Gaec de la Boisette à Montmelard
Seulement 1 h 15 pour traire 750 chèvres !

Marc Labille
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Avec près de mille animaux à traire, le Gaec de la Boisette est équipé de deux salles de traites dont un roto de 56 places. Cet outil efficace lui permet de traire 750 chèvres en seulement 1 h 15. Un gain de temps très appréciable dans cette exploitation atypique qui transforme 650.000 litres de lait.

Seulement 1 h 15 pour traire 750 chèvres !
Lionel Gelin et Loïck Dedieu, les deux gérants de la Ferme de la Boisette à Montmelard.

À la Ferme de la Boisette, 750 chèvres et près de 200 brebis sont traites chaque jour. Située en plein piémont, tout près de Montmelard, l’exploitation possède deux salles de traite distinctes pour ces deux troupeaux. Il y a six ans, la ferme s’est équipée d’une salle de traite rotative de 56 places. C’est la cinquième salle de traite construite pour s’adapter à l’augmentation d’effectif du troupeau passé de 60 à 750 chèvres en près vingt ans. Avant la mise en service du roto, il fallait trois heures pour traire les animaux matin et soir : « presque l’équivalent d’un temps plein », fait remarquer Lionel Gelin, l’un des associés. Le roto a permis d’abaisser le temps de traite à 1 h 15. Pour ce nouvel investissement d’un montant de 150.000 €, le Gaec s’en est remis à son fournisseur habituel : Technic Élevage à Replonges (01).

Confort des trayeurs

C’est dans un local carré fermé sans poteau de 14 m de côté que la salle de traite rotative a été installée. Ce bâtiment jouxte la chèvrerie de 140 m de long qui abrite les 750 chèvres en production. Ce local de traite a été conçu pour favoriser le confort des trayeurs. Isolé et entièrement lavable, il est recouvert de panneaux sandwich qui offrent aussi un bon niveau d’insonorisation. Les éléments bruyants tels la pompe à vide ont été placés à l’extérieur du local.

Appelée aussi roto ou manège, la salle de traite rotative de la Ferme de la Boisette est de la marque Albouy. Le trayeur occupe un poste fixe à proximité de l’arrivée des chèvres. Ces dernières se placent, l’une après l’autre, sur une sorte de quai de traite circulaire qui tourne automatiquement. La chèvre est traite pendant sa rotation sur le roto qui en trait ainsi 56 simultanément au rythme de 600 chèvres à l’heure.

Un tour de manège

Un couloir conduit les chèvres vers le roto où elles sont arrêtées par une porte automatique. Lorsque la place vide arrive en face de l’animal, la porte s’ouvre et la chèvre y accède attirée par une ration de concentrés. Un capteur déclenche l’arrivée de l’aliment tandis que la chèvre est bloquée par un cornadis. La rotation du manège amène l’animal en face du trayeur qui branche alors les gobelets sur les mamelles. Et l’opération se répète ainsi de suite pour le trayeur. À la fin du tour, les griffes sont retirées de la chèvre par un système de décrochage automatique. Le cornadis libère l’animal qui retourne vers la chèvrerie. De son poste, le trayeur peut moduler la vitesse de rotation du manège à l’aide d’un variateur. Un écran de contrôle doté d’une caméra lui permet de surveiller les chèvres qui tournent sur le roto. Il peut ainsi détecter celles qui se décrochent pour leur faire effectuer un second tour et achever leur traite.

Le lait des chèvres est recueilli dans un tank à lait où il est immédiatement refroidi de 36 à 22 °C. Puis il est aussitôt transféré vers la fromagerie voisine via un lactoduc sous-terrain.

Seconde salle de traite pour les brebis

Il y a trois ans, le Gaec a fait construire une seconde salle de traite pour son nouveau troupeau de brebis laitières. « Si le matériel est assez semblable entre les deux espèces, la traite des brebis et des chèvres fait appel à des réglages différents en termes de vide et de pulsation, d’où la nécessité de deux outils distincts », explique Lionel. De marque Bou Matic, la salle de traite ovine est une 2X10 permettant de traire 200 brebis en 45 minutes avec décrochage automatique. Sur les deux quais de traite, les brebis sont bloquées par des cornadis équipés de distributeurs d’aliments.

Du fait du terrain en pente, il n’a pas été possible de transférer le lait refroidi directement vers la fromagerie. Un pick-up équipé d’une cuve inox réalise cette tâche chaque jour.

