INTERVIEW
La filière viticole est la plus équipée de robots
Gwendoline Legrand, directrice du Forum International de la robotique agricole (Fira), souligne le fort développement des robots de désherbage mécanique en maraîchage et vigne, qui sera suivi du désherbage par laser, en attendant le grand marché des robots sur grandes cultures.
Quelles sont les innovations qui viennent d’arriver sur le marché des robots agricoles ?
Gwendoline Legrand : « Des innovations robotiques arrivent chaque semaine ! La robotique agricole est une industrie en pleine ébullition. Les données de marché qui sont à notre disposition font état de 20 à 30 % de croissance par an dans les cinq prochaines années. Pour vous répondre plus précisément, jusqu'à présent, les robots de désherbage mécanique étaient les plus présents sur le marché. Pour la bonne et simple raison qu'ils sont des solutions à des tâches répétitives, demandant beaucoup de main-d’œuvre ou des intrants à outrance, et que les collaborations entre concepteurs des outils et constructeurs de robots sont très actives. À l'heure actuelle, de nouvelles formes de désherbage sont en fort développement : le désherbage laser (Pixelfarming, K.U.L.T ou encore Carbon Robotics), le désherbage de précision (Pixelfarming ou Ecorobotix par exemple). À côté de cela, les robots pour la cueillette et le soin des vergers sont également en fort développement comme le Slophelper de Pek Automotive ou encore le robot d'élagage de Robotic Perception… »
Et quelles sont les innovations attendues mais qui ne viennent pas encore ?
G.L. : « Il existe une grande attente dans les robots pour les grandes cultures sur la partie travail du sol. Des robots existent, mais leur déploiement à grande échelle est un enjeu. De même, pour le secteur des carottes par exemple, qui rencontre des problématiques de désherbage sur le rang, ces robots sont attendus. Un appel à manifestations d'intérêt a d'ailleurs été lancé par Carottes de France pour inviter les constructeurs de robots à coconstruire une solution répondant à un cahier des charges bien précis. »
Les constructeurs ont besoin de retours d’expériences. Quels sont les secteurs de l’agriculture où les échanges sont les plus soutenus ?
G.L. : « J'aurais tendance à dire que c'est en viticulture que ces retours d'expériences sont les plus forts, même si, à ma connaissance, tous les constructeurs codéveloppent leurs machines en itération avec le terrain.
Comment s’est porté le marché du robot agricole en 2023 ? Quels secteurs de l’agriculture sont les plus acheteurs d’équipements et quels sont ceux qui en ont le plus besoin ?
G.L. : « Pour le comportement du marché en 2023, je vous renvoie à l'Observatoire des usages numériques (https://agrotic.org/observatoire/). Comme on le voit, c'est la filière viticole qui est la plus équipée de robots. Toujours est-il que les problématiques de pénurie de main-d’œuvre, d'impact environnemental ou de pénibilité sont vraies pour tous les secteurs de l’agriculture. »
À quels types d’énergies recourent le plus les robots ? L’alimentation des robots par l’énergie de la ferme est-elle développable (agrivoltaïsme, biométhane) ?
G.L. : « La principale source d'énergie est l'électricité, qui peut tout à fait être combinée à de l'agrivoltaïsme notamment. »
L’industrie du robot agricole est-elle préoccupée par l’évolution de la technologie des batteries ?
G.L. : « Absolument. Là aussi, les constructeurs de robots et les principaux fournisseurs de batteries travaillent main dans la main. L'autonomie des robots est particulièrement recherchée par les agriculteurs. »
Y a-t-il un problème de souveraineté stratégique comme pour l’alimentation ou le médicament ? Quels sont les principaux pays producteurs de robots ?
G.L. : « Je dirais que la France, les Pays Bas et les États-Unis sont les principaux pays développant des robots actuellement commercialisés. »
