Vendanges 2021
Des questions pour l’avenir

Cédric MICHELIN
-

Ce mercredi 15 septembre, le préfet de Saône-et-Loire est venu faire le point sur les vendanges 2021, déjà débutées à Igé au Domaine Fichet. L’Union viticole et la profession en ont profité pour faire le point sur les difficultés de l’année qui se répercuteront aux suivantes.

Des questions pour l’avenir
Olivier Fichet et Thomas Canonier, de la chambre d’Agriculture, montraient les conséquences du gel et des maladies au préfet.

Accompagné du DDT de Saône-et-Loire, Jean-Pierre Goron, le préfet, Julien Charles avait enfilé l’imperméable après une nuit affichant déjà 30 mm de pluie. Une pluie qui aura marquée le début d’été et obligé de nombreux traitements pour tenter d’éviter les maladies. Mais 2021 restera surtout marquée par le gel d’avril. À leur Domaine, Pierre-Yves et Olivier Fichet estiment l’impact « proche de -70 à -80 % » de rendements, après déjà avoir perdu -70% en rouge l’an dernier suite à la sécheresse (et -20% en blanc) et -50% en 2019 sur les chardonnays. Les premiers coups de sécateur et pressurage ne sont pas de nature à remonter le moral. Sur leur 5,5ha de pinots noirs précoces (an dernier vendangés dès le 12 août !), seul 15hl/ha ont été récolté ; 20hl/ha en chardonnay sur les « 6 ha de belles vignes de chardonnay », démontrant ainsi tout l’impact du gel et du mauvais climat de l’année. « Ça va devenir compliquer de vendre après. Nos stocks n’ont jamais été aussi bas », anticipant des pertes de marchés dès 2022. « Nos assurances ne boucheront pas les trous, surtout qu’on avait investi pour développer l’export (40% des 250.000 cols/an) ». Même inquiétude du côté des caves coopératives. Pour les caves coopératives, le président de la FCCBJ, François Legros rajoutait que la « baisse des revenus des coopérateurs va être moins violente mais va durer plus longtemps », en raison des paiements étalés des millésimes, « et nous risquons de voir passer le train des aides ».
Ayant vendangé dix ans au Domaine Fichet, le député, Benjamin Dirx notait de l’examiner au sein de la commission Finances de l’Assemblée nationale mais rappelait les aides promises par le Ministre de l’Agriculture – un milliard d’€ - après le gel. Soit 140.000 € fléché dans le département prioritairement aux jeunes installés et aux arboriculteurs, rappelait le préfet. Ayant récemment effectué des tournées calamités, ces dernières devraient être mises en place (Telecalam) d’ici la fin d’année, « une fois les déclarations de récoltes connues », expliquait Jean-Pierre Goron. Même pas de temps pour les aides promises par le Département, glissait le conseiller Jean-François Cognard. Le président de la FDSEA de Saône-et-Loire, Christian Bajard insistait : la « viticulture est bien la production la plus en difficulté en cette année si particulière » mais qui risque malheureusement de se répéter avec le changement climatique.
Tous tombaient donc d’accord sur l’obligation de « réfléchir à long terme » et d’actionner tous les leviers possibles. Sur le volet assurantiel évidemment, mais aussi fiscal, technique… Après les VCI, la CAVB va demander « le déplafonnement des rendements butoirs pour récolter plus les bonnes années, ce qui ne couterait rien à l’État », argumentait, Jérôme Chevalier, son vice-président.
Mais pour l’heure, les vignerons n’en sont pas là et ont plutôt en tête de sauver un maximum de raisins. Pas simple avec du botrytis en cœur de grappe, les émiettant. Des choix stratégiques sont à faire. Il se fera moins de crémants cette année, beaucoup de vignerons s’étant désengagés pour privilégié les vins tranquilles. La question de passer à la machine à vendanger dépend de la situation sanitaire de chaque parcelle. Et pour trouver des vendangeurs, la réglementation n’aide pas. « L’emploi devient une vraie préoccupation avec le problème de loger les saisonniers », se plaignait Patrice Fortune, président de l’Union viticole 71. Avec un taux de chômage autour de 6%, « on est au chômage structurel. On essaye d’activer les chômeurs de longue durée et les faire revenir sur le marché de l’emploi », indiquait Julien Charles qui constate ce déficit de main-d’oeuvre dans tous les secteurs en tension.
Le préfet repartait avec la ferme volonté de continuer à travailler sur tous ces sujets et bien d’autres (Charte ZNT…). L’Union viticole 71 et la profession ont déjà pris date.