Ruralité
Jeunes femmes des villes contre jeunes femmes des champs

Cédric MICHELIN
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La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a publié une étude soulignant les inégalités de formation et d’emploi entre les jeunes femmes rurales et leurs homologues urbaines.

Jeunes femmes des villes contre jeunes femmes des champs
Financièrement, les jeunes ruraux perçoivent 815 euros par mois quand un jeune urbain reçoit 765 euros.

Si l’on en croit l’étude que la Drees a rendue publique cet été, il existe bien d’un côté, les femmes des villes et de l’autre, celle des champs que de nombreuses caractéristiques semblent différencier. La Drees s’est basée sur des statistiques de 2014 pour réaliser cette étude sur les jeunes femmes, âgées de 18 à 24 ans. Celles-ci représentent environ 45 % de cette strate d’âge habitant à la campagne contre 50 % pour celles qui habitent en ville. « De fait, parmi les jeunes issus du monde rural, les femmes quittent plus souvent leurs territoires que les hommes à ces âges », expliquent les statisticiens de la Drees. Ils remarquent aussi que fin 2014, 46 % des jeunes femmes rurales étaient en cours d’études contre 55 % pour leurs alter-ego urbaines. Les premières (47 %) visent d’ailleurs « des études plus courtes » (Bac+3) que les secondes (35 %). Ce phénomène s’explique en partie « par la structure de l’emploi dans les territoires ruraux, caractérisée par une demande d’emploi peu qualifiée […] source d’une ambition professionnelle plus limitée », explique l’étude. Les jeunes citadines visent un Bac+5 qui leur donnerait plus aisément un poste à responsabilité avec de meilleures opportunités de rémunération.

Davantage d’activités sportives

Cela étant, après leurs études, les jeunes femmes rurales trouvent aussi souvent un emploi (59 %) que les urbaines (6 1%) mais moins que les jeunes hommes ruraux (64 %) « ce qui peut s’expliquer, en partie par des choix différenciés de formation ainsi qu’un tissu d’emploi aggravant la ségrégation professionnelle », toutes choses égales par ailleurs, tient à préciser la Drees. Il n’en reste pas moins que les jeunes femmes ont des emplois plus précaires (à durée déterminée, aidé, intérim) à la campagne (41 %) qu’à la ville (34 %), avec des horaires plus irréguliers. « En effet, 30 % des jeunes rurales n’ont pas d’horaires de travail fixes contre 24 % des jeunes urbaines », indique la note. Par ailleurs, les femmes des territoires ruraux vivent plus souvent en couple, à âge identique (43 %), qu’en milieu urbain (30 %) et doivent ainsi assumer une vie de famille plus rapidement. Elles déclarent aussi dépenser autant d’argent que celle des villes pour leurs loisirs mais « davantage pour des activités sportives et deux fois moins pour voyager à l’étranger », rapporte la Drees qui explique cette tendance par le fait qu’en zone rurale « l’accessibilité plus faible […] à des moyens de transport internationaux peut limiter la possibilité de partir en voyage ». Cependant, les jeunes rurales déclarent aussi moins souvent se priver de loisirs (livres, ordinateur, tablette, sorties culturelles…) que les jeunes urbaines. « Elles sont 62 % à ressentir au moins une privation contre 70 % chez les urbaines ». Finalement, selon cette étude, les jeunes femmes rurales seraient moins favorisées qu’en ville. Voilà de quoi donner un peu de grain à moudre au secrétaire d’État à la Ruralité, Joël Giraud.