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Un projet de contractualisation entre végétal et animal

Un projet de contractualisation entre filières animales et végétales est mené au sein de la FNSEA pour sécuriser les filières animales face à l'explosion des prix, a indiqué Éric Thirouin, lors du congrès de l’AGPB le 8 juin dernier.

Un projet de contractualisation entre végétal et animal
Éric Thirouin, président de l'association générale des producteurs de blé (ABPB). ©D.L.-C

« Il faut veiller aux synergies au sein de la ferme France. La compétitivité des céréales est un facteur clé de succès pour les filières animales qui sont les premiers clients des céréaliers », a déclaré le président de l’AGPB (producteurs de blé) Éric Thirouin, lors du congrès de l’association spécialisée. Le projet consiste à mettre en place des contrats pluriannuels entre les deux secteurs, sur des volumes de céréales à prix fixe. « Face aux perturbations liées à la guerre en Ukraine, il y a des discussions au sein de la FNSEA pour développer les synergies entre le monde animal et le monde végétal », a-t-il expliqué parlant « d’une piste à creuser sur des incitations fiscales qui permettraient de proposer, sur la base du volontariat, des dispositifs gagnant-gagnant pour les céréaliers et les éleveurs ». « Nous allons y travailler dans les prochaines semaines et, le cas échéant, une expérimentation pourrait être lancée », a-t-il indiqué. L’incitation fiscale pourrait consister en un doublement de l’épargne de précaution, selon lui.

Contractualisation sur trois ans

Une précédente tentative de contractualisation avait eu lieu, il y a près de dix ans, sous l’impulsion de l’ancien patron de la FNSEA Xavier Beulin. Elle a échoué. « Les esprits n’étaient pas mûrs », considère Christiane Lambert. À l’époque, les éleveurs subissaient des prix des céréales en hausse de quelque 20 %, selon elle. Leur niveau d’aujourd’hui, avec une multiplication par deux, impose de « se mettre autour de la table ». La contractualisation doit permettre de « sécuriser les filières animales », a-t-elle lancé le 8 juin au congrès des céréaliers. C’est le message qu’elle comptait délivrer deux jours plus tard à l’assemblée générale de la FNP (éleveurs de porcs). « Je mettrai toute mon énergie, ma ténacité, pour réussir sur ce sujet », a-t-elle lancé. La donne a changé depuis l’échec du projet mené par Xavier Beulin. Côté animal, « le secteur porcin fonctionne à perte », avec l’explosion du prix des aliments, souligne le syndicat. Côté végétal, le moral n’est pas au beau fixe. Les céréaliers sont « plus inquiets que réjouis. On ne sait pas trop où on va », a résumé Philippe Heusèle, secrétaire général de l’AGPB. En cause, une « volatilité exceptionnelle », tant sur les prix des grains que sur les coûts de production. Ces derniers grimperaient d’une centaine d’euros la tonne de blé entre les récoltes 2021 et 2023. La crainte des producteurs est de connaître un effet de ciseaux, avec un retournement des cours et le maintien de charges élevées. D’où l’intérêt d’une contractualisation sur trois ans avec les éleveurs.

JCD