Cuma Compost 71
La Cuma Compost 71 veut faire avancer la filière bois plaquettes…

Marc Labille
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Depuis 2002, la Cuma Compost 71 ne cesse de développer son activité historique de compostage. Mais la situation est plus complexe pour le bois. N’en perdant pas ses convictions pour autant, la coopérative est engagée pour la promotion de la valorisation des plaquettes bocagères. 

La Cuma Compost 71 veut faire avancer la filière bois plaquettes…
Créée en 2002 autour de l’activité de compostage, la Cuma compost 71 s’est depuis diversifiée dans la coupe de bois et le déchiquetage en plaquettes.

La Cuma Compost 71 compte aujourd’hui 420 adhérents. Un effectif stable depuis quelques années après une croissance continue depuis vingt ans. C’est l’activité compostage des fumiers qui se porte le mieux avec une évolution toujours positive en termes de volume de travail. Le succès du compostage ne se dément pas ; c’est l’effet probable des contraintes Natura 2000, de la flambée des prix des engrais ou encore du succès auprès de viticulteurs en quête de matière organique pour lutter contre la sécheresse, rapportait le président Thierry Lacroix. Certains des nouveaux adhérents comptent jusqu’à 400 tonnes de fumier à composter. En moyenne, chaque chantier représente 52 minutes de rotor de retourneur d’andain. Une prestation conséquente qui requière une bonne organisation des tournées, d’autant plus que la coopérative doit intervenir partout en Saône-et-Loire.

Un bon ratio pour l’activité compost

Avec une moyenne de 4,59 minutes de tracteur par minute de rotor, le ratio des tournées est bon, se félicitaient les responsables de la Cuma. C’est de ce ratio que dépend la santé économique de l’activité. Si cet indicateur se dégradait, ce serait le déficit, expliquait Thierry Lacroix qui précise que c’est le travail du chauffeur qui fait la différence. C’est en effet lui qui organise lui-même ses tournées dans le département. Et le bon ratio reflète son talent en la matière qui permet à la Cuma d’optimiser les temps de déplacement entre exploitations. Propriétaire du retourneur d’andain, la Cuma Compost 71 fait appel à une entreprise pour le tracteur et le chauffeur. Si les tournées se passent globalement très bien, les adhérents sont tout de même fortement incités à bien préparer les chantiers en amont. Face à la présence régulière de corps étrangers (ficelles, cailloux ou filets) dans les andains à retourner, la Cuma a décidé de facturer le nettoyage de la machine, informaient les responsables.

Activité bois à la peine…

La situation est bien différente pour l’activité coupe de bois et déchiquetage. Le nombre d’heures d’abattage ne cesse de diminuer depuis 2018 et le volume de bois déchiqueté a décroché en 2022. En découle un résultat négatif sur cette activité bois. « Il manque 100 heures de travail pour notre grappin coupeur », reconnaissent les responsables de la Cuma. Pour le bois, le cadre réglementaire est plus compliqué que pour le compost avec des dates liées à la Pac et donc une période d’intervention plus courte, expliquent les intéressés. Contrairement à l’activité compost, l’activité bois souffre aussi d’une sérieuse concurrence. « En tant que Cuma, nous n’avons pas les meilleurs chantiers », confie Thierry Lacroix.

Promotion de la valorisation du bois bocager

Loin de se décourager, la Cuma Compost 71 continue de promouvoir la valorisation du bois bocager. Le point d’orgue de cet engagement a été la journée du 29 septembre à Rigny-sur-Arroux intitulée « Dynamise et transmet ton bocage ». Plus de 200 participants ont assisté à ce rendez-vous qui a réuni de nombreux partenaires. L’origine de ce projet revient à la communauté de communes Entre Arroux, Loire et Somme qui a initié une réflexion sur l’avenir de son agriculture, explique Jean-Jacques Lahaye, représentant la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. La valorisation du bocage et des haies est une des pistes explorées et la journée du 29 septembre était une première étape. Partenaire du projet, la DDT a piloté une étude sur les bénéfices économiques d’une gestion durable des haies avec des leviers d’actions mis en évidence.

