Les brèves du 9 mars 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 9 mars 2023

Les brèves du 9 mars 2023

Sucre : Tereos envisage de fermer deux sites en France, dans le Nord et la Marne 

Dans un communiqué de presse du 8 mars, la direction du groupe sucrier Tereos dit avoir annoncé aux représentants du personnel «un projet de réorganisation de son activité industrielle en France». Selon l’entreprise, il consisterait à l’arrêt de l’activité sucrière du site d’Escaudœuvres (Nord). Sur les 153 emplois en CDI qu’il compte, 123 devraient ainsi être supprimés, rapporte nos confrères de France Bleu. Selon des élus locaux, 300 emplois supplémentaires seraient également en jeu en ajoutant les intérimaires et les saisonniers. Tereos explique cet arrêt par «une baisse de volumes de betteraves engagés» à Escaudœuvres. «En comparaison à une durée moyenne de 110 jours, cela a pour conséquence de réduire significativement la durée de campagne estimée entre 25 et 45 jours en fonction des rendements pour 2023-2024», soutient le communiqué. Par ailleurs, Tereos explique avoir «fait face à la forte hausse des coûts de l’énergie» en 2022, «une situation qui devrait se poursuivre durablement». L’entreprise sucrière envisage également l’arrêt de l’atelier de distillerie de Morains (Marne), qui emploie 26 personnes selon le communiqué. Tereos informe également chercher un acquéreur pour son site d’Haussimont (Marne) et assurera l’activité de son site de transformation de pommes de terre fécule pour la campagne 2023-2024.

Enseignement : un projet contesté de rapprochement entre Ensat et Centrale 

Le projet de création de Centrale Toulouse Institut englobant l’Ensat est sur la sellette. Marc Fesneau s’est entretenu le 8 février avec des membres de l’école d’agronomie qui ont manifesté leur inquiétude. «L’Ensat risque de disparaître », affirment dans un communiqué les AgroToulousains (association des anciens étudiants). En décembre 2021, le groupe des Ecoles Centrales et l’INP de Toulouse (comprenant l’Ensat) ont lancé l’idée d’un rapprochement à l’horizon 2024. Le calendrier s’accélère avec un conseil d’administration de l’INP le 14 mars sur les principes de gouvernance du nouvel établissement. Au sein de Centrale Toulouse Institut, le conseil d’école et le directeur de l’Ensat «perdraient toutes leurs capacités d’arbitrage sur le contenu pédagogique, le budget, sur les profils et le nombre d’enseignants-chercheurs à recruter et même sur le nombre d’élèves ingénieurs (dont il est prévu une diminution de 25%!) qui pourraient intégrer ses rangs», selon les AgroToulousains. L’association craint de voir l’école perdre tout lien avec le ministère de l’Agriculture, remettant en cause son appartenance au réseau des écoles d’agronomie et «fragilisant la qualité de ses enseignements et de son diplôme».

Lait : accord interprofessionnel sur l’actualisation de l’indicateur beurre-poudre 

Les collèges de l’interprofession laitière (Cniel) ont validé, le 7 mars, une actualisation de l’indicateur de valorisation beurre-poudre. Cet indicateur n’était plus publié depuis avril dans l’attente d’un accord interprofessionnel sur une nouvelle méthode de calcul de sa composante «coût de transformation» qui n’avait pas été mise à jour depuis 2012. La méthodologie adoptée par l’interprofession «repose sur une actualisation annuelle du coût de transformation», indique le Cniel. Le coût de transformation publié pour le premier trimestre 2023 correspond, par exemple, aux coûts de transformation de l’année 2022 sur la base d’une enquête réalisée auprès des entreprises. «Les données récoltées début 2023 permettent de calculer un coût de transformation de 139,8 €/ 1 000 l pour 2022. La publication de l’indicateur, dont la dernière donnée datait de février 2022, reprend donc à compter de janvier 2023», précise l’interprofession. Un cabinet d’expert-comptable effectuera un contrôle en mars et avril afin de «valider la robustesse de la méthodologie» et vérifier sa conformité avec les règles de concurrence. Au printemps 2022, l’application des conclusions d’une étude commandée par l’Atla (transformateurs «privés» et coopératives) par différentes laiteries avaient suscité de vives critiques du côté des producteurs.

