FDSEA de Saône-et-Loire
Du loup au GNR, ne rien lâcher

Cédric Michelin
-

Alors qu’une bonne partie de la campagne est faite sur 2023, Christian Bajard, président de la FDSEA de Saône-et-Loire revient sur les combats syndicaux restant à mener en cette fin 2023. Fin de la défiscalisation du GNR, sécheresse, plan loup, EGAlim et hausses des coûts de production… les sujets ne manquent pas.

Du loup au GNR, ne rien lâcher

En ce début septembre, comment se portent les principales filières de Saône-et-Loire ?

Christian Bajard : Aujourd’hui, en visite avec le Préfet, nous avons vu que c’était une année plus favorable aux rendements viticoles, malgré le coup de chaud et des épisodes de grêle localisés malheureusement. En grandes cultures, les récoltes d’été ont été plutôt bonnes aussi mais avec des rendements parfois hétérogènes. Côté élevage, la canicule et la sécheresse ont fait du mal aux prairies et maïs. Néanmoins, avec du stock fourrager, les éleveurs sont plus sereins pour l’hiver.

Côté cours et marchés, les prix des céréales ne sont plus au niveau de 2022 et avec des charges élevées, on voit l’effet ciseau venir compliquer l’économie du monde végétal. Côté élevage, les cours sont meilleurs et le moral va mieux. En élevage aussi, les charges interrogent.

 

Dans ce contexte, le Gouvernement a pourtant décidé d’arrêter progressivement la défiscalisation du GNR. Est-ce que cette décision vous fait réagir ?

C.B. : Forcément que cela nous fait réagir. Tant que nous n’aurons pas une compensation, cette décision ne passera pas bien. D’autant plus que nous n’avons pas d’alternative crédible au GNR, ni l’hydrogène, ni l’électricité… pour nos tracteurs. On ne laissera pas 1,4 milliard d’€ sans obtenir des garanties d’avoir d’autres dispositifs permettant de compenser cette compétitivité mise à mal. Et nous restons ouverts pour réfléchir à un monde sans énergie fossile à plus longue échéance.

 

La loi EGAlim est censée vous permettre de répercuter la hausse de vos coûts de production dans vos prix. Est-ce que la loi est appliquée comme elle devrait l’être ?

C.B. : Nous continuons ce travail de filière et l’on voit bien que la grande distribution est très critique vis-à-vis de la loi EGAlim. C’est bien la preuve qu’elle est contraignante pour elle et les industriels et qu’il faut maintenir cette loi qui sert nos filières dans les négociations. Les GMS veulent faire croire qu’elles défendent le pouvoir d’achat des Français alors qu’elles cherchent plutôt à protéger leurs marges. Nous expliquons au Gouvernement que les prix à la production ne couvrent pas encore nos coûts de production. Ce n’est pas aux producteurs de payer la facture de l’inflation.

 

Cet été a de nouveau été marqué par de nombreuses attaques de prédateurs. Que fait la FDSEA de Saône-et-Loire sur le Loup ?

C.B. : Tout l’été, la profession – FDSEA, JA et chambre en tête – s’est mobilisée pour redire aux élus et Ministres que le loup n’est pas compatible avec l’élevage, ovin comme bovin. Les attaques se multiplient et l’OFB s’est déplacé sur de nombreuses attaques « loup non exclu » et un loup a été photographié. Des tirs de défense ont été obtenus, mais cela n’empêche pas les dégâts dans les troupeaux.

Les propositions pour le prochain plan Loup 2024-2029 ne nous satisfont pas, car il faut surtout protéger davantage les élevages. C’est l’élevage ovin qu’on risque sinon de voir disparaître. Nous maintenons la pression sur les parlementaires et le Gouvernement, mais l’arbitrage va revenir à la Première Ministre, après le 18 septembre.

 

N’avez-vous pas l’impression qu’en matière d’élevage, la France ne sait plus qu’elle est sa politique ?

C.B. : Comme en végétal, il faut soutenir l’élevage et avoir une ambition de souveraineté alimentaire. Notre ambition est de maintenir et améliorer nos résultats, tout en nous adaptant aux attentes sociétales. C’est le défi que nous avons en tête tout le temps. Nous sollicitons par ailleurs le soutien des élus à signer notre manifeste pour l’élevage promouvant une vraie politique d’accompagnement et d’élevage et nous proposerons par ailleurs une journée dédiée à l’avenir de l’élevage, en novembre, à l’initiative de la chambre régionale et des partenaires de la filière.