EXCLU WEB / Banque alimentaire : Les bénéficiaires de l’aide alimentaire de plus en nombreux en 2022

Le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire a augmenté de 10 % en une année pour atteindre 2,4 millions de personnes, selon l’étude « Profils » rendue publique le 27 février au Salon de l’agriculture par les Banques Alimentaires. Cette enquête permet de mieux connaître les personnes accueillies, afin d’adapter la réponse des associations qui les accompagnent. Au-delà de la précarité, c’est la solitude et la recherche de lien social qui poussent ces personnes à demander de l’aide.

EXCLU WEB / Banque alimentaire : Les bénéficiaires de l’aide alimentaire de plus en nombreux en 2022

En 2011, 800 000 personnes faisaient appel aux banques alimentaires pour se nourrir. Fin 2022 elles étaient 2,4 millions, soit trois fois plus en dix ans. L’enquête signale qu’au cours de la dernière décennie, « les différentes crises économiques et sanitaires se sont traduites par cette marée lente du recours à l’aide sanitaire qui n’a jamais reflué. » Le réseau des banques alimentaires, qui s’appuie sur 5 700 associations, épiceries solidaires et centres communaux d’action sociales, réparties sur le territoire, a distribué 260 millions de repas l’année passée. L’étude indique que 38 % des bénéficiaires ne font appel à cette aide que depuis moins de six mois, avec comme premier argument « c’est trop cher dans le commerce, je ne m’en sors plus » explique Laurence Champier, directrice de la Fédération des banques alimentaires. Ce qui témoigne de l’aggravation récente de la situation, en raison surtout de l’inflation des produits alimentaires, estimée à 13,5 % sur un an selon l’Insee. L’alimentation est ainsi devenue le deuxième poste du budget de ces personnes, après le logement et avant l’énergie. Ces personnes viennent une à deux fois par semaine, chercher des protéines, sous forme de viande, poissons ou de produits laitiers mais aussi des fruits et légumes dont la demande a triplé depuis 2014. L’étude effectuée par le CSA sur 1 300 personnes permet de mieux connaître les bénéficiaires.

130 000 tonnes distribuées

La majorité bien sûr est en grande fragilité, et a des revenus inférieurs au seuil de pauvreté. 20 % de ces personnes ont un travail, et parmi celles-là les deux tiers ont un CDI, mais leurs salaires sont inférieurs à 1 070 euros par mois car elles sont souvent à temps partiel. Signe du nombre croissant de travailleurs pauvres. Les quatre cinquièmes sont sans-emploi ou retraités avec des revenus inférieurs à 860 euros par mois. La moitié de ces personnes sont logées dans des HLM, et 60 % en zone périurbaines ou à la campagne. Les bénéficiaires sont principalement des personnes seules, ou des familles monoparentales et 70 % d’entre elles sont des femmes. La perte d’emploi, constitue la principale cause du recours à l’aide alimentaire devant la maladie, une séparation ou un divorce. Par ailleurs, 71 % de ces personnes déclarent des problèmes de santé, et sont sujettes au diabète ou à l’obésité et expriment aussi le besoin de rompre leur isolement. Ces informations sont précieuses pour les Banques alimentaires car elles permettent d’orienter leurs actions de soutien. Avec le programme « Bons gestes et bonne assiette » des ateliers sont mis en place avec des animateurs formés et 7 000 bénévoles. L’accent est mis sur la promotion de la santé, des conseils pour mieux manger avec de petits budgets ou des échanges dans des jardins partagés. Pour Elodie Tarby, qui dirige ce programme, « cela favorise le partage, les rencontres, et permet de recréer du lien social pour ces personnes isolées ». Son slogan, « Ensemble aidons l’homme à se restaurer », fait ainsi référence non seulement à l’alimentation mais à la dignité. Chaque année les banques alimentaires distribuent 130 000 tonnes de nourriture, fournies essentiellement par les filières agricoles, les coopératives et les dons du public. 

 

« Mieux manger pour tous »

Avec l’annonce d’un plan pour l’aide alimentaire en France, doté de 60 millions d’euros (M€), le gouvernement semble avoir tiré un trait (provisoirement ?) sur le chèque alimentaire « trop compliqué à mettre en place ». Ces 60 M€ permettront de financer la transformation des invendus en confitures, compotes, conserves, plats préparés. Cet argent servira aussi à l’acheminement et à la distribution de ces préparations aux familles les plus modestes via le réseau des banques alimentaires et d’autres associations caritatives. Une partie des fonds permettra enfin de créer un réseau d’approvisionnement avec les agriculteurs. Ce plan devrait bénéficier à environ 4 millions de personnes, soit la moitié des 8 millions en situation de sécurité alimentaire en France.