Conduite en bâtiments

Les brebis sont traites pendant sept mois avec une période de tarissement entre juin et novembre. Conduites en trois lots, les chèvres assurent quant à elles une production de lait toute l’année. Beaucoup sont en lactation longue jusqu’à 24 mois sans tarissement, indique l’éleveur. C’est aussi un moyen d’avoir moitié moins de chevreaux à écouler, ajoute-t-il.

Les deux troupeaux sont nourris avec du foin pour lequel l’exploitation est autonome avec ses 90 ha de surface. Chez les chèvres, un robot distribue une ration complémentaire sèche à l’auge alors que le foin est donné chaque matin à l’aide d’une pailleuse. Quant aux brebis, la bergerie est équipée d’un tapis d’alimentation surmonté d’un distributeur de concentrés. L’absence de pâturage est un gage de régularité pour le rendement fromager et la qualité des fromages, confie Lionel. La maîtrise de la température en fromagerie (22 °C) est un autre impératif pour la régularité des produits. Pour un tel troupeau, la conduite en bâtiment dispense aussi de traitements antiparasitaires, ajoute Lionel Gelin.

 

Rideaux gonflables
Grâce à ce système de volets gonflables commercialisé par Technic Élevage, le Gaec de la Boisette a pu mettre un terme à des problèmes respiratoires qui touchaient ses animaux.

Rideaux gonflables

Au chapitre sanitaire, le Gaec de la Boisette a pu mettre un terme à des problèmes respiratoires en équipant ses bâtiments de volets gonflables. Constitués de boudins pneumatiques transparents, ces rideaux se gonflent et se dégonflent suivant la température, la vitesse du vent, la pluviométrie, détaille Lionel Gelin. « D’origine canadienne, ce système a du succès dans les élevages de petits ruminants », confie Dominique Berry de Technic Élevage. Remplis d’air, ces rideaux ont l’avantage d’être isolants contre le froid. Laissant passer la lumière, ils créent de meilleures conditions pour la reproduction. Enfin, avec ce dispositif, l’entrée d’air se fait par la partie haute des longs pans. Une ventilation par le haut qui assure un meilleur confort sanitaire aux animaux.

 

Deux associés, 13 salariés, 650.000 litres de lait transformés !

Le Gaec de la Boisette est une exploitation un peu atypique en Saône-et-Loire. À l’origine de cette ferme spécialisée dans la transformation fromagère, il y a Lionel Gelin installé à Montmelard il y a 25 ans. Après avoir commencé sa carrière dans le commerce horticole, Lionel Gelin créait un élevage de 60 chèvres sur une petite ferme de 25 hectares provenant de ses beaux-parents. Dans les années 1990, l’obligation de mise aux normes des ateliers fromagers bouleversait la production fermière du département. Entrepreneur dans l’âme et rompu aux techniques du commerce, Lionel Gelin a immédiatement senti un développement possible dans les fromages de chèvres. La structure est passée de 60 à 750 chèvres en l’espace d’une vingtaine d’années seulement ! Aujourd’hui, Lionel est associé avec l’un de ses anciens apprentis, Loïck Dedieu. Le Gaec emploie 13 salariés et la structure couvre désormais 90 hectares. Outre les 750 chèvres de race saanen, le Gaec possède aussi un atelier ovin laitier de près de 200 brebis lacaune et la ferme achète également du lait de vaches. Au total, la Ferme de la Boisette transforme 650.000 litres de lait dans sa fromagerie de 300 m². « Nos produits sont commercialisés auprès de 150 clients professionnels que nous livrons chaque semaine dans un rayon de 150 km autour de Montmelard. Nous avons deux commerciaux équipés de deux véhicules frigorifiques qui se chargent de la commande jusqu’à la facturation », explique Lionel Gelin. Cette clientèle constituée majoritairement de GMS va de la boucherie-charcuterie à l’hyper marché. Exigeante mais bien cadrée, la grande distribution est une valeur sûre pour le Gaec qui a su se faire une place auprès de ces clients réputés difficiles. Sur place, la Ferme dispose d’une boutique de vente directe ouverte 4 heures par jour et cet automne, elle ouvre un magasin à Romanèche-Thorins.

Si la Ferme de la Boisette approche le millier d’animaux en production, les deux gérants gardent la main sur cette exploitation gérée comme une entreprise. Les deux patrons ont chacun leur domaine de prédilection : gestion du troupeau, alimentation, fourrages pour Loïck et transformation, commercialisation pour Lionel. En fromagerie, cinq salariés fabriquent les fromages.