Les agriculteurs multiplicateurs s’adaptent
A l’occasion de leur congrès qui se tiendra le 7 juin à Poitiers, les agriculteurs multiplicateurs de semences de la FNAMS évoqueront des thématiques d’actualités qui impactent leur activité, comme le changement climatique, parallèlement aux exigences nouvelles comme la réduction des produits phytosanitaires et la montée en puissance du bio.

En amont de son congrès qui aura lieu à Poitiers, le 7 juin, la Fédération des agriculteurs multiplicateurs de semences (FNAMS) a évoqué les sujets d’actualité qui seront traités à cette occasion, notamment la problématique de la production de semences face au changement climatique. L’objectif est d’anticiper, en prenant en compte l’ensemble des solutions possibles, que ce soit l’innovation variétale, l’utilisation de variétés produites dans les pays du bassin méditerranéen, ou encore l’accès aux nouvelles techniques de sélection. « Plus la palette d’outils sera large, plus les solutions issues de la sélection pourront être mises à disposition de l’agriculture », explique Anne Gayraud, directrice administrative de la FNAMS. Le congrès sera aussi l’occasion d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur la question de la ressource en eau, ajoute-t-elle, car certaines cultures ont besoin d’un apport en eau relativement restreint, mais à des périodes de l’année critiques, comme les potagères qui sont implantées en fin d’été.
Premier point sur les surfaces de production
La FNAMS a également fait un premier bilan des surfaces de multiplications. Les céréales et protéagineux sont en légère contraction de 5 %, principalement en raison de la baisse d’utilisation des semences certifiées. Les légumineuses fourragères sont en baisse de 20 % par rapport à 2018, suite à des surproductions en luzerne et trèfle violet, mais aussi en raison d’un problème dans la gestion des parasites, à la suite de l’arrêt des néonicotinoïdes. « Au-delà de l’astronomique, les agriculteurs ne trouvent plus d’attrait financier pour ces cultures », explique Thomas Bourgeois, président de la FNAMS. Suite aux difficultés de la filière sucrière, une baisse des surfaces de production de semences de betteraves est attendue, mais pas dans les mêmes proportions que la production de betteraves, car la France exporte beaucoup de semences de betteraves vers l’Europe de l’Est et le Kazakhstan. A noter que l’arrêt des néonicotinoïdes pourrait également être problématique pour la betterave porte-graine. Au niveau des potagères, l’oignon et la carotte, espèces phares, sont en légère baisse, et de grosses inquiétudes existent quant aux solutions de lutte contre les insectes pour les crucifères. En revanche, les légumes secs connaissent un gros développement.
Adaptation technique
Pour s’adapter face à la disparition d’un certain nombre de substances, la FNAMS mène une activité d’expérimentation pour développer des alternatives. Le projet Agrosem, par exemple, vise à produire des semences sans produits phytosanitaires. Parallèlement, une plateforme de test et de démonstration est en développement avec l’Iteipmai (Institut technique pour les plantes aromatiques, médicinales et à parfum), une filière proche sur certaines problématiques (cultures mineures, cahiers des charges stricts...), pour pousser les agroéquipementiers à se tourner vers ces cultures qu’ils connaissent mal et qui ont une forte valeur ajoutée. La FNAMS accompagne également l’engouement de la filière pour la production biologique - en 2018, les surfaces en agriculture biologique sont en progression de 30 % par rapport à 2017, atteignant 11000 hectares.« Quasiment toutes nos stations équipées de bineuses et de herses étrilles pour travailler de plus en plus le désherbage mécanique et les approches sur l’agriculture biologique, ce qui peut aussi nous aider par rapport à certaines impasses suite au retrait de désherbants en conventionnel », explique Thomas Bourgeois. L’année prochaine, comme tous les deux ans, le congrès de la FNAMS sera d’ailleurs consacré aux démonstrations techniques.