La Cuma engagée dans un projet territorial

L’initiative se poursuit sous la forme d’un collectif dont fait partie la Cuma Compost 71. L’objectif est de faire évoluer l’exploitation du bocage vers une gestion plus durable des haies et la production de bois énergie. Durant un an d’essai, du bois local déchiqueté devrait être utilisé dans une chaufferie communale du territoire. S’il est encore difficile de changer les habitudes quant à la conduite des haies, les membres de ce collectif ont bon espoir. D’autres communautés de communes sont intéressées. Forte de ses compétences techniques, la Cuma a indéniablement un rôle à jouer dans cette mutation visant à « réduire le coût de l’énergie grâce à d’autres pratiques d’entretien des haies ». En 2023, elle participera à l’étude de faisabilité de l’approvisionnement en plaquettes de bois d’une chaufferie communale.

Flambée du prix des matériels !

En septembre 2023, la Cuma Compost 71 mettra en service son nouveau retourneur d’andain. Les démarches préalables à l’achat de la machine ont été effectuées en 2022. Le prix de ce nouvel engin s’élève à 118.000 € HT alors que le tout premier retourneur d’andain de la Cuma avait coûté seulement 44.000 € en 2002 ! Et pour sa nouvelle machine, la coopérative a pu signer son bon de commande avant une nouvelle augmentation des tarifs de + 30 %. Heureusement, la Cuma a pu bénéficier d’une subvention FranceAgriMer de 45.750 € dans le cadre du Plan de Relance. Cette aide compense la hausse tarifaire, font valoir les intéressés. Sans cette subvention, le renouvellement de l’outil aurait été plus délicat. D’autant que le coût de la machine facturé à l’adhérent est resté le même, font remarquer les responsables. Cette année, la Cuma Compost 71 envisage de renouveler aussi son grappin coupeur. Ce sécateur géant, porté par une pelleteuse fournie par un prestataire avec chauffeur, génère beaucoup de frais d’entretien. Un grappin neuf coûterait environ 50.000 €. Les responsables de la coopérative attendent un devis avec proposition de reprise. Ils vont aussi se renseigner sur les subventions envisageables.

Plaquettes de bois : ça marche aussi pour les ovins

Plaquettes de bois : ça marche aussi pour les ovins

L’assemblée générale de la Cuma Compost 71 s’est déroulée au lycée de Charolles. Profitant de la proximité du Pôle régional Ovin, les organisateurs ont demandé à Mickaël Floquet, responsable de la ferme expérimentale et Laurent Solas, de la Chambre d’agriculture de venir présenter les résultats d’essais de plaquettes de bois en litière. Dans le cadre d’une expérimentation réalisée il y a une dizaine d’année, des plaquettes de bois ont ainsi remplacé la paille pour la litière d’agnelles et de brebis. Cet essai s’est révélé globalement concluant pour les plaquettes de bois. Pas d’impact négatif en termes de performances ni sanitaire. L’un des bémols concerne les brebis. Les plaquettes se révèlent inconfortables pour le travail (à genou) auprès des agneaux, signale Laurent Solas. Autre inconvénient notoire, les petits agneaux qui naissent sur des copeaux sont recouverts de petits bouts de bois à la naissance ce qui gêne les mères pour lécher leurs petits. « La solution peut alors être de commencer avec des copeaux en fin de gestation puis de pailler le temps de la mise bas et de remettre des plaquettes pour les lactations », indiquait Laurent Solas. A noter que la température de la litière aux copeaux est inférieure de 2 à 3 degrés à celle de la litière de paille. Cela limite le risque de coccidiose, fait valoir le technicien. Pour les agnelles comme pour les brebis, les plaquettes induisent un temps de travail plus important qu’avec de la paille, que ce soit pour installer la litière ou pour curer la bergerie.