+15,1 % de croissance en 2010
la Fédération nationale des producteurs et élaborateurs de crémant,
regroupant les sept régions productrices françaises et luxembourgeoise.
L’occasion d’entendre la vision du directeur d’Amorim (leader des
bouchons en liège) sur l’évolution mondiale des marchés des vins
effervescents.
La famille Amorim a commencé la production de bouchons de liège naturel en 1870. C’est dire si elle connaît bien le marché. Aujourd’hui, ce groupe portugais est leader mondial sur le secteur du bouchon liège et commercialise dans le monde le tiers des bouchons liège pour effervescents. C’est donc avec une attention toute particulière que la centaine de producteurs et élaborateurs de crémants, venus des sept régions productrices, écoutaient les analyses du directeur exécutif de l'entreprise, Christophe Sauvaud, venu présenter « les réflexions à terme » d’Amorim. « En 2010, avec +15 %, le liège n’est pas mort ».
Croissance dynamique en 2010
Depuis 2006, le groupe Amorim « récolte et analyse toutes les informations » auprès de ses commerciaux. Première surprise : « une des grandes évolutions du marché est le recul du bouchon synthétique ». Première conclusion aussi, les chiffres du bouchon liège sont donc en plus forte hausse. Amorim constate qu’en 2005 1,5 milliard de bouchons liège type champenois était utilisé et 2 milliards l’année suivante (2006). Dans les six dernières années, « nous avons connu une croissance de +3,7 % par an, avec pourtant une crise au milieu ». Ce chiffre est quasiment « le triple » de la croissance constatée dans le segment des vins tranquilles. Preuve supplémentaire de cette vigueur, le marché des effervescents bouchés liège avaient déjà récupéré son niveau d'avant crise un an seulement après la crise de 2008. La croissance a atteint +15,1 % en 2010 au niveau mondial. Pour les bouchons de champagne, ce chiffre a même grimpé à +25 %.
Amorim a donc récupéré d’autres analyses pour savoir si cette tendance allait se poursuivre sur le long terme. Le cabinet IWRS a réalisé pour Vinexpo une étude estimant une croissance jusqu’à 2014 de +5,61 % avec +1,37 % par an pour les vins effervescents, jugée « un peu en-dessous de la réalité ». Cette tendance est plus faible pour les vins tranquilles à +2,98 % (+0,74 % par an) pour la même période 2010-2014. De bonne augure...
Le chardonnay est en rupture
« C’est un fait depuis le mois de janvier », avec les dernières récoltes mondiales - hémisphère Sud et Nord -, « on va avoir, pour la première fois, un manque de vins blancs. Cela a d’ailleurs commencé, d’où une augmentation des cours mondiaux », clamait le directeur d’Amorim. « Premier cépage en rupture, dans certains pays comme les Etats-Unis, le chardonnay », précisait-il immédiatement, avant de citer en exemple les cours du vrac en Amérique du Sud, « passés de 20 cents à 1 dollar ». Ces éléments « intéressants » risquent d’avoir des répercussions sur les autres marchés.
Plus fort potentiel de croissance
Une étude du Wine Monitor en 2009 a estimé que les vins effervescents étaient en tête du « plus fort potentiel de croissance ». Premier à partir, les Champenois se dirigent vers 400 millions de bouteilles produites pas an, contre 320 actuellement. « Ne vous inquiétez pas, leur communication continuera de vous expliquer leur grande rareté », souriait le directeur d’Amorim. Conquérant, Moët & Chandon a installé un domaine en Chine. L’histoire montre qu’après ce fait, la « consommation suit » bien souvent dans le pays.
De son côté, le Cava d’Espagne a fait une "grande" année en volumes, mais pas en valeurs. En Italie, c’est carrément « l’explosion ». En 2004, 335 millions de cols était produits contre 450 millions de bouteilles effervescents un an plus tard seulement.
Autre phénomène, la Russie affiche désormais « une volonté de monter en gammes » tandis que le Brésil a « envie de croître ». Enfin, l’Australie produit 100 millions de cols.
+30 % en Russie
Côté consommation, les chiffres sont au vert. Le cabinet d’étude IWRS estime que la consommation d’effervescents en Russie va croître dans les cinq prochaines années de 3,3 millions de caisses (+30 %), aux Etats-Unis de 1,8 million de caisses, en Australie de 1,5 million, idem en Angleterre et de près de 600.000 caisses en Ukraine.
Résultat, dans le monde entier, les acteurs se regroupent « pour deux raisons : soit pour consolider leur marché, soit pour y rentrer ». Comparé à la bière ou aux spiritueux, le marché reste encore fragmenté car le top 35 des opérateurs ne représente "que" 750 millions de bouchons, soit 37 % du total mondial.
Pourquoi une telle croissance ?
L’augmentation de la consommation domestique se fait au détriment de la consommation hors-domicile. « Pour oublier la crise, les gens cherchent à passer un bon moment, même si ce n’est pas au restaurant ». Un effet cocooning favorable aux produits véhiculant des valeurs positives « où le bouchon liège et le pop sont largement associés ». Gare à ne pas les séparer. La part de rêve dans ce segment est « gigantesque » et « permet de vendre plus cher ». La consommation se veut événementielle (fêtes…) pour célébrer ou pour une consommation plus régulière (apéritif). « Aux Etats-Unis et en Amérique du Sud, c’est nouveau de prendre une coupe. Et cela va générer des besoins gigantesques ». Enfin, l'effet non négligeable du "drink pink". Les consommateurs sont toujours assoiffés de vins rosés. De plus, les effervescents restent dans de nombreux pays des produits accessibles et compétitifs.
Surtout, la croissance de la consommation féminine est forte. Les femmes ont un rôle déterminant dans la décision d’achat puisque 70 % des achats en supermarchés sont effectués par ces dernières. Certaines communautés aux Etats-Unis, afro-américaines notamment, commencent à boire des vins effervescents sucrés. « C’est un élément favorable, car ce premier contact évolue souvent vers des vins plus complexes ».
L’amélioration de la qualité des effervescents dans de nombreux pays et régions jouera donc. D’ailleurs, la France pourrait bien prendre des part de marchés « car la qualité ne progresse pas partout pareil » comme dans notre pays.