EXCLU WEB / Les agriculteurs ont besoin de compétences et de déléguer davantage  

La diversification des types d’agricultures, les difficultés à recruter et le changement climatique augmentent le besoin en compétences des agriculteurs, mais ceux-ci devront aussi savoir davantage déléguer. C’est ce qui ressort d’une conférence du think tank Agridées. 

EXCLU WEB / Les agriculteurs ont besoin de compétences et de déléguer davantage  

Les agriculteurs sont soumis à l’épreuve de transitions accélérées de sécurité alimentaire, de changement climatique, de santé et de protection de l’environnement. Ces évolutions rapides appellent l’adaptation et l’élargissement des compétences, ont indiqué les intervenants à la conférence du think tank Agridées qui s’est tenue le 23 novembre sur le thème « agricultures de demain, quelles compétences ? ». Des compétences nouvelles sont notamment attendues en management et ressources humaines et dans la climatologie en raison du changement climatique. Jusqu’où l’empilement de compétences des agriculteurs devra-t-il monter ? Il ne s’agit pas tant pour eux de devenir des spécialistes de ces nouvelles matières que d’en avoir des notions permettant de déléguer aux spécialistes.  

Déléguer davantage  

« L’exploitation agricole est dans un monde de plus en plus complexe. Cela suppose des capacités à recruter », a alerté Jean-Marie Marx, membre du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) du ministère de l’Agriculture. « Il manque des compétences de gestion et de management », a ajouté Muriel Mahé, chargée de mission au Centre d’études et de prospective du ministère. Mais pour cela, les chefs d’exploitations « font de plus en plus appel à des compétences externes ». « Le mieux pour l’agriculteur est qu’il garde la main sur la fonction économique de l’exploitation et qu’il délègue ce qui ne relève pas de sa stratégie, notamment la maintenance », a-t-elle précisé.  

Charlotte Vassant, agricultrice près de Saint Quentin dans l’Aisne, a reconnu qu’après son activité d’ingénieur en métallurgie, elle s’est installée à 30 ans « sans formation agricole ». En revanche, « je délègue les compétences agronomiques à un agronome », a-t-elle témoigné. Une illustration de ce que formation ne veut pas dire compétence. « Les agriculteurs améliorent leurs compétences par l’expérience », a rappelé Gabrielle Dufour, chargée des relations publiques à Agridées.  

Cultiver des compétences   

Les choses se compliquent avec le changement climatique. En effet, la R&D (recherche et développement) change au fur et à mesure des modifications du climat : « De même que la forêt est confrontée à la prolifération des scolytes, en agriculture on voit la rouille jaune, jusque-là rencontrée aux bordures maritimes, avancer vers les régions continentales », a indiqué Jean-Paul Bordes, directeur général de l’Acta (tête de réseau des instituts techniques agricoles). « On n’a pas fini d’avoir des surprises dues aux effets du changement du climat », a-t-il évoqué.  

Les grandes lignes de ces problématiques sur les compétences ont été explorées durant un an par un groupe de travail d’Agridées, dont deux co-auteurs, Bernard Valluis et Jean-Yves Le Morvan ont tiré une note de 42 pages. Une de leurs propositions est la création de démonstrateurs territoriaux climatiques pour « diffuser connaissances et expériences issues de la diversité des territoires ». « Une proposition intéressante » aux yeux de Jean-Paul Bordes. Les deux co-auteurs suggèrent que ces démonstrateurs territoriaux climatiques puissent être gérés par le ministère de l’Agriculture et Chambres d’agriculture de France.   

L’attractivité « ne peut pas être un parent pauvre »

« L’objectif d’attractivité sociale ne peut pas être un parent pauvre de l’objectif économique général », indiquent les deux co-auteurs de la note du groupe de travail d’Agridées sur les compétences. Pour réduire le temps et la pénibilité du travail, ils estiment « utile que l’État soutienne l’acquisition, individuelle ou collective d’outils matériels ou immatériels qui participent clairement à réduire le temps ou la pénibilité du travail (robots, logiciels) ». La note d’Agridées. Celle-ci rappelle aussi que les agriculteurs sont trois fois moins nombreux en moyenne que les autres actifs à suivre des formations.