Flavescence dorée
Un nouvel arrêté flavescence dorée dans les tuyaux

Ariane Tilve
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Que ce soient sur une parcelle durement touchée à Saint-Amour ou au sein de la préfecture de Mâcon, les principaux acteurs de la viticulture de Saône-et-Loire se mobilisent pour finaliser le nouvel arrêté de lutte contre la maladie.  

Un nouvel arrêté flavescence dorée dans les tuyaux

Le préfet de région, Franck Robine, devrait publier, dans les jours qui viennent, le nouvel arrêté qui mettra à jour la réglementation déjà en place. Une réglementation que de nombreux viticulteurs souhaitent voir évoluer, mais pas forcément tous dans le même sens. Si certains privilégient la santé publique et la pression sociétale, d’autres préfèrent jouer la carte de la prévention sanitaire des vignes et de l’information sur le bon usage des traitements pour continuer à lutter le plus efficacement possible contre cette épidémie qui peut très rapidement décimer des parcelles entières, voire être obligé de les arracher avant.

La situation spécifique du Beaujolais

C’est à Saint-Amour que les principaux acteurs locaux du secteur s’étaient donnés rendez-vous, vendredi 5 mai. C’est là que Nicolas Terrier, vigneron et hôte de la rencontre, a montré la triste étendue des ravages de la maladie sur sa production. Lui qui a dû arracher cette année 1,30 ha, soit près de 10 % de son exploitation ! Marie-Charlotte Paput, directrice de la Fredon en Bourgogne-Franche-Comté, insiste sur la particularité du Beaujolais : « étant donné que nous sommes sur deux départements et deux régions, notre situation administrative est complexe. Quant à l’évolution de la maladie, sur l’ensemble des 91 communes beaujolaises, on est passés de 3 communes touchées en 2014 à 60 cette année ». Une explosion qui fait craindre le pire… Déjà, 22 parcelles, représentant sept hectares entre Saint-Amour et Bully, ont dû être arrachées parce qu’elles dépassaient le seuil des 20 % de pieds manquants.
Pour rappel, la maladie se gère par arrêté préfectoral régional, fixant la lutte obligatoire se basant sur quatre piliers : le traitement à l’eau chaude des nouveaux plants de vignes, la prospection collective, l’arrachage des pieds infestés et le ou les traitements phytosanitaires contre le vecteur, la cicadelle dorée, qui transmet le phytoplasme mortel (selon le génotype).

Dès lors, quelles sont les nouveautés ou les points sur lesquels le nouveau texte insiste plus particulièrement ? D’abord, l’arrêté concerne « toutes les communes viticoles » du département et rappelle que la « lutte contre la flavescence dorée est obligatoire en tous lieux de façon permanente sur le territoire régional ». Tout propriétaire ou exploitant de parcelles est donc tenu de déclarer la présence du moindre symptôme, y compris les particuliers, communes, entreprises ou autres. Chaque domaine a l’obligation de participer aux prospections collectives, notamment « sur la base d’une demi-journée pour trois hectares de vigne exploités et dans toutes les vignes et dans toutes les communes qui exploitent au moins un hectare ».

ZNT ou traitements sanitaires obligatoires ?

Enfin, « par dérogation, les traitements insecticides conduits dans le cadre de la lutte obligatoire contre l’insecte vecteur ne sont pas soumis aux zones non traitées (ZNT) […] dans la limite d’une ZNT d’une largeur minimale de trois mètres ». C’est pour l’heure, la grande question du nouvel arrêté à paraître.

Ce dernier point continue de faire débat évidemment. Si certains estiment en effet qu’à trois mètres près, les traitements sont peu ou prou similaires, la préfecture, elle, insiste sur l’obligation de respect des ZNT qui sont justement là pour que chacun puisse cohabiter. Si l’obligation de traitement est une réalité qui ne saurait être ignorée, au risque de sanctions, le non-respect des ZNT peut lui aussi faire l’objet d’une sanction. Une contradiction de tout temps pointé du doigt par la profession. Sachant que « lors des contrôles, l’administration regarde ce qui a été acheté et ce qui a été utilisé », rappelle Patrice Fortune, vigneron et référent à Crèches et Chaintré.
La profession demande surtout à la DDT et à la préfecture de communiquer auprès du grand public, notamment, sur le caractère obligatoire de ces traitements phytosanitaires et des conséquences, du traitement et du non-respect des règles, en cas de manquement constaté. Il s’agit de légitimiser le traitement et d’améliorer les relations parfois complexes de voisinage.

Président de l'Union Viticole71, Patrice Fortune (de dos) accueillait le préfet de Saône-et-Loire, Yves Séguy et ses services de la DDT, Sral ainsi que la Fredon.