Crise des fonds Feader avec la Région BFC
Julien Fénéon face à une région kafkaïenne

C.M.
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Julien Fénéon face à une région kafkaïenne

Recevant la délégation sur son exploitation de l’EARL de la Noue, Julien Fénéon a repris l’exploitation de ses parents le 1ᵉʳ janvier 2022. « On attend tous des explications », regardait-il droit dans les yeux les quatre élus du conseil Régional, à commencer par le vice-président en charge de l’Agriculture, Christian Morel. Car, comme Julien le disait très bien, « la situation est grave », lui qui aurait préféré les accueillir pour montrer les projets qu’il imaginait avec les fonds Feader. Lui qui s’est installé avec une quarantaine de vêlages et une activité d’embouche traditionnelle sur une surface de 105 ha, Julien a vite fait le constat d’être « limité en bâtiment », eux qui sont « très anciens », même si très bien entretenus comme le prouvait l’accueil impeccable. Et pourtant, « le système de curage ne peut plus fonctionner donc il est nécessaire de réaliser des travaux de modernisation », espérait-il. D’autant plus qu’il souhaite augmenter son nombre de vêlages, il doit pour cela construire un nouveau bâtiment rapidement, car prévu dans son PDE (plan de développement de l’exploitation prévu dans son parcours à l’installation, N.D.L.R.). Il construit alors rapidement un tunnel. Son parc de contention étant « en mauvais état », il dépose aussi un permis de construire et un dossier PSN (allant dans le sens du Plan stratégique national) avec justement ses différents investissements, comme prévu dans son prévisionnel. Il déposa son dossier « complet » au conseil Régional le 30 mai 2023. Il reçoit un accusé de réception le 26 juin précisant le bon dépôt et en conséquence « la date d’autorisation pour débuter les travaux ». Cependant, Julien avait connaissance des problèmes de gestion des dossiers à la Région. Il préféra donc attendre. Demandant des nouvelles, il reçut un mail le 27 juillet par le technicien de la Région traitant son dossier, lui disant que son dossier était « complet et serait subventionné ». Sachant pertinemment que les artisans sont actuellement en sous-effectif, il se dépêcha de les contacter pour prendre date pour les travaux, au risque sinon « de ne pouvoir hiverner aucune bête en bâtiment », son système d’affouragement ne fonctionnant plus. La situation prend alors un mauvais tour, kafkaïen. Le 7 et le 13 septembre, Julien reçoit de nouveaux mails de la Région, d’autres « personnes demandant des informations et documents déjà remis », pire, « ne correspondant pas du tout à mon dossier », ne comprend pas Julien. Il appela alors la région pour obtenir des explications pendant plusieurs semaines, sans n’avoir jamais personne au bout du fil, ni de rappel. « Je vous laisse deviner dans quel état d’incompréhension et d’inquiétude, on nous laisse », déplorait Julien en regardant les élus. Julien donnait une des conséquences : « difficile de trouver le sommeil après un an d’installation », lui qui remerciait ces proches, « sans eux, j’aurais arrêté mon activité », repense-t-il parfois. « Vous n’avez pas conscience que ces silences, ces incertitudes sont insupportables », témoignait-il au nom de milliers d’autres. « Cela ne remet pas en doute que notre vie professionnelle, mais aussi notre vie privée », se livrait-il sincèrement sur cette douloureuse et injuste situation. N’abandonnant pas, il réussit « enfin » à joindre le technicien suivant son dossier. Ce dernier « ne comprenait pas non plus et qu’il allait se renseigner ». Là, « silence à nouveau » jusqu’à ce 6 novembre, de quoi énerver même le plus gentil.

S’étant engagé auprès des artisans, suite à la confirmation du 27 juillet, Julien entame les travaux, « ne voulant pas laisser tomber mes vaches », pense-t-il d’abord à leur bien-être. Depuis, son inquiétude monte même s’il a reçu « il y a deux jours » un nouveau mail redisant que son dossier était complet. Il est toutefois toujours dans l’attente de l’accord de subventions pour le financement, « ce qui pose des difficultés avec la banque qui eux aussi son inquiet ». Julien sait qu’il lui sera « impossible de respecter mon prévisionnel, ce qui impactera mon revenu ». Il s’est retrouvé « contraint » de vendre quelques vaches reproductrices dont certaines achetées au début de l’année pour développer l’élevage. « Ce manque à gagner ne sera jamais compensé », sait Julien. Le pire, les travaux n’ont pas commencé. « Il est frustrant de parler avec des copains d’école, installés dans des régions voisines, pour qui tout cela ne pose aucun problème », parlant des dossiers Feader gérés convenablement. Julien attend donc des réponses et des dates « précises et surtout respectées », concluait-il fermement. « Il y a urgence ».