Élevage des Guernes
Les percherons, force tranquille et sportive

Françoise Thomas
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Rencontre sur le bord de la carrière avec Marie-Laure Aulas, finissant de travailler Hulina des Guernes à la veille du départ pour le championnat de France percheron qui se déroulait du 23 au 25 septembre derniers au Haras national du Pin en Normandie. L’élevage des Guernes, situé à Ozolles, se développe pas à pas depuis 2011 et va encore changer de rythme en 2023…

Les percherons, force tranquille et sportive
L’élevage des Guernes vend ses poulains percherons, dressés ou seulement sevrés, accueille des chevaux en pension, travaille des percherons à la monte ou à l’attelage. Ici, les derniers entrainements avec Hulina, avant le Championnat de France percheron.

Hulina est une belle jument percheronne de cinq ans qui participe régulièrement à différents concours nationaux. Cet après-midi-là, elle est travaillée montée, avec sa cavalière en selle, en vue du championnat de France percheron qui se déroule le week-end suivant. « Le samedi, il y a les épreuves modèles et allures puis le dimanche les épreuves physiques », détaille Marie-Laure Aulas. Un minimum de 61 points permet d’être qualifié pour le Salon de l’Agriculture de Paris.
« Nous participons au championnat de France percheron depuis 2017, et notre autre jument Fureur des Guernes a remporté un trophée au Salon de l’agriculture en 2019 », relate la jeune femme.
Parmi les épreuves physiques auxquelles Hulina va participer, il y a le parcours de saut d’obstacles à réaliser le plus rapidement possible, et où il faut savoir tourner court et passer des obstacles sonores et visuels.
Le week-end suivant, soit les 1er et 2 octobre, le couple Aulas a une nouvelle fois repris la route avec deux autres de ses chevaux, pour participer cette fois à l’épreuve attelage de l’Équidé Cup, se déroulant à Lamotte-Beuvron, dans le Loir-et-Cher.
Celle-ci se déroule en deux étapes : tout d’abord la maniabilité attelée, puis l’épreuve de traction où le cheval tire un traîneau en marquant trois arrêts. À chacun des arrêts, des personnes supplémentaires montent sur le traîneau. L’animal se retrouve à traîner une charge maximale de 500 kg. « Tout se déroule au pas, le cheval doit à la fois maintenir la même allure et être calme dans les arrêts ».

Calmes et puissants

Ces différents concours et rencontres équestres sont là pour démontrer que les chevaux de traits peuvent aussi faire de très bons chevaux de loisirs voire, de sport.
Un message qui correspond tout à fait à ce que souhaitent communiquer Michael et Marie-Laure Aulas : les chevaux de trait sont des animaux finalement très polyvalents.
Tous deux sont passionnés par les équidés depuis longtemps, et c’est Michael qui a orienté l’élevage des Guernes spécifiquement sur les percherons.
Ils ont tous les deux passé un bac pro agricole et Marie-Laure a poursuivi avec un certificat animatrice équestre-monitrice d’équitation. À la base, son truc à elle était donc plus les chevaux de selle, les "vrais" chevaux de sport.
Mais Michaël a effectué son apprentissage chez un éleveur qui avait des percherons et il a craqué pour ces animaux-là : « j’ai été séduit par leur caractère, mêlant sang froid et sang chaud, parfait pour l’attelage. Ce sont des chevaux très puissants mais qui arrivent aussi parfaitement à se déplacer », explique-t-il.

Un challenge à chaque poulain

Marie-Laure s’est laissée convaincre, car de toute façon cela la passionne « de faire naître et voir grandir ces chevaux, les valoriser en les sortant en concours pour voir ce qu’ils donnent. En fait, à chaque poulinage, il y a une petite montée d’adrénaline car on se demande si on va le vendre ou le garder ».
Aujourd’hui, l’élevage des Guernes, ce sont cinq poulinières et un étalon, en sachant que ce dernier est changé tous les cinq-six ans. « Nous souhaitons arriver à une dizaine de poulinières d’ici trois-quatre ans », précise le couple.

Nouvelle structure

Ce qui va aider l’élevage des Guernes à se développer encore c’est le nouveau bâtiment qui va bientôt être construit sur place. « Ce sera un bâtiment de 500 m² recouvert de panneaux photovoltaïques avec sept boxes et sept cases en stabulation ». Ces dernières seront réservées pour les chevaux de l’élevage ; quant aux boxes, ils seront dédiés aux chevaux qu’ils accueillent en pension.

Le couple participe à de nombreux concours depuis plusieurs années : « cela nous a permis de gagner en renommée et aujourd’hui nos chevaux sont réputés ». Une reconnaissance qui fait qu’actuellement le carnet de commandes est plein. Chaque année, Michael et Marie-Laure vendent et/ou débourrent cinq à six de leurs propres percherons et en accueillent presque tout autant en parallèle, appartenant à d’autres propriétaires souhaitant dresser ou reprendre leur animal pour être monté ou attelé.

Portraits des éleveurs

Michaël et Marie-Laure Aulas ne sont pas seulement doubles actifs, ils sont surtout super actifs. Chacun travaille en parallèle de l’élevage des Guernes dans les communes avoisinant Ozolles, lui comme employé communal, elle comme secrétaire de direction. En plus de son travail et des percherons, Michaël gère quatre poulaillers installés sur la commune de Beauberry, à une poignée de kilomètres d’Ozolles. « C’est un élevage de 18.000 poulets sous le label de volailles fermières de Bourgogne, tout en intégration ». Ces deux élevages se complètent et assurent un revenu à la famille. L’élevage de percheron tend malgré tout à représenter petit à petit la part la plus importante des revenus.