Visite de Xi Jinping
Visite de Xi Jinping : une avancée pour l'AOP Mâcon, un sursis pour le Cognac et l’Armagnac

La filière vitivinicole bourguignonne s'est félicitée, le 7 mai dernier, de la reconnaissance de la protection en Chine des Appellations d’Origine Contrôlée (AOC) Mâcon et Gevrey-Chambertin.

Visite de Xi Jinping : une avancée pour l'AOP Mâcon, un sursis pour le Cognac et l’Armagnac
Le 6 mai au soir s’est déroulé le dîner d’État entre Emmanuel Macron et le président chinois Xi Jinping. Prenant place à l’Élysée, l’évènement a rassemblé plus de 200 convives. Afin de célébrer les terroirs et le savoir-faire français, c’est un Corton-Charlemagne Grand Cru 2020 de la maison Edouard Delaunay qui a été choisi pour accompagner le menu, spécialement confectionné pour l’occasion. Un honneur pour son propriétaire, Laurent Delaunay, président du BIVB, qui a également assisté au dîner.

En marge de la visite en France du Président chinois Xi Jinping, l’administration chinoise en charge de la propriété intellectuelle (China National Intellectual Property Administration, CNIPA) a publié les décisions de protection des Appellations d’Origine Contrôlées Mâcon et Gevrey-Chambertin.

Cette décision est le résultat d’un long travail engagé dès 2023. Elle doit servir de modèle pour l’enregistrement, dans un second temps, de l’ensemble des appellations de la Bourgogne*.

« Cet enregistrement est une très bonne nouvelle pour nos appellations et les progrès en termes de reconnaissance de nos droits. Cela est le fruit d’un travail de coopération exemplaire entre les acteurs de la filière bourguignonne (Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne, CAVB et Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne, BIVB) et les services de l’État (Institut National des Appellations d’Origine, Ministère de l’Agriculture, Ambassade de France en Chine). Nous ne pouvons que nous en féliciter », soulignent Thiébault Huber, Président de la CAVB, et Laurent Delaunay, Président du BIVB.

« Dans notre esprit, il s’agit d’une première étape et ces deux appellations sont les modèles pour un enregistrement plus général de l’ensemble des appellations de Bourgogne ».

À n’en pas douter, cette décision donnera les armes aux responsables de la filière viticole pour mieux protéger les droits des producteurs de bourgogne en Chine.

Cognac contre Wattures

Par ailleurs, lors d’un entretien le 6 mai avec le président chinois Xi Jinping en visite officielle en France, le président de la République, Emmanuel Macron, a émis le « souhait » auprès de son homologue chinois de ne pas « voir appliquées » les « mesures provisoires » chinoises visant les spiritueux français. Une demande accordée par son homologue chinois, ce qui laisse un peu de répit aux alcools hexagonaux. L’enjeu est de taille : Cognac et Armagnac représentent à elles seules 95 % des spiritueux européens exportés en Chine. En effet, depuis janvier dernier, une enquête antidumping a été lancée par Pékin. Les autorités chinoises s’intéressent à des soupçons de dumping français entre le 1er octobre 2022 et le 30 septembre 2023, ainsi que sur de potentiels dommages pour le secteur en Chine entre le 1er janvier 2019 et le 30 septembre 2023. Concrètement, la Chine reproche à la France d’avoir vendu des spiritueux, Cognac et Armagnac, à des prix inférieurs à ceux pratiqués sur le marché national. Lors du traditionnel échange de cadeaux entre chefs d’État, Xi Jinping a reçu un coffret des maisons LVMH/Hennessy et Moutai, avec un flacon de cognac Hennessy X.O ainsi qu’une carafe de cognac Louis XIII de la maison Rémy Martin. Plus qu’un signe… L’Union européenne n’a cependant pas refermé son enquête sur les subventions aux voitures électriques chinoises. Et les déboires de Boeing et le probable retour de Trump ne dégagent pas l’horizon du commerce international des vins Français à l’export.

Courvoisier passe sous pavillon italien

Le groupe italien Campari, spécialisé dans les spiritueux, vient de racheter la célèbre marque de cognac Courvoisier pour la somme d’1,08 milliards d’euros (Md€) soit 400 millions d’euros (M€) pour les stocks de cognac, 700 M€ pour la marque et ses outils de production. Pourront s’ajouter à cette somme 112 M€ « payables en 2029 en fonction de la réalisation d’objectifs de ventes au cours de l’exercice 2028 », a détaillé Campari dans un communiqué. Campari est bien implanté en France puisqu’il possède la liqueur Grand Marnier (acquis en 2016), le cognac Bisquit (2017), les rhums Trois Rivières et La Mauny (2019) mais aussi le champagne Lallier (2020) et la liqueur aromatisée Picon (2022). Fondée en 1828 par Félix Courvoisier à Jarnac (Charente), la Maison Courvoisier a marqué l’histoire comme fournisseur officiel de l’empereur Napoléon III.