Directive IED: un impact estimé à plusieurs centaines de M€ pour l’élevage (FNSEA) 

Le projet de réforme de la directive européenne sur les émissions industrielles (IED) pourrait coûter plus de deux milliards d’euros (Mrd€) à l’élevage français, selon un document de la FNSEA destiné aux parlementaires et consulté par Agra Presse. Basé sur une étude des instituts techniques Idele (ruminants), Itavi (volailles) et Ifip (porc), ce rapport évalue les investissements nécessaires pour appliquer les «meilleures techniques disponibles» (MTD) requises par le texte afin de réduire les émissions polluantes. La facture pourrait atteindre entre 941 M€ et 1,258 Mrd€ pour les 8862 élevages de volailles concernés (72%), sans compter les frais d’étude (10 000 €) et le suivi environnemental (2500 € par bâtiment, puis 2000 € par an). En porc, les investissements pourraient se chiffrer au maximum à 1,3 Mrd €, pour 8800 élevages (93%). Concernant les bovins (lait et viande), aucun chiffre n’est avancé, mais les surcoûts «seraient très importants jusqu’à atteindre l’intégralité du revenu moyen d’un producteur». Pour rappel, le projet de Bruxelles vise à étendre le champ d’application de la directive IED aux élevages de plus de 150 équivalents UGB (unités gros bovins), tout en y incluant les bovins. Les professionnels et la Commission divergent sur le nombre d’élevages qui seront concernés.

Commerce maritime : blocages levés aux ports de Marseille-Fos, Le Havre, Rouen et Brest 

La grève contre la réforme des retraites devrait continuer de perturber le trafic SNCF jeudi 9 mars, tandis que les terminaux de gaz et les raffineries de pétrole restaient bloqués ce mercredi 8 mars. La grève a été très suivie par les dockers mardi et mercredi matin, mais les blocages ont été levés dans l'après-midi à Marseille-Fos, au Havre, à Rouen et à Brest. «Aujourd'hui, c'est tous les ports de France qui sont à l'arrêt. C'est la solidarité qui prime et on sait très bien que l'union fait la force. Et on sera tous ensemble solidaires dans la lutte. Jusqu'à la fin», assénait plus tôt dans la journée Yoann Iguer, secrétaire général CGT des dockers de Brest. Les ports de Marseille-Fos, du Havre et de Rouen étaient bloqués mercredi par une opération «ports morts» contre le projet de réforme des retraites. A Brest, toutes les entrées et sorties de marchandises étaient à l'arrêt, ainsi que l'activité des chantiers de réparation navale. Le port de Brest est le lieu de transit de nombreuses matières premières agricoles: graines de colza, tourteaux de soja et de tournesol, etc. Le travail devait reprendre jeudi mais s'il y a un appel «à deux jours la semaine prochaine on ira deux jours, ou trois jours: on est capable d'amplifier le mouvement jusqu'à un arrêt total», assure M. Iguer.

Céréales : des cours du blé au plus bas depuis un an sur le marché européen 

Alors que les prix de la céréale chutent depuis deux semaines, la tonne de blé tendre pour livraison en mai s'échangeait le 8 mars sur Euronext à 268 €, son plus bas niveau depuis le 22 février 2022.Un reflux qui a entraîné le maïs dans son sillage, avec un grain jaune autour de 263 € la tonne pour livraison en juin, soit son plus bas niveau depuis mi-mars 2022. À la Bourse de Chicago, le blé rouge tendre d’hiver prévu à la livraison en mai était également en repli, avec le boisseau échangé à 6,98 $ le 7 mars contre 7,055 $ une semaine plus tôt, après être tombé le 6 mars à son plus bas niveau depuis 2021. Selon Sébastien Poncelet, analyste au cabinet de conseil Agritel, cette baisse persistante des prix des céréales tient au « décrochage du blé russe », dont l'offre est abondante et qui cherche à gagner des parts en marché en baissant encore ses prix mais aussi à «l'optimisme des marchés quant au renouvellement de l'accord sur le corridor agricole maritime, qui arrive à échéance le 18 mars», rapporte l’AFP. «Les marchés ne croient pas à un arrêt du corridor», en raison notamment de la position de la Chine. Fin février, Pékin s’est prononcé pour le maintien du corridor, dont il est devenu le premier bénéficiaire, avec 4,9 Mt de produits agricoles importés, souligne à l’AFP Damien Vercambre, de l’entreprise de courtage Inter-Courtage.

