EXCLU WEB / CGA2023 : Prairies fleuries et agroforesterie récompensés

Cédric Michelin
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En dehors des produits et des animaux, le Concours Général agricole récompense aussi des pratiques agroenvironnementales comme « les prairies et parcours » et « l’agroforesterie ». Une façon de reconnaître et d’encourager la prise en compte des paysages et de l’environnement par les agriculteurs. 

EXCLU WEB / CGA2023 : Prairies fleuries et agroforesterie récompensés

Au Salon de l’agriculture, sur le stand du ministère, il y a foule, et beaucoup de jeunes,  pour la remise des médailles de ces nouvelles catégories du Concours général agricole. Le volet « prairies et parcours » a été créé en 2014. Il concerne des prairies permanentes, de fauche ou de pâture, non semées et riches en espèces floristiques. Celui dédié à l’agroforesterie existe depuis 2020. Il sanctionne l’association de l’arbre avec l’élevage ou les cultures. En parallèle, un concours des jeunes jurés des pratiques agroécologiques a également été mis en place avec l’aide de l’enseignement agricole, ce qui explique en partie la composition du public présent. En partie simplement, car les exploitations lauréates attirent la curiosité de jeunes candidats à l’installation.

Pour Philippe Noyau, président de la Chambre régionale d’agriculture Centre-Val de Loire, et du Comité d’orientation du concours (lire encadré), « cette compétition est le signe de reconnaissance des changements de pratiques agricoles. Elle peut inciter des jeunes à s’installer. Mais elle démontre aussi, au moment où on lui tape sans cesse dessus, que sans élevage il est difficile de conserver des prairies ou des arbres. » « Il faut penser globalement des systèmes où l’élevage a toute sa place », a confirmé Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.

« Travailler ensemble » 

En valorisant la biodiversité, la richesse floristique des prairies, leur rôle sur l’appétence des animaux et ses répercussions sur la qualité des productions, que ce soit la viande, les fromages ou le miel, le concours « prairies et parcours » met en valeur des exploitations autonomes, performantes et créatrices de paysages. 207 exploitations se sont portées candidates pour 14 lauréats. Celui consacré à l’agroforesterie, et qui sanctionne la présence de haies, de prés-vergers ou d’alignements d’arbres intra-parcellaires, consacre des exploitations qui participent à la lutte contre le réchauffement climatique, l’érosion des sols tout en assurant un meilleur confort aux troupeaux. 50 agriculteurs candidats pour 5 lauréats au final. Bérengère Couillard, secrétaire d’État chargée de l’Écologie et de la cohésion des territoires a souligné le lien entre l’agriculture et l’environnement avant d’appeler « à travailler ensemble sur la haie avec les agriculteurs et les chasseurs. »

Améliorer le cadre de vie 

La plupart des exploitations primées sont en polyculture-élevage, dans des zones de bocage. Nombre d’entre elles ont appliqué ces pratiques de manière traditionnelle, sans même y penser. Il en est ainsi de la ferme du Bois, dans l’Orne, deuxième prix en agroforesterie. Ferme laitière, on y fait du camembert AOP, du cidre et du poiré à partir de six hectares de vergers. Dix kilomètres de haies sont en partie transformés en bois d’œuvre ou en plaquettes de chauffage. « On a toujours pratiqué ainsi, » explique Marie-Claire Derouault, « c’est la suite logique de l’exploitation ». Elle insiste sur l’importance de conserver les « rosses », ces arbres têtards, typiques de la région. Jean-Michel Bodin fait un peu exception, il n’est pas éleveur mais céréalier en Touraine. Deuxième prix en agroforesterie également. Il y a douze ans déjà qu’il a implanté ces haies, en bordure de parcelle mais aussi en coupant certaines parcelles en deux. Plus de quatre kilomètres. « Je l’ai fait pour améliorer le cadre de vie. Un paysage sans arbres, ce n’est pas humain » déclare ce passionné de chasse. Maintenant il y a des oiseaux et des abris pour le gibier. Au moment où l’agriculture aborde sa « révolution agroécologique » l’émulation exprimée par ce concours permet de découvrir des réalisations concrètes et judicieuses mises en œuvre par les agriculteurs.

 

La liste complète des lauréats est consultable sur : https://palmares.concours-general-agricole.fr/ 

Le jury du concours 

Le Comité d’orientation du concours regroupe les Chambres d’agriculture, les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique, l’Office français de la biodiversité (OFB), les Parcs naturels régionaux, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao) ainsi que l’Association Française “Arbres et Haies Champêtre” (Afac -agroforesterie) qui promeut les haies.