EXCLU WEB / Soutiens à l'agriculture : De très fortes disparités entre États

En 2019-2021, le soutien total à l’agriculture et à l’alimentation équivaut à 29 % de la valeur de la production agricole dans les pays à revenu élevé et à 14 % dans les pays à revenu intermédiaire.  

EXCLU WEB / Soutiens à l'agriculture : De très fortes disparités entre États

Dans chaque État, la politique de soutien à l’agriculture et à l’alimentation est financée par des dépenses publiques (aides agricoles, subventions, taxes) et par un soutien des prix agricoles. Une étude de Farm, la Fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le monde compare, pays par pays, l’évolution de ces politiques de soutien entre 2000-2002 et 2019-2021. Une cinquantaine d’entre eux à revenu élevé et à revenu intermédiaire a été passée au crible. En 2019-2021, le soutien total à l’agriculture et à l’alimentation (ST) des pays riches (montants des dépenses publiques engagées et soutien des prix) équivaut à 29 % de la valeur de la production agricole nationale et celui des pays à revenu intermédiaire, à 14 %.

Dans les pays riches, les dépenses publiques (aides, subventions etc.) constituent le principal poste de soutien (22 % de la valeur de la production agricole). Dans les pays à revenu intermédiaire, la répartition entre dépenses publiques (9 %) et soutien des prix (5 %) est plus équilibrée. Depuis 2014, les politiques de convergence de soutien à l’agriculture et à l’alimentation ont marqué le pas. En 2000-2002, l’écart du ST entre les pays à revenu élevé et les pays à revenu intermédiaire était de 31 points. Vers 2014, il n’était plus que de 10 points avant de se redresser pour atteindre 15 points en 2019-2021. 

Conjoncture des marchés

Ces dernières années, la hausse des prix mondiaux des commodités agricoles a quelque peu chamboulé l’architecture des soutiens à l’agriculture. Entre 2000-2002 et 2019-2021, le soutien des prix dans les pays à revenu élevé a diminué de 11 points, passant de 18 % de la valeur de leur production agricole à 7 %. « Toute augmentation du prix mondial du produit a pour effet mécanique de réduire la différence de ce dernier (prix mondial) avec le prix du marché intérieur et par conséquent, la baisse du soutien des prix du marché et du soutien total », stipulent les auteurs de l’étude. Mais dans les pays à revenu intermédiaire, la hausse des prix agricoles n’a pas eu d’incidence notable sur le soutien des prix agricoles puisqu’il était déjà très faible (3 % en 2000-2002). Aussi, le ST dans les pays à revenu élevé (42 % en 2000-2002) a diminué de 13 points en 20 ans, une fois la baisse de deux points des dépenses publiques prises en compte, et il a progressé de trois points dans les pays à revenu intermédiaire, passant en moyenne de 11 % à 14 % de la valeur de la production agricole.

Soutien négatif 

La disparité du ST entre pays d’un même groupe est aussi forte qu’entre pays de deux groupes différents. Parmi les pays à revenu élevé, la Norvège et l’Islande détiennent les records du monde avec un ST équivalent à 86 % et 84 % de la valeur de leur production agricole.

Parmi les pays à revenu intermédiaire, la Jamaïque court dans la cour des pays riches avec un taux de soutien de 47 %. A contrario, le ST positif est le plus faible au monde en Ukraine (2 %), un pays à revenu intermédiaire mais aussi en Nouvelle-Zélande (2 %), un des pays à revenu le plus élevé. 

En Afrique subsaharienne, le ST calculé est un taux de dépenses publiques rapporté à la valeur de la production agricole faute de données sur les soutiens sur les prix. Mais là encore, les disparités sont très grandes (ST de 1 % au Ghana et de 43 % au Sénégal).

Quelques pays mènent des politiques de soutien négatif. En Argentine, le taux de soutien total à l’agriculture est de – 5 %. Autrement dit, les prix de vente des produits à la consommation sont subventionnés et les prix des denrées exportées sont taxés, ce qui diminue les prix payés aux producteurs.