Céréales ukrainiennes: l'ONU juge «capital» de proroger l'accord d'Istanbul 

Alors que l’accord d’Istanbul relatif aux exportations de céréales ukrainiennes en mer Noire, conclu le 22 juillet dans le contexte de la guerre en Ukraine, expire le 18 mars (après avoir été reconduit une première fois mi-novembre pour 120 jours, NDLR), le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres a souligné lors d'une visite à Kiev (Ukraine) le 8 mars, «l'importance capitale de le prolonger et de créer les conditions permettant d'utiliser au mieux les infrastructures d'exportation». En facilitant l'exportation de 23 Mt de céréales ukrainiennes «l'accord a contribué à faire baisser le coût mondial des denrées alimentaires et a apporté une aide cruciale aux populations qui paient également un lourd tribut à cette guerre, en particulier dans les pays en développement», a-t-il souligné. M. Guterres a également rappelé que les céréales et engrais ukrainiens, mais aussi russes, étaient «essentiels pour la sécurité alimentaire mondiale et les prix des denrées alimentaires», sur fond d'inflation généralisée dans de nombreux pays du monde. La veille, l'Ukraine avait réclamé des efforts internationaux pour maintenir ouvertes les voies maritimes en mer Noire utilisées pour le transport de ses céréales. De son côté, la Russie se plaint toujours que le second accord relatif à l'exportation des engrais russes, conclu également le 22 juillet, ne soit pas encore totalement respecté.

Climat: l’alimentation pourrait contribuer à 1°C de réchauffement d’ici 2100 

Le secteur agroalimentaire pourrait à lui seul contribuer de 0,7 à 0,9°C de réchauffement par rapport aux niveaux préindustriels d’ici 2100, estiment des chercheurs américains dans une analyse publiée début mars dans Nature. De manière inédite, cette analyse s’est intéressée aux émissions de 94 produits agricoles en détaillant leurs bilans en matière de CO2, de méthane, et d’émissions azotées. Principal avantage: cette division «permet d’utiliser des modèles très précis pour évaluer la réponse des températures aux changements de consommation». En appliquant le régime alimentaire moyen actuel à la population projetée en 2100, les chercheurs notent ainsi que «près de 80% du réchauffement estimé est dû au méthane». Près de la moitié de ce réchauffement pourrait cependant évité grâce à trois principaux leviers. L’adoption des meilleures pratiques disponibles en élevage ou en grandes cultures pourrait notamment réduire de 0,2°C le réchauffement attendu. La généralisation de la réduction de la consommation de produits animaux, avec un seul repas de viande rouge par semaine, entraînerait un effet du même ordre. La décarbonation du secteur de l’énergie offrirait enfin une réduction du réchauffement attendu de 0,15°C.

Cabinets de conseil: les dépenses du ministère de l'Agriculture en baisse (IGF) 

Dans un rapport paru le 8 mars, l'Inspection générale des finances (IGF) a évalué la bonne application d'une circulaire publiée en janvier 2022 visant à diminuer de 15% sur l'année les dépenses en cabinets de conseil. Ce document était paru deux mois avant la parution d'un rapport du Sénat pointant du doigt de trop grandes dépenses auprès des cabinets de conseil, notamment auprès de l'américain McKinsey, jugé par ailleurs proche d'Emmanuel Macron – deux enquêtes judiciaires ont été lancées récemment sur ce volet. Au ministère de l'Agriculture, les dépenses dites de «prestations intellectuelles» étaient de 2 millions d'euros en 2021 sur le périmètre régulé par la circulaire; elles sont passées à 851 000 euros en 2022, soit une baisse de 57%. Tous ministères confondus, la baisse a été de 35%; les dépenses les plus importantes se situent aux ministères de la Transition écologique (60 M€ en 2021, en baisse de 32% sur l'année) et de l'Intérieur (58 M€, -41%). L'IGF rappelle que l'année 2021 constituait une année exceptionnelle pour ce type de dépense en raison de la crise Covid, et appelle à poursuivre l'effort de réduction à 15% sur un an en 2023, et à piloter le dossier de manière pluriannuelle.

Vin : Arvitis sanctionné en Guyane et Guadeloupe par l'Autorité de la concurrence 

L’Autorité de la concurrence a annoncé le 8 mars des sanctions de 283 000 euros contre plusieurs sociétés du groupe Arvitis (champagne Canard-Duchêne) et deux grossistes-importateurs, Sodis Chrismay et Sodipa, pour avoir maintenu après la loi Lurel des droits exclusifs d’importation en Guyane et en Guadeloupe. La loi du 20 novembre 2012 sur la régulation économique outre-mer, dite loi Lurel, interdit, depuis le 22 mars 2013, les accords d’importation exclusive non justifiés dans les collectivités d’outre-mer. Selon l’Autorité, les entreprises sanctionnées ont maintenu, jusqu’au 31 décembre 2013, des contrats contenant des clauses de distribution exclusive. Ces pratiques d’exclusivité ont perduré hors cadre contractuel jusqu’au 31 décembre 2016, d’après le communiqué. L’Autorité de la concurrence prononce des sanctions d’un montant total de 283 000 €, dont 119 000 € pour Sodis Chrismay (Guyane), 47 000 € pour Sodipa (Guadeloupe), 117 000 € pour des sociétés Arvitis.