L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a récemment publié les résultats d’une enquête sur la jeunesse rurale et son alter ego urbaine. Une étude riche d’enseignements sur bien des points de vue. 

« 18 ans est l’âge de migrations résidentielles fréquentes pour les jeunes, notamment pour ceux vivant en milieu rural. Ainsi, entre le 1er janvier 2017 et le 1er janvier 2018, 24 % des jeunes ruraux de 18 ans ont changé de commune de résidence, contre 12 % des jeunes urbains », indique la récente note de l’Insee. L’institut explique ce phénomène par le fait que ces jeunes ruraux veulent poursuivre leurs études et que les universités sont installées dans les grandes villes ou leur périphérie. « L’année de leur arrivée dans l’espace urbain, 93 % des anciens ruraux âgés de 18 ans sont inscrits dans un établissement d’enseignement », précise l’étude. Cependant, cette mobilité géographique (lire encadré) touche aussi les jeunes urbains qui aspirent à un mode de vie sans doute plus "nature" et qui rejoignent les communes rurales, « même si les arrivées de jeunes dans les communes rurales sont moins nombreuses que les départs du rural vers l’urbain », notamment entre 19 et 22 ans, note l’Insee. Cependant, l’institut ne nie pas que le phénomène d’exode urbain s’accentue. « Les arrivées en milieu rural continuent d’augmenter, passant de 9.000 à 19 ans à 19.000 à 24 ans. À 23 et 24 ans, les migrations résidentielles entre espaces se compensent. Ainsi, la part des jeunes résidant dans une commune rurale est stable à ces âges ».

Scolarisation hors commune

Si la ville possède auprès des jeunes ruraux un fort taux d’attractivité, une partie des jeunes ruraux préfèrent cependant rester au pays, malgré les manques d’infrastructures médicales, éducatives, sportives ou culturelles. « 75 % des jeunes de 18 ans restés vivre en milieu rural sont inscrits dans un établissement d’enseignement », souligne la note de l’Insee. Mais leur parcours scolaire se révèle plus compliqué que leurs camarades urbains. Ainsi ils détiennent nettement moins souvent un baccalauréat général ou technologique (31 % contre 81 %) mais plus fréquemment un baccalauréat professionnel (12 % contre 8 %). Ils sont nombreux à n’avoir au plus que le brevet des collèges (28 %) ou être titulaires d’un CAP (23 %). S’il leur vient l’envie de poursuivre leurs études, celles-ci s’effectueront dans des formations souvent implantées dans des lycées ou des centres de formation par apprentissage dispersés sur le territoire. Le milieu rural dispose d’une autre caractéristique selon l’Insee : « trois quarts des collégiens et un tiers des écoliers sont scolarisés hors de leur commune de résidence en 2018 », soit trois fois plus que les enfants urbains, avec de fortes disparités selon le type de commune rurale.

Christophe Soulard

La mobilité : un fléau pour les jeunes 

Lors de la visite d’Emmanuel Macron en Creuse fin janvier, une jeune lycéenne avait relaté être à cinq kilomètres du lieu de ramassage de son bus scolaire et que celui-ci ne passait parfois pas… Selon l’Insee, l’entrée au lycée rallonge encore les déplacements domicile-étude des jeunes ruraux. Presque tous les jeunes ruraux doivent changer de commune (94 %), contre moins de la moitié des jeunes urbains, et ce quel que soit le type de commune rurale de résidence. Les distances à̀ parcourir pour rejoindre le lycée sont le double de celles des collégiens (23 kilomètres en moyenne). Elles sont 1,7 fois plus élevées dans les communes rurales autonomes très peu denses que dans les communes rurales sous forte influence des pôles.