Métier

De l’importance des repères et de la fierté

La dramatique vague de suicides qui a concerné la Saône-et-Loire il y a quelques années, et les drames qui se nouent encore malheureusement trop souvent, ont durablement marqué les esprits, jusqu’au-delà du monde agricole.

Ainsi, lorsque Yves Le Guay a été contacté pour rédiger un ouvrage dans la série "Dix clés pour" dans le but de permettre à tout ce secteur de réfléchir à ses valeurs et de retrouver le chemin du bonheur, il n’a pas hésité : « il est important de montrer la direction, de redonner le sens de ce métier, et surtout de la fierté à ses acteurs ».

Yves Le Guay est formateur, "coach" (entraineur en anglais, NDLR), consultant auprès notamment d’agriculteurs, c’est donc un secteur, un métier, un marché qu’il connaît. Et dont il a conscience, malgré tout, de la très grande diversité. « Il est compliqué de parler de l’agriculteur en général tant il y a des profils différents, à commencer par les agriculteurs et les viticulteurs de Saône-et-Loire ! ». Malgré tout, Yves le Guay a fait en sorte d’avoir un propos qui parle à chacun, quelle que soit sa production, quelle que soit sa région, quel que soit son statut.

À chacun son chemin

Dans cette profession malmenée depuis plusieurs années, alors qu’ils ont « tout lieu d’être fiers », cette « fierté s’émousse au fil des générations ».
Ainsi, « ce métier magnifique et historique qui nourrit la population et entretient le paysage nécessite d’évoluer ». Et l’ouvrage espère aider chaque agriculteur, viticulteur dans le doute, voire, la souffrance, à trouver les clés pour se repositionner dans son métier et dans sa vie, se rassurer, se remotiver.

Sans pouvoir ni vouloir proposer une hiérarchie dans les dix points qu’il met en avant, Yves le Guay les a malgré tout répertoriés dans une logique qui peut tout à fait être bousculée. « L’une des clés est de savoir ce que je veux vraiment, mais aussi il y a celle de faire preuve d’ouverture et de réflexion, de combattre les préjugés ». Bannir toute passivité, s’affirmer et se former, savoir gérer son temps, vivre en interaction, prendre soin de soi, font partie des autres thèmes qu’il promeut auprès des producteurs. Si l’on peut penser que l’on sait déjà tout ça, l’entendre, le réentendre, en discuter, ne peut que rassurer et permettre de prendre du recul sur sa propre situation.

La quête de la sérénité

Mais cependant, en parallèle, « la société d’enfants gâtés que nous sommes doit aussi évoluer », et « modifier sa consommation » en bannissant notamment par exemple « les fruits et légumes hors saison ». Car tout n’est pas que dans le camp des agriculteurs…

L’auteur, aujourd’hui retraité mais fils d’un agriculteur belge et d’une Mâconnaise, connait le monde agricole pour l’avoir beaucoup côtoyé (dans de nombreuses régions françaises) et de ce fait vu évolué (ou pas assez, pour certains…). Il a toujours continué à s’y intéresser : « ce que je constate c’est que parmi ceux qui réussissent, ce sont souvent ceux qui font différemment des autres ».
Pour lui, ceux qui s’installent « doivent avoir réfléchi, choisi, véritablement pensé au mode de vie qu’ils vont adopter pour avoir une vie épanouie ».

« Il convient surtout d’être heureux dans ce que l’on fait », insiste l’auteur. « Facile à dire ! », pourront rétorquer certains, pas toujours à atteindre, mais primordial à viser.