Opération Fermes ouvertes
Nouvelle édition des fermes ouvertes : une matinée au Gaec du Clos Vaillant

Florence Bouville
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Justine Petiot et son cousin Arnaud Jacques ont ouvert, pour la troisième année consécutive, les portes de leur exploitation, dans le cadre de l’opération des "Fermes ouvertes". Cette opération menée par la commission des agricultrices de la FDSEA 71 et cofinancée par le Département, permet à des élèves de primaire de découvrir la vie à la ferme. Justine et Arnaud y auront consacré deux matinées : celle du 3 mars et celle du 7, à laquelle nous nous sommes greffés.

Nouvelle édition des fermes ouvertes : une matinée au Gaec du Clos Vaillant
Justine Petiot et son cousin Arnaud Jacques ont ouvert les portes de leur exploitation à deux classes de primaires le 7 mars.

Justine et Arnaud auront, cette année, accueilli quatre classes provenant de l’école Pablo Neruda à Chalon-sur-Saône. La plupart des élèves de CP/CE1 et CE1/CE2, présents le 7 mars, n’avaient jamais mis les pieds à la ferme, ni même vu de vache. En amont de la visite, les maîtresses ont abordé quelques notions de la production agricole afin de dégrossir le sujet. Dans les jours qui suivent, les enfants réaliseront un livret synthétisant et illustrant leur matinée. Ce livret sera ensuite transféré à la commission des agricultrices. L’année passée, ils étaient trois agriculteurs pour encadrer les groupes. Cela leur avait permis de gérer plus facilement certaines activités, comme caresser les veaux. Même si l’opération des Fermes ouvertes est très intéressante pour Justine et Arnaud, d’un point de vue pédagogique et humain, le temps consacré reste important. L’occasion de remettre l’accent sur le dévouement des agriculteurs et agricultrices bénévoles, à l’attention notamment des établissements qui décommanderaient la sortie.

Sur son exploitation, le Gaec du Clos Vaillant élève 300 vaches charolaises et produit diverses céréales (blé, maïs, orge, colza, soja). Chaque année, ils font naître une centaine de veaux.

L’élevage bovin vulgarisé

Justine et Arnaud se sont livrés à un exercice complexe : expliquer de manière didactique les problématiques liées à l’élevage bovin. À commencer par la différence entre la filière viande et la filière laitière. Cela ne semble d’ailleurs toujours pas très clair dans la tête des écoliers, encore jeunes pour assimiler ces notions. À la question "Que mange la vache ?", les enfants ne savent pas répondre tout de suite. Le mot "foin" n’est, en effet, pas connu de tous. Justine précise que dans la ration, la plus grande partie est de l’herbe séchée, mêlée à du maïs et possiblement du blé. Remarque récurrente au sujet de la définition des céréales : « les céréales, c’est les Kellogg’s », montrant l’absence de lien entre ce que les enfants ont sous les yeux et leur assiette journalière (ainsi qu’une faute de conjugaison, N.D.L.R.).

Depuis trois ans, le cheptel compte également deux vaches normandes (Nora et Hermione), race plaisant énormément à Justine. Ces vaches sont très utiles lorsque des charolaises ont des jumeaux et qu’elles ne produisent pas assez de lait pour les veaux. « Ce sont les tatas du troupeau » explique Justine de manière imagée. Pour la présentation des génisses, c’est simple, ce sont celles qui ne sont pas encore devenues maman et qui mettront bas au mois de septembre. Un enfant s’interroge : « Comment tu fais pour retenir tous les prénoms ? ». Ce à quoi elle lui répond : « C’est mon travail ». Petit défi lancé par Justine, trouver un nom commençant par U pour le veau né la veille. Les enfants auront quelques jours pour se décider. Question inévitable : « Comment fait-on les bébés ? ». Sachant qu’il n’y a qu’un seul taureau sur l’exploitation, Justine et Arnaud ne sont pas rentrés dans les détails de l’insémination artificielle, utilisée pour plus de 3/4 des reproductions. Justine rassure les enfants, après la naissance une vache protège son petit.

Finalement, peu de questions concernent le métier agricole en tant que tel. Justine évoque quand même ses horaires de travail et sa présence à la ferme dès 6 h les matins. Enfants et adultes n’avaient pas à l’esprit la mise sous surveillance vidéo du cheptel, facilitant la prévention et le déroulé des vêlages nocturnes. Les questions se concentrent donc sur la vie de l’animal et son apparence physique. Les vaches du Gaec ont par exemple les cornes coupées, c’est un choix technique. Il a aussi fallu expliquer les boucles orange assurant l’identification de chacune des bêtes. « Elles ont chacune un passeport », déclare Justine. Certaines ayant un anneau au museau pour les empêcher de téter, « elle a encore envie d’être petite » s’exclame un élève. Avant d’aller voir l’extérieur de la ferme, les enfants ont pu, chacun leur tour, caresser la tête d’une des vaches et lui donner à manger des granulés. Symbolique de leur jeune vie, le réflexe de quelques-uns après avoir eu la main léchée fait sourire : demandant du gel hydroalcoolique.

Devant le tas de maïs ensilé, la notion de fermentation a été plus compliquée à faire comprendre. Justine marque ensuite une pause devant le bol mélangeur qui, en cette période, fonctionne une fois par jour. D’ici un mois, les vaches retourneront à l’herbe. Après s’être roulés et battus dans le foin, les enfants ont pu monter deux par deux dans le tracteur. Ils n’ont pas mis longtemps à mettre la main sur le klaxon. Petite pensée aux parents qui, le soir, auront bataillé à enlever les épis des cheveux et des chaussettes de leurs enfants. « J’ai envie d’habiter à la campagne » s’écrie un garçon en remontant dans le bus. Pari gagné.

Justine et Arnaud sont prêts à accueillir d’autres visiteurs

Comme le Gaec propose de la vente directe une fois par mois, les deux maîtresses accompagnatrices se chargeront de transmettre l’adresse de l’exploitation ainsi que le site de commande en ligne aux parents. Justine et Arnaud songent, d’autre part, à ouvrir la ferme à tous types de visiteurs, un week-end aux beaux jours. Pourrait être en plus installée une buvette, ce qui permettrait de promouvoir un artisan local. Ce qui est sûr, c’est qu’Arnaud et Justine gardent « l’envie d’expliquer ».