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Faire appliquer la loi Egalim, premier combat des producteurs de lait

« Notre premier combat est de faire appliquer la loi Egalim réellement », autrement dit que les coûts de production du lait soient effectivement répercutés, sans avoir à céder dans des bras de fer avec les industriels. Tel est le message fort que les producteurs de lait ont fait passer auprès des pouvoirs publics lors de leurs Assises les 6 et 7 décembre à Alençon. 

Faire appliquer la loi Egalim, premier combat des producteurs de lait
Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture, a participer auw Assises des producteurs de lait à Alençon qui se sont tenues les 6 et 7 décembre. ©Cheick Saidou_agri.gouv.fr

« On ne va pas déverser des tonnes de lisier devant les portes des industriels. En revanche, nous avons une loi, la loi Egalim, qui dit que les coûts de production de la matière première agricole doivent être payés aux producteurs et nous tenons à ce qu’elle s’applique », a déclaré le président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), Thierry Roquefeuil, à l’issue des Assises de l’organisation les 6 et 7 décembre à Alençon. « Dans la loi, il est dit que la matière première agricole n’est pas négociable. Il est prévu, en cas de litige, un médiateur, et une Chambre arbitrale si la médiation n’aboutit pas. Nous ne sommes jamais allés jusque-là pour l’instant. » À l’appui de son raisonnement, il a passé la vidéo d’une courte interview de son vice-président, Ghislain de Viron sur BFM TV, qui expliquait : « Nous demandons une revalorisation du prix du lait de 7 % parce que nos charges ont augmenté de 7 % ». Mais, face à cette demande, Lactalis, premier acteur laitier mondial, rétorque que « 7 % c’est beaucoup trop, ce sera donc 1 % seulement ».  « Ce qu’il faut pour rééquilibrer, c’est la loi Egalim, il faut que le législateur mette tout en œuvre pour que les lois soient respectées et que, comme c’est prévu dans la loi, on parte bien du coût de production pour former le prix », a exposé Ghislain de Viron. Les dirigeants de la FNPL ont voulu, lors de ces Assises, obtenir que les engagements des pouvoirs publics soient suivis d’effet et « n’engagent pas que ceux qui les écoutent », a lancé Thierry Roquefeuil.

L’origine du lait

Autre dossier, celui de l’origine du lait dans la fabrication des fromages. Or, de « l’emmental français » est produit avec du lait en provenance d’un autre pays. « Ce sujet est peut-être symbolique mais il n’est pas anecdotique », a commenté un porte-parole de la FNPL. Cette dernière a pris la décision qu’un logo « produit avec du lait français » serait apposé, dès les prochaines semaines, sur l’emmental quand la matière première est produite en France. Cela pour pallier l’absence d’une réglementation rigoureuse à l’échelon européen, puisque la règlementation européenne garantit l’origine du produit fini mais pas de la matière première. Car, pour l’instant, quand le consommateur voit à l’étal de « l’emmental râpé français », il s’agit d’emmental qui a été râpé en France, « mais avec du lait qui a peut-être été produit dans un autre pays », a dénoncé Thierry Roquefeuil. 

Retournement des prairies 

Sur l’épineuse question de l’interdiction de retourner des prairies au-delà d’un seuil de 5 %, sujet qui cristallise l’exaspération des éleveurs laitiers, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, a annoncé une nouvelle qui décrispe quelque peu les tensions : il n’y aura pas de ratio national. Les ratios resteront régionaux. Le président de la FNPL a salué cette nouvelle, mais estime qu’il faudra aller plus loin dans la réflexion sur le retournement des prairies : « On oblige les producteurs de lait à ne pas retourner les prairies au-delà de 5 %, mais à ceux qui arrêtent l’élevage ou l’agriculture tout court pour vendre la prairie à un promoteur immobilier, on leur dit quoi ? Il va falloir s’atteler à ce genre de question », a conclu Thierry Roquefeuil à l’issue des Assises d’Alençon. 

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