Grand Autunois-Morvan
Le PAT du Grand Autunois-Morvan cumule les trophées !

Marc Labille
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Premier PAT en Bourgogne Franche Comté, le PAT de l’Autunois a été récompensé par deux trophées nationaux cet automne. Retour sur la genèse et point sur l’avancement de cet ambitieux projet d’agriculture et de territoire.

Le PAT du Grand Autunois-Morvan cumule les trophées !
A droite, Marie-Claude Barnay, présidente de la CCGAM, accompagnée de Didier Talpin, éleveur président de la commission agricole et (à gauche) Marie-Amandine Latour, responsable pôle agriculture et circuits courts alimentaires à la CCGAM lors de la remise de la « Victoire des cantines rebelles » le 19 octobre dernier à Paris.

Cet automne, La Communauté de Communes du Grand Autunois Morvan (CCGAM) s’est vue remettre deux trophées pour son Projet Alimentaire Territorial (PAT). Dans le cadre du « Trophée des Territoires », elle a remporté le « trophée de la souveraineté alimentaire » et elle a également reçu la « Victoire des cantines rebelles ». Ces deux trophées couronnent une décennie d’actions collectives pour le maintien de l’agriculture et d’une alimentation locale dans le Grand Autunois-Morvan. Tout a démarré en 2011-2012 avec la menace de fermeture de l’abattoir d’Autun, racontent les intéressés. Cet électrochoc avait amené la collectivité, la profession agricole et les usagers de l’outil à se mobiliser pour sa sauvegarde. Une association en est née. Les agriculteurs se sont engagés financièrement et la CCGAM a lancé la rénovation de l’abattoir d’Autun pour 5 millions d’euros.

L’abattoir le déclic

Cette mobilisation autour de l’abattoir a fait naître une forme nouvelle de partenariat entre les agriculteurs et la communauté de communes. Une commission mixte paritaire a vu le jour au sein de la CCGAM. Le souci de préserver l’outil d’abattage de proximité a donné l’envie de développer la souveraineté alimentaire du territoire. Avec l’ambition de « valoriser la ressource locale, donner une plus-value aux agriculteurs, créer de l’emploi… », fait valoir Marie-Claude Barnay, présidente de la CCGAM. Un projet à forte vocation économique, puisqu’il recrée « une économie de la ressource », tout en consolidant les exploitations.

L’une des premières initiatives dans ce sens a été la création, par un groupe d’éleveurs, de l’association « Saveurs de Nos Prairies Autunoises » (lire dans notre prochaine édition). Sur le modèle d’un autre groupe qui s’était formé antérieurement sur le secteur du Breuil, une micro-filière de viande bovine locale approvisionnant l’hypermarché Leclerc d’Autun a vu le jour. Cette viande issue de l’abattoir d’Autun est identifiée en magasin et elle procure une plus-value à ses éleveurs. Une partie des carcasses approvisionne aussi la cuisine centrale de la CCGAM. Les arrières vont à l’hypermarché tandis que les avants fournissent les cantines.

PAT labellisé en 2020

La démarche de souveraineté alimentaire entreprise à l’échelle du territoire n’a pas eu de mal à s’inscrire dans un Plan alimentaire territorial (PAT) labellisé par le ministère de l’Agriculture en 2020. Il s’agissait du tout premier PAT de Bourgogne Franche-Comté. Quatre axes le composent : la restauration collective, l’éducation à la jeunesse, la lutte contre le gaspillage alimentaire et la justice sociale. 46 producteurs locaux approvisionnent d’ores et déjà les cantines communautaires. La cuisine centrale d’Autun élabore 1.200 repas par jour destinés aux écoles du territoire et aux aînés. Pour répondre à l’obligation faite à la restauration collective d’intégrer au moins 50 % de produits sous signe officiel de qualité, la CCGAM a accompagné 37 de ces producteurs vers la certification Haute Valeur Environnementale (HVE).

Après la viande, les légumes…

L’Autunois-Morvan est connu pour être un bassin de production de viande bovine de qualité, mais les acteurs du PAT ont aussi voulu développer une filière maraîchage et légumes. Quatre producteurs de légumes bio, sur la quinzaine que compte le Grand Autunois-Morvan, se sont engagés à fournir la cuisine centrale. Une micro-filière de légumineuses est également en construction avec des cultures de lentilles à l’essai chez deux producteurs. Enfin, la CCGAM souhaite encourager le développement de l’agroforesterie afin de disposer de fruits locaux.

Avec l’ouverture d’un point de vente collectif aux portes d’Autun, « la boucle est bouclée », se félicite Marie-Claude Barnay. La CCGAM a encouragé ce projet porté par des agriculteurs. Ce magasin tenu par dix producteurs rencontre un vif succès commercial depuis son inauguration l’automne dernier. Conçu comme une mini-supérette de produits locaux (viandes, charcuterie, produits laitiers, œufs, légumes, etc.), ce point de vente tend à parfaire la souveraineté alimentaire du territoire.

Une unité de transformation inter-territoriale ?

La prochaine étape devrait être la création, dans le cadre de la restauration collective, d’un outil de transformation inter-territorial. La CCGAM travaille en effet à une mutualisation de moyens avec quatre autres intercommunalités voisines pour se doter d’une unité pour plats cuisinés, surgélation, etc.. 

Par ailleurs, avec une start-up nationale, le Grand Autunois-Morvan a participé à la mise au point d’un outil informatique de gestion pour aider la restauration collective à mener à bien un approvisionnement local.

Dans toutes ces actions, la CCGAM s’est appuyée sur les acteurs de la profession : CSEA de l’Autunois en tête, les compétences de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, celles du Groupement d’intérêt économique et environnementale (GIEE) de l’Autunois.

Le Grand Autunois-Morvan compte 55 communes, 40.000 habitants et près de 600 exploitations agricoles.

Gaspillage, précarité alimentaire, santé…

La lutte contre le gaspillage contribue à la souveraineté alimentaire du Grand Autunois-Morvan. Elle est notamment menée au sein des cantines où les enfants sont mis à contribution pour évaluer le volume de denrées jeté. Grâce à ce travail, on s’est aperçu qu’il suffisait de faire évoluer la découpe des morceaux de viande pour limiter les pertes à la cantine. Une adaptation possible parce que le territoire dispose de son propre abattoir de proximité avec un chevillard réactif. On a aussi découvert que les modes de cuisson avaient aussi leur importance dans l’appétence des enfants. Dans le cadre du PAT, la CCGAM est engagée sur les volets éducatif et social. Pour se faire, elle s’appuie sur le tissu associatif local. Avec le Centre Permanent d’Initiation à l’Environnement (CPIE), les écoliers sont sensibilisés aux notions « d’alimentation santé et environnement ». Tous les personnels encadrants sont formés sur ce sujet. « Les Ateliers Nomades » déploient quant à eux un programme de lutte contre la précarité alimentaire en milieu rural sous la bannière « une alimentation locale et saine pour tous ».