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« Le marché de l'occasion ne s'est jamais aussi bien porté »

Responsable occasion au sein du groupe Chavanel agri dans la Drôme, Vincent Chambon n'a jamais vu ça : porté par des pénuries et des délais de livraison beaucoup trop longs dans le neuf, le secteur de la seconde main n'a jamais été aussi actif qu'aujourd'hui..

« Le marché de l'occasion ne s'est jamais aussi bien porté »
Vincent Chambon, responsable occasion au sein du groupe Chavanel agri à Pont-de-l'Isère (Drôme). ©DR

Malgré ses années d'expérience, Vincent Chambon, le responsable occasion au sein du groupe Chavanel agri à Pont-de-l'Isère (Drôme), fait face à une situation inédite. « Le marché de l'occasion ne s'est jamais aussi bien porté, lâche-t-il. Aujourd'hui, on vend en deux semaines maximum alors que normalement, il fallait compter environ six semaines ». La raison en est très simple : les difficultés que rencontre le marché du neuf génèrent un report d'une partie des achats non négligeable vers le secteur de la seconde main.

L'occasion profite de la crise du marché neuf 

En effet, de nombreux fournisseurs de matériels agricoles ont aujourd'hui du mal à répondre aux commandes de leurs clients. Face à des pénuries, les délais de livraison s'allongent. « Les agriculteurs ont toujours des besoins d'achat de tracteurs ou autres engins agricoles. Mais lorsque les fournisseurs leur annoncent des délais de livraison atteignant 13 à 14 mois, certains préfèrent se reporter sur des achats d'occasion. D'autant que les prix du neuf ont flambé. Les tarifs des tracteurs par exemple ont pris environ 30 % en deux ans. » Alors, le marché de l'occasion devient encore plus intéressant d'un point de vue tarif. Et il permet aux acheteurs de repartir rapidement après avec leur matériel. « Et l'époque où l'achat d'une occasion n'offrait que peu de garanties est terminée. Aujourd'hui, sur les machines récentes, nous pouvons offrir des garanties équivalentes à une machine neuve », relève Vincent Chambon. Celles-ci rencontrent un tel succès, que les machines qui n'ont que deux ou trois ans d'utilisation et restent en très bon état peuvent, en ce moment, être vendues au même prix que ce que leur premier propriétaire avait dépensé à l'époque. Voire parfois, sur les marques ayant le plus de difficultés à livrer dans des délais raisonnables leurs clients, peuvent se rapprocher des prix actuels du neuf, ceux-ci ayant subi la hausse des prix non négligeable de ces derniers mois.

Vers une raréfaction et une tension du marché

Ce marché des secondes mains récentes, voire très récentes, s'est emballé. Les ventes ont été tellement abondantes que le marché de l'occasion se confronte finalement aujourd'hui à un phénomène de tarissement. « La pénurie de matériel neuf entraîne une raréfaction sur le marché de l'occasion, relève ainsi Vincent Chambon. Il y a 3 ans, nous avions 35 000 tracteurs sur le marché. Aujourd'hui, il n'en reste que 13 000. » Alors, les revendeurs ont plus de difficultés à se fournir. Là où il travaillait avant principalement en région, Vincent Chambon se fournit aujourd'hui à une échelle nationale. Cette situation montre à la fois les forces du marché de l'occasion et ses limites, notamment liées à la dépendance vis-à-vis de celui du neuf. Le responsable occasion de Chavanel agri reste cependant optimiste, notamment parce que « le neuf se vend toujours. On voit notamment que si les immatriculations de tracteurs ont diminué, ce n'est pas de façon extrêmement importante ». Par ailleurs, comme plusieurs acteurs le remarquent, l'espoir réside dans le fait que les délais de livraison, qui ont amené de la lenteur sur les marchés du neuf mais également de l'occasion se réduisent dans les mois à venir.

Léa Piazza