Agriculture biologique
Bio : Le chantier qui attend Bio BFC n'est pas mince

Berty Robert
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C'est désormais une réalité : Bio Bourgogne et Interbio Franche-Comté ont fusionné dans une entité unique nommée Bio Bourgogne-Franche-Comté. La nouvelle structure arrive dans un contexte compliqué pour le secteur et les défis sont nombreux.

Bio : Le chantier qui attend Bio BFC n'est pas mince
Lors de la présentation de Bio BFC, le 29 septembre à Beaune. De gauche à droite : Geoffroy Gavignet, vice-secrétaire, Clément Gernot, secrétaire, Laurence Henriot, présidente et Laurent Barle, directeur.

C’est effectif depuis juillet, mais la fusion des réseaux Bio Bourgogne et Interbio Franche-Comté en une seule entité nommée Bio Bourgogne-Franche-Comté (BFC) a été portée sur les fonts baptismaux le 29 septembre, à Beaune. Cette évolution se traduit par une gouvernance revue pour l’association de soutien et d’accompagnement à l’agriculture biologique régionale. Elle s’organise en quatre collèges : les producteurs (déjà réunis dans les organisations suivantes : GAB 21, GAB 25 et 90, GAB Jura, GABNi, GAB Haute-Saône, GABY et GAB Saône-et-Loire), les organisations économiques 100 % bio (collecteurs et transformateurs), les acteurs du développement de l’agriculture biologique, et les 42 salariés de l’association. « Cette nouvelle organisation, souligne la présidente de Bio Bourgogne BFC et éleveuse en Côte-d’Or, Laurence Henriot, apporte une ouverture qui nous permet d’augmenter nos compétences pour investir de nouveaux champs d’action ». Une approche qui prend un relief particulier dans le contexte actuel de crise de la bio après dix ans de croissance à deux chiffres.

Nécessité de restructurer les filières

Les inquiétudes sont fortes, notamment pour la filière céréales. Une journée était d’ailleurs organisée, le 12 octobre, avec la Chambre régionale d’agriculture afin de tenter de faire émerger des solutions. « L’agriculture biologique, poursuivait Laurence Henriot, doit être au cœur de notre transition agroécologique. Les annonces concernant la planification écologique nous apportent de l’espoir, mais il faut travailler pour restructurer les filières. Nous devons aussi agir sur plusieurs leviers et notamment l’application de la loi ÉGAlim : depuis le 1ᵉʳ janvier 2022, en restauration collective, 20 % des repas devraient être réalisés à partir de produits agricoles biologiques (intégrés dans les 50 % de produits sous signes de qualité, N.D.L.R.) mais, dans les faits, on en est à 7 %… » Un agriculteur et négociant présent à Beaune résumait ainsi la situation : « Il est nécessaire d’être beaucoup plus volontaire auprès des acheteurs de la restauration collective. Il faut agir plus fort et que la bio sorte de sa niche ». Pour Clément Gernot, secrétaire de Bio BFC et agriculteur du Doubs, « la nouvelle structuration de la gouvernance doit nous permettre d’être plus cohérents dans nos actions ».

Ralentissement des surfaces converties

L’ensemble des missions de la nouvelle entité prolonge ce qui se fait jusqu’à présent : transfert de connaissance des systèmes pour faire évoluer les fermes vers la conversion à l’agriculture bio, accompagnement dans les projets de conversion, appui technique des agriculteurs, facilitation de la transmission des fermes et de l’installation en faveur du renouvellement des générations, accompagnement des projets de territoire et facilitation de la mise en marché. À ceci s’ajoute un rôle très important d’observatoire de l’agriculture bio, qui débouche sur des publications et permet un travail de prospective pour les filières. C’est notamment ce travail désormais mené par Bio BFC qui permet de mesurer les évolutions récentes du secteur, marqué par un très fort développement depuis 2015, mais sur un palier depuis 2021. La progression se poursuit néanmoins puisqu’en 2022, en BFC, on comptait 269 nouvelles fermes bio, ce qui mettait le total à 3.480 fermes. Elles représentent presque 15 % des exploitations régionales et plus de 10 % de la Surface agricole utile (SAU). Signe préoccupant malgré tout : la progression observée entre avril 2022 et avril 2023 (278 nouveaux producteurs en AB) concerne beaucoup moins d’exploitations en grandes cultures et polyculture-élevage, mais majoritairement de la viticulture et du maraîchage.

Au final, on assiste à un ralentissement de la progression des surfaces converties. Dans un contexte économique devenu difficile ces derniers mois, pérenniser les fermes et les surfaces devient donc un objectif majeur et prioritaire pour Bio BFC. « On doit composer, soulignait Laurent Barle, directeur de la structure, avec une stagnation de la consommation des ménages en bio depuis 2019, alors qu’en parallèle beaucoup de productions bio sont arrivées sur le marché du fait de la fin des périodes de conversion… ». C’est donc un chantier d’ampleur qui s’ouvre pour la nouvelle entité.

Sur cette carte, on voit les dynamiques de développement de l'agriculture bio pour chaque département de BFC, entre 2021 et 2022. C'est en Côte-d'Or que la progression est la plus forte mais c'est en Haute-Saône que la proportion de SAU en bio demeure la plus élevée.