Bocage
Planter des haies oui, mais à quel prix ?

Ariane Tilve
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Depuis près de cinq ans maintenant, elles ont le vent en poupe. De plus en plus d’agriculteurs envisagent de se lancer dans un projet bocager pour limiter l’impact des changements climatiques, remédier aux restrictions du phytosanitaire ou valoriser la biomasse. Nous évoquions déjà, la semaine dernière, les intérêts multiples d'une telle plantation, mais combien ça coûte ?

Planter des haies oui, mais à quel prix ?
Plantation de haie en Saône-et-Loire au lycée viticole de Davayé.

D’après la Chambre d’agriculture, l’implantation de 100 mètres linéaires de haies coûte environ 1.560 € HT, pour un simple rang. Un prix qui dépend du type de haie implantée (simple ou double rang) et des essences présentes, sachant qu’il faut attendre au moins 15 ans avant de pouvoir en bénéficier pleinement, que ce soit pour l’ombrage, en tant que brise-vent, ou encore pour la valorisation en bois plaquettes. Le coût d’entretien de 100 ml de haies est, lui, de l’ordre de 25 € HT par an, sans compter le déplacement du matériel de la Cuma (130 € HT pour le déplacement du grappin coupeur) pour éventuellement récupérer et valoriser la biomasse. Ce coût varie d’une année sur l’autre. Il dépend de la gestion des haies, de la quantité de plaquettes nécessaires.

   Données calculées à partir du barème d’entraide 2019 de la Bourgogne-Franche-Comté, Grand-Est et Hauts-de-France et de la Chambre d’agriculture du Centre-Val-de-Loire, mais aussi de sites vendeurs

 

**Données calculées à partir du barème d’entraide 2019 de la Bourgogne Franche-Comté, Grand-Est et Hauts-de-France et de la Chambre d’agriculture du Centre-Val-de-Loire, mais aussi de sites vendeurs.

Une fois les haies plantées ou restaurées, reste à entretenir, voire à valoriser la biomasse. Dans ce cas, la taille revient à 5,36 € HT, le déchiquetage à 18,97 € HT, soit un total de 24,33 € HT pour la récolte sur 100 m linéaire, selon les Cuma 71 et 58. Les plaquettes de bois peuvent être utilisées en litière. Elles permettent en moyenne de réduire de 24 % la quantité de paille. Le calibre des plaquettes utilisées est de 20 à 50 mm. Plus l’écart entre le taux d’humidité de la plaquette fraîchement broyée et celle obtenue après fermentation/séchage est important, plus la capacité d’absorption du bois est grande. L’objectif est d’atteindre un taux d’humidité entre 16 et 25 %.

Les aides financières

Le plan de relance dédié aux agriculteurs, qui s’est achevé le 15 septembre dernier, a connu un réel engouement. La Fédération départementale des chasseurs de Saône-et-Loire (FDC 71), qui accompagne les exploitants dans leurs démarches, a permis le dépôt de près de 30 dossiers en un an et demi. Aujourd’hui encore, il est possible de solliciter des aides pour réduire le coût d’une plantation ou d’une restauration de haies dans le cadre du dispositif Bocage et Paysage. La Région finance la fourniture des plants, les protections individuelles, le paillage, les tuteurs et leur pose, le paillage, la protection et de préparation du sol (labour de l’emprise de la haie et ouverture des fouilles) nécessaires à la plantation, hors arrosage, désherbage, débroussaillage, dessouchage et apport d’engrais ou amendements non éligibles, à 50 %. Une aide bonifiée à Taux d’aide bonifié à 70 % si le projet respecte, a minima, l’une des conditions suivantes :

  • la plantation d’au moins 100 arbres isolés ou au moins 1.000 mètres linéaires de haies bocagères,
  • la plantation d’au moins 1.000 m d’alignements d’arbres, ou d’au moins 100 arbres alignés,
  • les travaux sont confiés à une association ou une entreprise d’insertion,
  • le projet est mené dans un cadre collectif, par plus de trois porteurs de projets regroupés, avec une approche territoriale cohérente,
  • le projet s’inscrit dans un cadre contractuel comme le contrat de Rivière, le contrat de Bassin, ou un Sage (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux) ou dans le cadre d’une démarche territoriale collective (Scot, PLUI),
  • le projet propose un paillage naturel à base de chanvre ou de miscanthus privilégiant les circuits courts.

Autre obligation pour obtenir ces aides : les plants devront avoir au maximum quatre ans et il faut choisir au moins six essences mellifères. Les résineux ne sont pas éligibles. La liste des essences éligibles est disponible sur le site de la Région, bourgognefranchecomte.fr. La Chambre d’agriculture, FDC 71, Alterre Bourgogne-Franche-Comté ou encore Bio Bourgogne peuvent vous informer, et éventuellement vous accompagner tout au long de votre projet.

L’accompagnement

Il existe une multitude d’acteurs capables de vous accompagner, de l’élaboration du projet à la plantation en passant par la recherche de financement et la valorisation. À commencer par la Fédération départementale des chasseurs de Saône-et-Loire (FDC 71) qui accompagne les projets bocagers depuis une quinzaine d’années. « Nous accompagnons tous ceux qui souhaiteraient planter ou restaurer une haie en amont, dès la naissance du projet. On commence par un premier rendez-vous, sur le terrain, pour définir les objectifs (ombrage, brise-vent, valorisation plaquettes, etc.), le linéaire ou encore les essences », explique Franck Jacob, de la FDC 71. Un appui technique payant, dont le tarif varie en fonction de la distance à parcourir par le technicien, du linéaire à étudier ou encore du temps passé, sachant qu’il faut parfois compter une demi-journée. « C’est un simple défraiement », ajoute-t-il en précisant que l’association propose également un suivi administratif pour le montage du dossier financier, un suivi technique un an après la plantation, ou encore un service de gestion par deux agents agréés Programme de gestion durable de l’azote en agriculture (PGDA). Pour ceux qui disposent déjà une haie et qui souhaiteraient la valoriser, la Chambre d’agriculture propose notamment une évaluation du linéaire bocager pour en déterminer les volumes mobilisables durables. Un technicien se rend sur place pour faire l’inventaire, classer, mesurer et cartographier des linéaires par typologie. L’évaluation fait ressortir un état de la ressource par grand type de haies, calcule le volume durable annuel (humide/sec) et sa correspondance en stère, fioul ou propane annuel. Elle permet de définir ensuite une stratégie de gestion dans les trois mois suivant la visite. Quels que soient le projet bocager et l’objectif de l’exploitant agricole, il existe très souvent des acteurs, des structures capables de les soutenir.