesoul le rapport financier de l’association, lequel affiche un résultat positif de 2 329 €, ainsi que le budget prévisionnel pour 2023. La valorisation financière de l’engagement bénévole est de 94 625 €, soit une hausse spectaculaire de +103 % par rapport à 2021. Au niveau de la grande région, l’ONG compte 121 bénévoles actifs, soit l’équivalent de 533 personnes/jour. L’engagement bénévole a permis de booster les actions d’information et de sensibilisation, en 2022 (+51 %) ainsi que celles de soutien aux organisations de producteurs du Sud (+55 %).

Pour 2023, il reste 16 500 € à trouver. « Cela passe par la mobilisation sur le territoire pour développer les activités génératrices de revenus, telles que la tenue de stands dans les évènements grand public pour la vente des produits », a exposé le trésorier Marcel Cottin. Il a aussi évoqué des actions à venir, telles qu’une cuvée solidaire avec le lycée de Cosne sur Loire, des partenariats en cours de développement avec certaines filières agricoles prospères (Comté, viticulture, etc.). « Cette mobilisation passe aussi par l’implication de nouveaux bénévoles dans les départements », a-t-il également insisté, enjoignant les participants à mieux faire connaître l’Afdi auprès des Jeunes agriculteurs, par exemple.

Engagement auprès des organisations de producteurs

Les responsables des antennes départementales se sont ensuite relayés au micro pour présenter quelques diapositives synthétisant les différentes actions conduites au Sud, principalement à Madagascar, au Cameroun et au Sénégal. Sophie Fonquernie a ainsi dressé le bilan de Projacam pour la Conaprocam (producteurs de cacao au Cameroun). « La Conacopram fédère 14 coopératives, qui représentent 1.500 membres : nous les appuyons pour structurer la gouvernance (statuts, règlement intérieur, fonctionnement…) ainsi que dans le domaine de l’installation des jeunes. Projacam justement est un projet de formations et d’accompagnement des jeunes à l’installation, construit en partenariat avec la CA21 ». 358 jeunes ont bénéficié de ce programme sur les filières cacao, aviculture et maïs, programme qui a impliqué la CA 21 dans la conception des modules de formation.

À Madagascar, dans la région de Haute-Matsiatra, le Cram Fianarantsoa compte 230 riziculteurs au sein de 19 organisations membres. La certification de certains producteurs de semences de riz interroge sur le devenir et les besoins des autres membres… « Le statut coopératif ne répond plus aux besoins réels du Cram mais permet d’obtenir des financements… En 2022 la décision a été prise de travailler sur un cahier des charges et la prise en charge des agriculteurs non-semenciers de riz. On s’oriente vers deux règlements intérieurs selon le statut du producteur », témoigne Thierry Desveaux, responsable de l’antenne de l’Yonne.

Adaptation aux réalités locales

Dans la filière laitière de cette même zone, c’est Bernard Cassard, de Haute-Saône, qui relate les obstacles rencontrés par Rofana (fédération de coopératives laitières) : la collecte de lait progresse, avec une nouvelle coopérative membre (+5,5 %) et un nouveau technicien d’élevage. « Les chantiers prioritaires sont ceux du management, de la gestion des flux et de la qualité du lait », témoigne l’ancien conseiller de chambre d’agriculture, confronté aux réalités locales. « Il faut trouver des moyens adaptés au contexte pour contrôler la qualité du lait : le densimètre, la mesure du degré dornick à l’alcool, le bol à fond noir pour la qualité sanitaire… Quant à la pasteurisation, c’est un vrai problème, car le principal combustible utilisé, c’est le charbon, synonyme de déforestation ».

Thomas Parents, du Doubs – ainsi que la Saône-et-Loire -, a pour sa part relaté la démarche de recherche de nouveaux partenariats pour son antenne. « Nous avons pris en compte le contexte politique, la francophonie, mais aussi la distance : le bilan carbone de nos déplacements pour nos missions d’appui est une donnée qu’on ne peut plus laisser de côté ». C’est donc au Togo qu’une mission de reconnaissance et de rencontre de partenaires potentiels se déroulera cet automne.

Questions de genre

Sophie Fonquernie, présidente nationale de l’AFDI a abordé les stratégies transversales et travaux conduits au niveau national. Outre l’agroécologie et la durabilité (voir ci-dessous), la question du genre est aussi mise sur la table. « Au Sud les inégalités hommes femmes sont importantes : si les femmes sont en première ligne dans la production agricole, elles ont des difficultés d’accès au foncier, aux crédits, aux intrants… nous devons être vigilants dans nos partenariats à ne pas renforcer ces inégalités mais à les réduire. Pour que les femmes interviennent dans les organisations paysannes, avec des objectifs. C’est aussi une demande forte des financeurs ».