Attaques de prédateurs : loups, lynx…
Brebis et veaux en danger, la traque s’accélère dans le Clunisois

Cédric Michelin
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Lundi 14 novembre au Gaec Thivent à Navour-sur-Grosne, le nouveau préfet de Saône-et-Loire a répondu à l’appel de la profession pour accélérer la nouvelle traque du ou des prédateurs qui sévissent dans le Clunisois.

Brebis et veaux en danger, la traque s’accélère dans le Clunisois

Les attaques ont débuté le 8 octobre. Une éternité pour les éleveurs qui découvrent au petit matin, leurs brebis mortes ou juste déchiquetées, conduisant à les euthanasier. Huit brebis figurent pour l’heure sur cette funeste liste, décomptaient les éleveurs présents lundi soir sur l’exploitation de Franck et Joris Thivent. Fin octobre, c’est même le cadavre d’un veau charolais de trois semaines - « avec 10 kg de viande mangés » - retrouvé sur l’exploitation voisine de Magali Dufour, qui a confirmé la crainte des éleveurs : la présence d’un nouveau loup.
Pourtant, la preuve formelle se fait attendre. L’OFB (Office français de la biodiversité) a posé six pièges-photo et la FDSEA de Saône-et-Loire en a rajouté cinq sur tout le secteur. La chambre d’agriculture de Saône-et-Loire coordonne le tout. Pour l’heure, seul un chien divagant a été repéré, identifié et son propriétaire va le tenir enfermer. Le DDT, Jean-Pierre Goron, soulignait les difficultés à faire de bons prélèvements – poils, crottes… - pour analyse ADN. « Le mieux, ce sont les photos pour identification, même floues », invitait-il à faire remonter à ses services. Les tests ADN servant plus à un suivi des souches de loups (italienne, Europe Nord-Est…) désormais présents partout en France, jusque dans les Pyrénées-Atlantiques.

Aller au plus vite

Le nouveau préfet Yves Séguy était là pour assurer qu’il « nous importe d’aller au plus vite sur les mesures » à respecter toutefois. « On n’exclut pas le loup, ni d’autres formes de prédation. Ce qui ne nous empêche donc pas de mettre en œuvre le plan Loup », lançait-il en regardant les louvetiers présents, invitant ainsi à la traque aux preuves. Nul doute que des tirs de défense simple suivront alors rapidement.
La profession – FDSEA, JA, chambre – avec les services de l’État prenaient donc rendez-vous pour s’organiser efficacement. Car, comme à chaque fois, la principale difficulté est de protéger rapidement les lots. « Mais on ne peut pas les fermer, on n’a pas assez de place en bergerie. Avec le relief et 300 brebis en six lots, on va passer des journées pour rien à installer les grillages », ceux fournis par la DDT, déplorait Franck Thivent. Pour l’avoir expérimenté, l’éleveuse et élue chambre, Sandrine Meunier sait que les « brebis gestantes sont bien à l’herbe mais lors des attaques dans le Charolais, on n’a pas eu d’autres choix que de les rentrer », avec la coordination du technicien chambre, Laurent Solas, pour restreindre les possibilités où le loup pouvait attaquer. En Saône-et-Loire, 40 nouveaux chasseurs vont être formés prochainement, faisant monter à une centaine le nombre de personnes habilitées à tirer le loup.

Pas compatible avec l’élevage

Tout ceci prend forcément trop de temps, sans compter le délai des démarches administratives et celui pour les indemnisations. De la DDT, Clémence Meyruey se tenait prête à toutes demandes.
Rejoignant l’avis de la profession, le député Dirx redisait que « le loup n’a rien à faire chez nous ». Il compatissait sur la « souffrance psychologique » engendrée et les difficultés financières découlant des pertes à court et long termes (génétique, reproduction…). Du côté de la FDSEA et des JA, la pression est mise sur le gouvernement et l’Europe, respectivement via notamment le ministre de l’Agriculture et le député européen Jérémy Decerle, pour faire évoluer le plan Loup et la convention de Berne.

Reste la question des moyens en local. Si le député Dirx se disait prêt à prendre sur « sa réserve parlementaire » pour des pièges-photo supplémentaires, il remerciait le Département pour la participation au financement des lunettes de tirs nocturnes (thermiques).
Le président de la FDSEA de Saône-et-Loire, Christian Bajard, le réaffirmait avec ses mots d’éleveurs : « on n’acceptera jamais de voir dévorer nos animaux ». Il redisait aussi que le « loup n’est pas compatible avec nos modes d’élevage », menaçant la viabilité, vivabilité et les installations en élevage à moyen termes.
À la fin de la journée, les éleveurs se réunissaient avec les louvetiers qui allaient passer la nuit sur place. Les questions fusaient. Deux dernières venaient semer un voile un peu plus noir sur la nuit blanche à venir : « on parle aussi de lynx observés au Col des Vaux, au viaduc de Sologny ou encore à Mancey » et « plusieurs paires d’yeux » ont été aperçues… La traque continue.