Hausse des charges et maintien du potentiel de production agricole
La profession mobilisée

Réunis le 8 mars dernier en conseil d’administration, les élus de la FDSEA ont fait un point sur la forte actualité du moment avec les JA et la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. La hausse des charges et les conséquences de la guerre en Ukraine ont été au cœur des débats. Un point déjà évoqué avec la conseillère agricole du Premier ministre le 14 mars. Retour.

La profession mobilisée
Des inquiétudes nombreuses sur la hausse des prix…

À la hausse des charges constatée ces derniers mois, est venue s’ajouter ces dernières semaines la flambée des prix des carburants, poussée par la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie. Preuve de l’inquiétude générale, ce sujet a été le premier abordé lors du dernier conseil d’administration de la FDSEA le 8 mars dernier, auquel participaient les JA et la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire.

D’autant qu’à la question des prix, viennent progressivement s’ajouter celles des délais de livraison et de possibles problèmes d’approvisionnement. Sur ce sujet particulier des carburants, la FDSEA et les JA sont montés au créneau à plusieurs reprises ces derniers jours pour alerter les pouvoirs publics. Dans un premier temps via une interpellation du préfet lors de la dernière session de la chambre d’agriculture, puis à l’occasion d’une rencontre le 14 mars avec Maud Faipoux, conseillère agricole du Premier ministre Jean Castex de passage en Saône-et-Loire. À cette occasion, le président de la FDSEA, Christian Bajard, rappelait d’ailleurs que « l’inquiétude est d’autant plus grande que l’on arrive à un moment où les travaux des champs s'accélèrent et donc la demande est forte ». Si des échanges ont eu lieu ces derniers jours entre la FNSEA et les représentants des pétroliers et que tout risque de pénurie semble exclu à ce jour, la hausse des carburants suscite de fortes inquiétudes, en premier lieu en production végétale, mais aussi pour les épandages en élevage. De son côté, Jean-François Lacroix, secrétaire général de la FDSEA et éleveur allaitant et de volailles à Neuvy-Grandchamp, soulignait la situation difficile des aviculteurs, « avec des grandes surfaces qui ne veulent pas passer de hausses, malgré la hausse de nos charges, ce qui oblige les éleveurs à rallonger les mises en place ».

Des réponses à plusieurs niveaux…

Face à cette situation spécifique sur les carburants, la conseillère agricole de Matignon indiquait des réflexions gouvernementales sur des mesures de plusieurs ordres. En premier lieu, elle rappelait la remise carburant de 15 centimes du litre à compter du 1er avril. Celle-ci bénéficiera également aux professionnels et donc aux agriculteurs. En complément, des autres outils sont envisagés dans le cadre du Plan de résilience en cours de préparation.

Si rien n’est acté à ce stade, des mesures liées aux coûts de l’énergie, mais aussi des mesures de trésorerie sont envisagées, avec des dispositifs de type PGE (Prêt garantie par l’État). La possibilité d’une aide spécifique par rapport aux hausses que subit l’alimentation animale est aussi regardée attentivement. Sur ce volet des carburants, la FNSEA a porté plusieurs demandes auprès de Bercy notamment telles que : mettre en place un chèque énergie pour compenser la hausse des coûts du GNR, ou encore autoriser l’utilisation de gasoil blanc (voire même du fioul domestique quand c’est possible) pour éviter des risques de pénurie de GNR ; le tout en l’accompagnant de mesures de détaxation, le gasoil blanc étant plus taxé que le GNR. La question d’anticiper les campagnes de remboursement de TICPE est aussi posée pour permettre de soulager les trésoreries.

Au-delà de la problématique immédiate du prix des carburants, le rendez-vous avec la conseillère agricole de Matignon a aussi été l’occasion de souligner les enjeux de souveraineté alimentaire. Des sujets remis au cœur des débats par la menace que fait peser la guerre en Ukraine sur l’approvisionnement en céréales d’un certain nombre de pays. Sur ce sujet, Christian Bajard rappelait que l’ensemble du potentiel de production français doit être mobilisé, et notamment les jachères. Une demande a été faite en ce sens par la France à la Commission européenne. De plus, il est plus qu’urgent de stopper l’accumulation de normes franco-françaises visant souvent à laver « plus blanc que blanc » et qui sont autant de freins pour pouvoir répondre aux enjeux de souveraineté alimentaire.