Fédération nationale bovine
La transition écologique des élevages sous conditions

Les éleveurs de la Fédération nationale bovine (FNB) ont renouvelé leur volonté de réduire leurs émissions de carbone et de gaz à effet de serre. A condition que les directives juridiques soient claires et qu’ils puissent vivre décemment de leur travail. 

La transition écologique des élevages sous conditions

Les éleveurs de viande bovine ont toujours le rapport de la Cour des comptes (et bien d’autres) en travers de la gorge. « Réduire notre cheptel pour émettre moins de gaz à effet de serre, c’est non », a affirmé Guillaume Gauthier, éleveur charolais à Bourbon-Lancy et secrétaire général adjoint de la FNB. Il n’empêche. Comme de nombreux autres secteurs d’activités (transports, énergie, logements…), l’élevage devra s’inscrire dans les différents programmes français et européens. C’est sur la faisabilité de cette trajectoire que sont venus expliquer Darrell Leroux chargé de mission Énergie-Climat à la FNSEA et Mathieu Velghe, ingénieur agronome à l’Institut de l’élevage (Idele).

Avec 81 millions de tonnes équivalent CO2 (MteqCO2), l’agriculture pèse 19 % des émissions annuelles de GES en France et l’élevage en représente près de la moitié : 39 MteqCO2. La production bovine pèse 83 % de ces 39 MteqCO2. Dans l’optique de réduire les GES de 13 MteqCO2, plusieurs leviers ont été identifiés : réduire les apports en azote, par l’implantation de légumineuses notamment et en réduisant de 40 % la production d’engrais locale. Réduire l’empreinte du machinisme en augmentant le taux de biocarburants ou en utilisant certains vecteurs électriques. Enfin, en élevage, une meilleure conduite des troupeaux et réduire de moitié le tonnage de soja importé (souvent déforesté). D’autres pistes peuvent être envisagées : amélioration génétique ; additifs dans l’alimentation animale pour réduire les rejets de méthane ; adaptation des fourrages ; adaptation des races ; développer les énergies renouvelables (méthanisation…) travailler sur la biodiversité des sols ; amplifier le stockage carbone, etc.

Trouver les financements

En comparaison des efforts que doivent fournir les autres secteurs d’activité (transports, logement…) les exigences que Bruxelles et Paris demandent aux agriculteurs peuvent paraître moindre. Mais les marges de manœuvre ne sont pas extensibles, car on peut considérer que ces émissions sont essentielles pour se nourrir. Ce qui inquiète et énerve le plus les éleveurs, ce sont les demandes contradictoires des politiques français et européens. L’exemple le plus flagrant est celui du ratio prairies. D’un côté, les pouvoirs publics demandent de réduire l’élevage, surtout bovin, gros émetteur de méthane, notamment en faisant évoluer les régimes alimentaires, et de l’autre, ces mêmes dirigeants exigent de maintenir des prairies qui permettent de stocker du carbone et de préserver la biodiversité.

Il faudra surtout trouver les moyens financiers d’assurer cette transition qui va coûter très cher. « Il faut toujours garder en tête d’avoir une rémunération pour que nous puissions faire cette transition », a expliqué Guillaume Gauthier. Ce qui suppose que les actions vertueuses des agriculteurs soient valorisées et que le consommateur consente à payer. Ce qui n’est pas le cas actuellement. Dans tous les cas, « la planification écologique ne se fera pas sans les ruminants » a conclu le secrétaire général adjoint de la FNB.