Gestion des forêts privées
Un précieux coup de pouce pour la plantation forestière

Marc Labille
-

Le fonds de dotation Plantons pour l’Avenir permet à des propriétaires privés de financer des travaux de rénovation forestière. Rendu possible grâce à la coopération forestière et à l’engagement de mécènes, c’est un précieux coup de pouce au maintien de la ressource bois.

Un précieux coup de pouce pour la plantation forestière
Le 10 mars dernier, la CFBL avait donné rendez-vous à Diconne dans une parcelle ayant bénéficié du fonds Plantons pour l’avenir.

Depuis 2014, le Fonds de dotation Plantons pour l’avenir aide à replanter des forêts privées. Créé par la coopération forestière, ce fonds permet à des sociétés ou particuliers mécènes de financer des plantations en effectuant un don défiscalisé. 224 projets totalisant 1.350 hectares de forêts replantées ont bénéficié de ce dispositif depuis 2014. Cela équivaut à 1,6 million d’arbres pour un montant total de 3,7 millions d’euros abondés par 145 entreprises mécènes, rapporte Richard Lachèze, de la coopérative forestière Bourgogne Limousin (CFBL).

En temps que gestionnaire forestier et elle-même mécène dans l’opération, la CFBL instruit le dépôt des dossiers et assure le suivi technique des plantations sur son territoire.

Prêt à taux zéro

Le 10 mars dernier, une parcelle ayant bénéficié du fonds Plantons pour l’avenir était présentée à Diconne. « Il s’agit d’une propriété qui a subi de gros prélèvements de chênes dans le passé, si bien qu’elle n’était plus en mesure de produire du bois d’œuvre de qualité », présentait-on sur place. La parcelle avait besoin d’être « enrichie, mais le propriétaire (M. Curot) n’avait pas les moyens de réaliser cet investissement », confie Richard Lachèze. La situation a évolué avec la montée en puissance du débouché bois plaquette qui a permis au propriétaire de valoriser les bois de taillis (tremble, charme) en énergie. Avec la vente des quelques chênes qui restaient, M. Curot ne pouvait cependant financer que 20 % du coût de replantation. Mais grâce au fonds de dotation Plantons pour l’avenir, il a pu bénéficier d’un prêt à taux zéro remboursable sur 30 ans finançant 80 % du montant des travaux.

2,5 hectares ont été reboisés pour un investissement total de 9.000 €. Grâce au fonds de dotation Plantons pour l’avenir, M. Curot a pu bénéficier d’une aide remboursable de 6.800 €.

Une start-up du Mâconnais comme mécène

Cette aide n’aurait pas été possible sans l’intervention des mécènes qui financent le fonds de dotation. Outre la CFBL et le Crédit Agricole Centre-Est partenaire historique de la démarche, un troisième donateur a permis au chantier de M. Curot de se concrétiser. Il s’agit de la startup Arbol, jeune entreprise du Mâconnais fondée par Vincent Marlin. S’inscrivant dans une démarche écoresponsable, Arbol commercialise des gourdes recyclables en aluminium. Un choix guidé par le souhait de contribuer, par cette activité, à la réduction des déchets plastiques liés au conditionnement de l’eau de boisson. Et c’est tout naturellement que le jeune startuper a eu envie de favoriser la reforestation. Il s’est engagé à verser un don pour chaque gourde distribuée par son entreprise.

Pour les forestiers, ce fonds de dotation est un précieux outil pour encourager la plantation alors même que le renouvellement de la forêt française est en danger (lire encadré). « Il s’agit d’un fonds pérenne soutenu par les entreprises. Il se présente sous la forme d’un prêt à taux zéro et non une subvention », fait valoir Richard Lachèze.

