Vins de Bourgogne
Une Bourgogne qui flirte avec les records, mais reste prudente face aux incertitudes

Sur la première partie de l’année 2021, la Bourgogne progresse sur presque tous ses marchés, affichant même une croissance par rapport à la période d’avant crise Covid-19, notamment grâce à la récolte 2020, au boom de la consommation lié au déconfinement. Dans l’année qui vient, ses positions pourraient toutefois être mises à l’épreuve par l’arrivée d’une récolte 2021 moins généreuse.

Une Bourgogne qui flirte avec les records, mais reste prudente face aux incertitudes

Si la récolte 2021 n’est pas encore précisément arrêtée en volume, la récolte 2020 - près de 1,56 million d’hectolitres -, pour partie en vente actuellement, redynamise sorties de propriétés et transactions. À fin juillet 2021 néanmoins, les stocks à la propriété semblaient déjà en deçà de la moyenne quinquennale, analyse le BIVB, qui voit l’équivalent du côté des stocks négociants. Dans sa note de synthèse, l’Interprofession des vins de Bourgogne (BIVB) compare les chiffres de l’année avec les résultats 2019, en raison de la crise Covid-19 qui a fortement ralenti les échanges commerciaux, notamment à l’international, et en faisant une « année hors norme » à bien des égards.


Des sorties de propriétés redynamisées

En 2020, le volume récolté (près de 1,56 million d’hectolitres) est supérieur à la moyenne des cinq derniers millésimes (1,46 million d’hl sur 2015-2019). Une excellente nouvelle après le millésime 2019 qui était déjà l’un des plus bas de ces dix dernières années (1,25 million d’hl)… avant 2021 donc.  
Le millésime 2020, d’une excellente qualité, permet logiquement de tirer à la hausse les transactions, relançant ainsi la dynamique d’achats dans toute la Bourgogne. L’excellente qualité de 2020 fait actuellement regretter aux vignerons de ne pas avoir pu en mettre plus en VCI ou VSI. Des demandes en ce sens de la profession continuent d’être faites auprès des Douanes et de l’Inao pour avoir à l’avenir cette « assurance qui ne coûte rien à l’État » en cas de gel comme la France a connu ce printemps. 
En attendant, le volume des transactions 2020-2021 (869.141 hl) croît de + 12 % par rapport à la campagne 2019-2020 et même de + 9,3 % sur la moyenne des cinq dernières campagnes (2019-2020 à 2015-2016). Ainsi, la disponibilité du millésime 2020 (89 % des volumes de transactions 2020-2021) a permis de rapidement compenser le faible volume du millésime 2019. 
Car, dans le même temps, les sorties de propriété de la campagne 2020-2021 (1,63 million d’hl) sont en hausse : + 10,9 % par rapport à la campagne 2019-2020. Et toutes les couleurs profitent de cette belle dynamique : les vins blancs (+ 12 %), le crémant de Bourgogne (+ 25 %) et même les vins rouges (+ 1,8 %), et ce, malgré un volume en légère baisse sur le millésime 2020 (- 1,7 % par rapport au millésime 2019).


Questions de stocks

Résultat, le BIVB estime le stock à la propriété en fin de campagne 2020-2021 proche d’1,2 million d’hectolitres. Un résultat quasi équivalent à la situation des campagnes 2016-2017 et 2017-2018, également impactées par une petite récolte (2016). Ce stock est complété par un stock équivalent au négoce. Cela offre à la Bourgogne, à la veille des vendanges, l’équivalent de près de deux années de récoltes moyennes en stock. Le BIVB ne rentre pas plus dans les détails à ce stade mais se contente d’affirmer que « la Bourgogne ne souffre pas de sur-stockage à la propriété. Elle veillera dans l’année qui vient, comme après le millésime 2016, à alimenter ses marchés ». Une façon de dire qu’il va falloir garder des vins pour les clients fidèles et réduire les quantités pour servir les clients à la propriété, voir refuser des commandes de nouveaux clients professionnels. « Les professionnels bourguignons restent toutefois très vigilants : le boom actuel de la consommation et l’arrivée de la petite récolte 2021 nécessiteront un pilotage très fin des volumes et de la distribution. C’est l’un des grands enjeux à relever pour les deux prochaines années », conclut le BIVB. 

