EXCLU WEB / Transition écologique : 100 000 exploitations diagnostiquées en 2030

Christophe Soulard
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Les Chambres d’Agriculture France (ex-APCA) ont effectué leur « rentrée agricole » à l’occasion d’une conférence de presse le 6 septembre à Paris. L’occasion pour leurs dirigeants de pousser les exploitants à la transition agroécologique.

EXCLU WEB / Transition écologique : 100 000 exploitations diagnostiquées en 2030

A l’aune des incidents climatiques des dernières années (gel, inondations, sécheresse…), les Chambres d’Agriculture France entendent « sensibiliser les agriculteurs » sur la nécessité de s’inscrire dans une vision à long terme de la transition agroécologique, c’est-à-dire « à l’horizon 2030-2050 », a déclaré Sébastien Windsor, président des Chambres. A ce titre, le siège national déclinera d’ici la fin de l’année une campagne de communication « avec les acteurs économiques, les filières », a-t-il précisé. L’établissement consulaire ambitionne aussi de réaliser 2 000 diagnostics d’exploitation au cours de l’année 2023 et de monter en puissance à partir de 2024 (10 000 diagnostics par an) avec, en ligne de mire, « 100 000 exploitations évaluées en 2030 ».

Large panel de solutions

C’est du sur-mesure que les Chambres souhaitent mettre en place : adapter chaque exploitation au changement climatique et parvenir à optimiser sa rentabilité économique, par exemple en changeant de variété, en semant des cultures post-récolte, en « semant moins de maïs et plus de méteil, etc. », a expliqué le président des Chambres. « Bref, en mettant en œuvre un large panel de solutions », a-t-il résumé. Ce projet qui s’articule avec le Varenne de l’eau qui s’est achevé au début de l’année 2022 n’entend pas tout bouleverser sur les exploitations. Autant sur les cultures annuelles les changements peuvent être plus faciles, notamment en cherchant des variétés existantes généralement cultivées plus au Sud, autant permuter des cultures pérennes comme les vignes ou les arbres fruitiers « demandera plus de temps », a souligné Luc Servant, vice-président des Chambres. « Chaque diagnostic représente un coût d’environ 500 à 1 000 euros. Quant au coût du plan de marche de l’exploitation, il sera naturellement variable », a précisé Sébastien Windsor.

Captage de C02

La gestion de l’eau fait naturellement partie de l’équation pour réussir cette transition, a dit en substance son alter ego André Bernard. « Pour diminuer l’exposition au risque de coupures d’eau à l’image des producteurs de foin de Crau, il importe de stocker de l’eau et de la prioriser pour la sécurité alimentaire », a-t-il dit regrettant que la France ne stocke que 4 % de l’eau qui tombe. En Sardaigne, les agriculteurs ont pu, grâce aux retenues créées, « faire face à deux années de sécheresse », a-t-il ajouté. Sur le volet atténuation du changement climatique, le vice-président des Chambres, Olivier Dauger, a rappelé que 1 800 Bons diagnostics carbone (BDC) avaient déjà été réalisés et que les sols sont en mesure de capter une grande quantité de CO2. De même « l’agriculteur peut être un producteur d’énergies renouvelables », avec la méthanisation notamment et l’agrivoltaïsme « sans empiéter sur l’alimentation ». Mais avant toute chose, « il faudra aider les agriculteurs à être là dans sept ans », a fort judicieusement rappelé le président des Chambres qui milite pour que les filières s’impliquent aussi dans cette démarche. Sous-entendu que les efforts des agriculteurs soient valorisés d’un bout à l’autre de la chaîne.