VITICULTURE
Crise viticole : des premières aides sur la table

Très attendu sur la crise viticole, Marc Fesneau a apporté le 6 février de premières réponses à la filière. Reste à les préciser avant le prochain Salon de l'agriculture.

Crise viticole : des premières aides sur la table
Les aides annoncées par le ministère de l’Agriculture concernent la distillation, l'arrachage et le prêt garanti par l'État (PGE). ©DR

Des mesures de gestion conjoncturelles et structurelles : la filière viticole en crise a reçu des engagements de la part de Marc Fesneau, lors d'une rencontre le 6 février. Ces aides concernent la distillation, l'arrachage et le prêt garanti par l'État (PGE). « Le ministre a compris l'enjeu des difficultés de la filière et a commencé à élaborer un plan de sortie de crise », réagit Jérôme Despey, président du conseil spécialisé Vin à FranceAgriMer et secrétaire général de la FNSEA. Une enveloppe de 160 millions d’euros (M€) est sur la table pour la distillation : 80 M€ venant de l'État, 80 M€ de fonds européens. La filière aurait eu l'assurance que les 80 M€ de crédits organisation commune de marché (OCM) vitivinicole correspondent à des reliquats, n'amputant pas les appels à projets en cours sur la restructuration, l'investissement, la promotion. Mais elle attend davantage.

Distillation : d'autres financements attendus

« On demande au minimum 200 M€, soit la distillation d'environ 2,5 Mhl », déclare Jérôme Despey, bien décidé à « ne pas lâcher » sur ce point. Pour les 40 M€ manquants, il s'agit d'aller puiser dans la réserve de crise, indique le secrétaire général de la FNSEA. Ce fonds prévu dans la politique agricole commune (Pac) est alimenté à hauteur de 450 M€ par an, au sein desquels la France disposerait de 70 M€, selon lui. La Confédération des vins IGP de France réclame quant à elle 240 M€ pour la distillation. « Les remontées des vignobles font apparaître un besoin de 3 Mhl au total », signale le président Gérard Bancillon. D'après lui, Marc Fesneau n'a pas exclu de compléter le financement grâce à la réserve de crise. « Il y a une vraie volonté du ministre d'avancer », salue-t-il.

À propos de l'échelonnement du PGE, une « task force » est créée au ministère de l'Agriculture pour faciliter l'accès au dispositif, prolongé jusqu'à la fin 2023, selon le communiqué. « La porte est entreouverte » par l'État, considère Jean-Marie Fabre, président des Vignerons indépendants de France, rappelant que jusque-là Bercy s'opposait à la revendication d'allonger le remboursement de six à dix ans. Cette « task force », chargée d'étudier les dossiers d'entreprises au cas par cas, vise à « aller plus vite » dans la médiation du crédit, selon lui. Une autre proposition, ouverte le 6 février, consiste à réunir la fédération des banques, les ministères, les organisations syndicales pour accélérer et simplifier l'allongement du PGE, indique Jean-Marie Fabre. Il y a aussi la demande, formulée par les Vignerons indépendants, de prêts à taux zéro. Sur ces deux points, des avancées sont attendues avant le Salon de l'agriculture (SIA).

Des pistes « à l'étude » pour l'arrachage

Enfin, le ministère annonce des mesures structurelles via l'arrachage définitif, que réclament les vignobles de Bordeaux et de la vallée du Rhône. « Des pistes sont à l'étude autour de la mobilisation des outils du Feader1 sur la diversification agricole, du renouvellement de générations et de l'arrachage sanitaire dans le cadre d'un programme interprofessionnel d'enrayement de la flavescence dorée, selon le communiqué. Le travail doit se poursuivre pour que ces leviers puissent être rendus opérationnels dès 2023. » Là encore, des précisions restent à apporter d'ici au prochain SIA. Une mobilisation du Feader est donc sur la table, avec un cofinancement par l'État, en plus des Régions. Mais aussi du Fonds national agricole de mutualisation sanitaire et environnemental (FMSE) pour l'arrachage sanitaire, un dispositif concernant les vignes à l'abandon. Reste l'arrachage temporaire, une mesure que FranceAgriMer est chargée d'explorer. « Deux points de blocage existent avec la réglementation actuelle : l'obligation d'arracher et replanter sur la même parcelle, l'impossibilité de transfert de l'autorisation d'exploitation », indique Jérôme Despey.

J.-C. D.

1 : Fonds européen agricole pour le développement rural