Du robinier faux acacia

« Pour améliorer la parcelle, le choix a été fait de reboiser la zone la plus pauvre dépourvue d’essences adaptées au changement climatique. C’est le robinier faux acacia qui a été retenu pour sa croissance rapide, ses excellentes capacités d’adaptation et son bois très apprécié tant en piquet que pour le sciage. Le bois d’acacia remplace en effet les bois exotiques dans des usages comme les terrasses », rapporte Richard Lachèze de la CFBL. Le sol a été décompacté à 60 cm de profondeur sur une ligne qui accueille les nouveaux plants. Ce sont de jeunes robiniers de deux ans, en godet. Ils sont plantés à une densité de 2.000 par hectare. Les frais de préparation et de plantation s’élèvent à 2.800 € par hectare. Un coût qui est couvert par l’aide du fonds de dotation. Au bout de 20 à 25 ans, une première coupe devrait ramener la densité à 200 – 300 brins par hectare pour une production optimale de bois d’œuvre. Cette première coupe devrait générer des piquets vendus environ 15 à 30 € le stère.

Plantations printanières maintenues malgré le Covid-19
Malgré le Covid-19, la CFBL a maintenu ses plantations de printemps.

Plantations printanières maintenues malgré le Covid-19

Malgré le confinement, la CFBL est parvenue à réaliser sa campagne de plantation printanière. Désireuse d’assurer l’avenir, la coopérative qui disposait de tous les plants nécessaires s’est organisée en conséquence. Toutes ses équipes forestières ont été mobilisées sur les départements bourguignons de sa zone. Travaillant au grand air, sur des lignes de plantations distantes de 3 mètres, le personnel a adopté les fameux « gestes barrières ».

Industries du bois à l’arrêt sauf la papeterie…

« La crise du Coronavirus bloque de nombreuses entreprises et a déjà un impact fort sur l’économie de la filière forêt-bois », rapporte la coopération forestière. La chute de l’activité dans le bâtiment a mis à l’arrêt la plupart des scieries. La récolte de bois a fortement ralenti quand les chantiers n’ont pas été complètement arrêtés. Seul le bois de chauffage est encore exploité et les opérateurs maintiennent l’approvisionnement des industries du papier, cartons, palettes et emballages ; des secteurs qui, contrairement au reste, tournent à plein, rapporte-t-on. C’est la conséquence de la demande urgente de produits de première nécessité : masques et papier hygiénique en tête, mais aussi gels, produits médicaux… En Bourgogne, des bois d’éclaircie de résineux destinés à la trituration partent des ports de la Saône pour rejoindre l’usine de papier de Tarascon, confie Richard Lachèze de la CFBL.

Dans ce contexte, le président de l’UCFF (coopératives forestières), Bertrand Servois, encourage la reprise des activités dans le respect des consignes de sécurité sanitaire des personnels. Il affirme aussi que « les aides de l’État sont indispensables aux entreprises de la filière forêt-bois, que les coopératives forestières continuent de soutenir les propriétaires forestiers et que le bois français doit être le matériau privilégié du plan de relance du pays ».

Le renouvellement de la forêt française en danger

« Faute de plantation suffisante, la forêt française ne sera plus en capacité de répondre à la demande croissante en bois », alertent les responsables de la CFBL qui pointent aussi le rôle des forêts dans la transition écologique ainsi que dans le développement durable des territoires. Aussi, la plantation est-elle vivement encouragée. D’autant qu’elle permet d’introduire des espèces adaptées aux évolutions climatiques. On dispose en effet « de variétés forestières améliorées dotées d’une base génétique plus large que celle des peuplements naturels, ce qui leur confère une adaptabilité plus importante et donne des peuplements plus résistants. La forêt française couvre 16 millions d’hectares soit près de 30 % du territoire. Chaque année, 40 millions de m3 de bois sont consommés en France pour la construction, l’industrie et l’énergie. La filière forêt-bois représente 440.000 emplois et 60 milliards d’euros de chiffre d’affaires », font valoir les représentants de la filière. Il faut aussi avoir en tête que 1 m3 de bois stocke 1 tonne de CO2. Et la forêt française est un atout indiscutable en termes de biodiversité.