Biodiversité – enjeux environnementaux
Tournesol et miellées insuffisantes

Comment expliquer que la sur-fréquentation des champs de tournesol par les abeilles ne se traduise pas concrètement en miellées abondantes ? La recherche tente de trouver des réponses…

Tournesol et miellées insuffisantes
La fréquentation des abeilles ne dépend pas des types variétaux de tournesol, de la tolérance aux herbicides (VTH) ni de l’année d’inscription.

Le tournesol est une culture à floraison massive qui constitue une source de nectar et de pollen indispensable pour les abeilles dans les environnements de grandes cultures. Cependant, depuis plus de dix ans, les apiculteurs rapportent des difficultés pour produire du miel de tournesol. Ils font état de miellées insuffisantes et irrégulières notamment. La sélection génétique du tournesol peut-elle être en cause dans les difficultés rencontrées par les producteurs de miel sur cette culture ? 
C’est une question à laquelle essaient de répondre depuis plusieurs années Terres Inovia et l’Itsap en mobilisant divers partenariats. Le projet ApiTour s’inscrit dans la continuité des travaux engagés. Il s’agit d’un projet régional mis en œuvre de 2017 à 2019 en Pays-de-la-Loire et piloté par Terrena en partenariat avec Terres Inovia, l’Itsap-Institut de l’abeille et la coopérative des apiculteurs de l’ouest. Ce projet a reçu un cofinancement de la Région des Pays de la Loire, à hauteur de 40 % des dépenses totales. 

Différences d’attractivité des variétés assez stables 

Le projet ApiTour met en évidence une forte influence de la génétique du tournesol sur les niveaux de fréquentation par les abeilles observés en condition de choix. Il ressort que les classements d’attractivité sont relativement stables pendant les trois années d’essais et qu’ils ne sont pas fonction des types variétaux, de la tolérance aux herbicides (VTH) ni de l’année d’inscription.

Pas de lien établi

Dans le cadre de ce projet, il n’a pas été établi de lien entre le niveau de fréquentation d’un cultivar pour les abeilles en condition de choix et son potentiel mellifère à l’échelle du territoire. En effet, en se plaçant en conditions réelles de production, on s’est aperçu que le différentiel d’attractivité ne se traduisait pas par un différentiel de production de miel. Les deux variétés testées, contrastées du point de vue de l’attractivité, ont permis aux colonies présentes d’enregistrer un gain de poids identique, de l’ordre de 33 % en moyenne.
À l’échelle d’un rucher, la production de miel est la résultante d’interactions complexes. Pour être abondante, elle nécessite la rencontre entre une production nectarifère attractive et accessible pour les insectes et des colonies d’abeilles dynamiques et populeuses en mesure de collecter cette ressource de manière optimale. Les données générées par l’observatoire de la miellée de tournesol (Inra BioSP et Adana) mis en place dans le Sud-Ouest depuis 2015 confirment en effet le rôle prépondérant de facteurs internes aux colonies (état sanitaire, état populationnel) dans l’établissement de leurs performances. De plus, il faut prendre en considération que ces différents paramètres sont sous la dépendance des conditions pédoclimatiques ainsi que des pratiques agricoles et apicoles.

Études complémentaires en projet

Il est prévu de mettre en œuvre des études complémentaires afin d’identifier l’ensemble des facteurs concourant à une production de nectar de tournesol abondante et accessible aux abeilles et de hiérarchiser leur influence en lien avec les conditions pédoclimatiques. L’enjeu étant de déterminer dans quelles situations la ressource nectarifère peut être limitante à l’échelle du paysage. 
N.Cerrutti – L.Jung – Terres Inovia