Interbev BFC
Relance des actions dans un contexte morose

L’interprofession viande met les bouchées doubles pour relancer des actions de défense et de promotion de la viande et de ses métiers (éleveurs, transformateurs, distributeurs), au sortir de la crise sanitaire. C’est plus que jamais nécessaire alors que la configuration de la nouvelle Pac sème le doute dans les rangs des éleveurs. 

Relance des actions dans un contexte morose
Christophe Larue est l’ambassadeur du Label rouge sur Grand-Est et Bourgogne Franche-Comté.

Fin juin, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, se réjouissait de l’accord conclu sur la future Pac et, notamment, sur la possibilité d’utiliser les aides couplées pour le développement des protéines végétales. Une dimension qui passe moins bien dans les rangs des éleveurs bovins. Leur inquiétude, sur la volonté qu’ils considèrent comme implicite de privilégier les protéines végétales aux dépens des protéines animales, était palpable lors de l’assemblée générale d’Interbev, leur interprofession, présidée par Yves Largy et organisée le 24 juin à Pouilly-en-Auxois (Côte-d’Or). 

Contradiction entre économie et environnement

Jean-Pierre Fleury ne s’en est pas caché dans le point sur les négociations Pac qu’il a présenté à cette occasion. « Je suis réaliste sur l’avenir du secteur viande bovin, précisait-il, il est dans le collimateur de beaucoup de détracteurs et on sent aussi un désintérêt de la part du gouvernement français. On a l’impression que personne ne comprend comment fonctionne le secteur. L’élevage va servir à financer le plan protéines végétales et c’est une décision française, ça ne vient pas de l’Europe ! On nous dit que nous serons gagnant sur la convergence mais ce sera très progressif et le couplage proteines végétales va prendre le dessus. On est face au risque d’une sorte de "mort lente". À la Fédération nationale bovine (FNB) nous avons expliqué qu’en dessous d’une aide de 120 euros par UGB, nous ne savions pas faire... En fait, on en arrive à une contradiction entre la volonté économique et la volonté environnementale ».
Pas vraiment de quoi remonter le moral de la profession donc, qui constate un vieillissement global des chefs d’exploitation en Bourgogne Franche-Comté, comme le démontrait une enquête présentée dans le cadre de l’assemblée générale par Christophe Perrot, du département Économie de l’Institut de l’élevage (Idele). Un vieillissement lié, en partie au maintien en activité d’éleveurs âgés ou très âgés. On assiste aussi à une entrée dans la carrière d’éleveurs de plus de 40 ans. Il faut donc s’attendre, dans les années qui viennent, à un nombre de départs élevés, alors que le niveau des installations reste stable. 

La rémunération au centre de tout

Une évolution qui aura un impact sur le cheptel avec une diminution envisagée de 584.000 vaches au plan national, d’ici à 2030, dont 200.000 sur la zone herbagère Nord Massif-Central. Face à ces données prospectives, Romaric Gobillot, éleveur nivernais, remarquait que dans son département en 2020, on n’avait compté que deux installations en bovins : « Tant qu’on n’améliorera pas la rémunération, déplorait-il, on ne pourra pas faire changer cette tendance... ».
Parmi des éleveurs représentés au sein d’Interbev, le sentiment qui prévaut par rapport à ce contexte général est celui d’une décapitalisation voulue : « Abandonner l’élevage, soulignait Emilie Jeannin, éleveuse en Côte-d’Or, soulève une vraie question par rapport à la notion de souveraineté alimentaire ». Dans cette ambiance morose, Interbev poursuit néanmoins ses actions de promotion des viandes : près d’une vingtaine menées en 2020, dans le contexte sanitaire que l’on connait. En octobre ou novembre prochain devrait également se tenir une mission à l’étranger, un type d’opération interrompu l’an dernier, mais qui est pourtant essentiel pour ouvrir des perspectives en termes de marchés et de pratiques. Une action de communication se tiendra également à l’occasion du marathon de Dijon en octobre. Auparavant, en septembre, est programmée une action de sensibilisation à destination des cuisiniers de restauration collective : elle portera sur les différentes manières de cuisiner les viandes et sur les approvisionnements possibles. Enfin, cette assemblée générale aura aussi permis de faire la connaissance de Christophe Larue, qui assume depuis avril la fonction d’ambassadeur du Label rouge pour les régions Grand-Est et Bourgogne Franche-Comté. Sa mission consiste notamment à détecter les problèmes qui peuvent se poser sur les quantités de viande ou sur les difficultés pour les bouchers, de parvenir à faire évoluer les habitudes de leurs clientèles. « Je développe également le relationnel avec les fournisseurs, précisait-il, et je visite les points de vente »

Berty Robert

L'au-revoir à Isabelle Sanrey
Isabelle Sanrey était aux manettes d’Interbev Bourgogne, puis Bourgogne Franche-Comté, depuis 2010. 

L'au-revoir à Isabelle Sanrey

Cette assemblée générale fut également l’occasion de marquer le départ en retraite d’Isabelle Sanrey. Celui-ci est intervenu officiellement en plein dans la crise sanitaire et il était important pour Interbev BFC de saluer le travail de cette « cheville ouvrière », de manière plus formelle. « Isabelle a su faire d’Interbev un outil efficace pour la filière », précisait Yves Largy. Elle avait succédé à Charles Maignen en 2010 mais avait intégré l’interprofession dès 1985. Jean-Pierre Fleury a rappelé qu’elle « avait su placer Interbev auprès des politiques ». Organisatrice hors pair, Isabelle Sanrey a aussi dû gérer la fusion des Interbev de Bourgogne et de Franche-Comté. Elle se consacre désormais à ce qu’elle considère comme « le plus beau métier du monde » : celui de retraitée.