 

France : les vins de Bourgogne performent en Grande Distribution

Au premier semestre 2021, les vins de Bourgogne continuent de progresser dans la distribution moderne, après avoir déjà bien progressé en 2020. Avec les confinements, les Français des classes moyennes et supérieures ont épargné et ont aujourd’hui envie d’en dépenser une partie. Dans un contexte de croissance de l’économie, l’ensemble des ventes de vins d’AOC français suit ce rythme (+ 1,8 % en volume et + 7,2 % valeur sur les 6 mois 2021 / 6 mois 2020). Il en va de même pour le bilan des ventes de vins tranquilles de Bourgogne qui est encore plus « excellent », selon les chiffres du BIVB : + 17,2 % en volume et + 22,1 % en chiffre d’affaires (6 mois 2021 / 6 mois 2020). Une performance alors que la grande distribution fait partie des commerces qui n’ont jamais fermé malgré le Covid et ont même concentré les achats alimentaires et de boissons. Tous les concepts de magasin sont à la hausse en volumes : Hypermarché (+ 18,6 %), Supermarché (+ 18 %), Proxi (+ 14 %) et Drives (+ 13,6 %). Est-ce le phénomène des « apéros zoom » qui a vidé les caves ? Reste que les vins blancs ressortent grands gagnants avec + 19 % en volume par rapport aux mêmes 6 mois 2020. Tous les vins blancs de Bourgogne progressent, avec quelques résultats très remarqués comme les régionales mâcon avec +18,3 % en volume, les régionales bourgognes (hors aligoté) avec + 11,5 % en volume et même +36,5 % pour l’AOC chablis !
En vins rouges, les ventes sont également en croissance, à + 14,1 % en volume par rapport au 1er semestre 2020. À noter les belles performances des régionales bourgogne (+ 11,8 % en volume) ou des AOC villages de la Côte Chalonnaise qui renouent avec la croissance après une baisse en 2020 : + 34,5 % en volume.
Enfin, si le crémant de Bourgogne connaît une belle croissance sur ce 1er semestre 2021 (+ 9 % / 6 mois 2020), l’appellation effervescente n’est pas encore tout à fait revenue au niveau de 2019 (- 7 %).

L’export redécolle

Le déconfinement et la levée progressive des contraintes liées à la crise sanitaire provoquent un boom de la consommation dans de très nombreux pays. Directement impactées et bénéficiant aussi de la fin de la surtaxe américaine, les exportations de vins de Bourgogne repartent largement à la hausse (après une année 2020 relativement stable) : + 22,1 % en volume et + 26,2 % en valeur. Par contre, nul ne sait combien de temps durera cette embellie mondiale, la situation restant suspendue à d’éventuels nouveaux pics pandémiques, aux pénuries de diverses matières premières et aux tensions internationales politiques ou économiques.
Les hausses concernent presque tous les marchés exports. Les États-Unis restent le premier marché des vins de Bourgogne en valeur en 2020 et le second en termes de volumes, derrière le Royaume-Uni. Après 18 mois difficiles, en raison de la mise en place de la taxe Trump de 25 % ad valorem, les vins de Bourgogne bénéficient pleinement, depuis ce printemps, de la suspension pour cinq ans de cette même taxe. Résultats : + 14 % en volume et + 12,5 % en chiffre d’affaires par rapport à la même période de 7 mois en 2019. Les AOC régionales mâcon (14,3 % des volumes exportés) profitent même d’une croissance de + 10,4 % en volume. Une belle performance d’autant plus remarquable que les mâcons avaient maintenu leurs croissances en volume sur les 7 mois 2020.
Pour l’heure, malgré le Brexit, le Royaume-Uni reste le second marché des vins de Bourgogne en valeur en 2020 et le premier en volume. Pour les 7 premiers mois 2021, les vins de Bourgogne progressent en volume : + 19,7 % (/7 mois 2019). Ces résultats, plutôt inattendus après la déjà belle année 2020 (+ 12,3 % / 7 mois 2019), sont en partie liés à la pérennisation des mesures temporaires favorisant les importations post-Brexit.
Le Royaume-Uni a connu une reprise économique plus rapide que les pays de l’Union Européenne, grâce à une campagne de vaccination plus précoce et à la levée des restrictions sanitaires dès le 12 avril. Cependant, il n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant crise, ayant été beaucoup plus touché par la pandémie que ses voisins.
Il reste à surveiller les règles d’importation qui seront mises en place dans le cadre du Brexit : elles pourraient impacter les échanges dès 2022.