Grandes cultures
Le sorgho n’a pas dit son dernier mot

Françoise Thomas
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L’évolution climatique tend à bouleverser les pratiques culturales et les variétés semées chaque année. La chambre d’agriculture de Saône-et-Loire mène évidemment différents essais pour accompagner au mieux les agriculteurs face notamment aux étés caniculaires. Les réponses apparaissent intéressantes et multiples mais forcément soumises, malgré tout, à la météo de l’année.

Le sorgho n’a pas dit son dernier mot
Le sorgho fourrager pourrait représenter une alternative intéressante face au maïs lors d’étés à faible pluviométrie.

Dans le contexte de sécheresse et de changement climatique, de multiples essais sont conduits par les techniciens de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire du pôle grandes cultures. En premier lieu duquel, un essai sur le sorgho fourrager qui pourtant « n’a pas une excellente réputation en termes de valeurs alimentaires », présente Antoine Villard. Or, cette culture pourrait malgré tout se révéler bien plus intéressante qu’estimée du point de vue nutritionnel et représenter une alternative salvatrice selon les conditions estivales.

Neuf variétés de sorgho sont testées désormais depuis trois ans sur les sites expérimentaux de Fontaines et de Jalogny. Les récoltes de cette troisième année viennent juste d’avoir lieu et l’on ne connaît donc pas encore les différents taux permettant de mesurer la qualité de cette culture, mais cet été « est typiquement l’année intermédiaire que l’on attendait » pour parfaire les données sur le sorgho fourrager.
Il y a deux ans, année très sèche « où rien ne pousse », le sorgho n’avait pas fait mieux que le maïs.
L’an passé, « année de haut potentiel maïs », le sorgho, bien qu’en dessous des valeurs du maïs, « ne s’en est finalement pas si mal sorti », même pour les variétés les moins qualitatives.

Enfin, cet été 2022 a permis de tester une campagne avec une sécheresse au cœur de l’été et des averses en fin de cycle. « Les pluies de fin août début septembre ont permis au sorgho de refaire de la tige », a constaté Antoine Villard, quand le maïs a beaucoup moins su tirer profit de cette eau tardive. Les techniciens chambre s’attendent donc à de meilleurs résultats du sorgho face aux performances du maïs. Réponses d’ici quelques semaines.

Plusieurs autres pistes

D’autres itinéraires sont à l’essai en parallèle. Même si certains ne débouchent sur rien car impossible à mettre en place : « Nous voulions tester des intercultures d’été, mais cette année à nouveau, nous n’avons rien semé du fait de sol trop sec. Une situation finalement très fréquente ! ». L’idée aurait été là d’essayer différentes variétés de moha, trèfle, sorgho, millet, etc. « à visée d’enrubannage ».

Ces intercultures devraient représenter une alternative par rapport aux conduites habituelles et dans le même esprit, un autre questionnement concerne cette fois le triticale, « la céréale dominante en zone allaitante ». Dans le contexte d’évolution climatique, le pôle grandes cultures veut savoir si finalement « l’orge d’hiver ne pourrait pas être plus adaptée ». Semée plus précocement que le triticale, cela pourrait lui permettre « d’éviter les coups de chaleur » du début de l’été… Les essais se poursuivent à Jalogny et permettent de comparer les résultats de l’orge avec ceux du sorgho, du blé et du triticale.

Enfin, dernier sujet d’étude autour du maïs grain. Avec un été sec comme celui de 2022 et un contexte de tension sur le coût et l’approvisionnement des énergies, les spécialistes grandes cultures vont analyser s’il n’y aurait pas intérêt à opter pour des variétés précoces pour ne pas avoir à sécher le maïs. Une mise en parallèle coût / rentabilité à étudier à la loupe puisque, a contrario, cette année encore Antoine Villard a constaté que les meilleurs rendements ont été obtenus avec les variétés tardives…