Production d’énergies renouvelables
Accélérer la production d’énergies renouvelables, oui mais comment ?

Ariane Tilve
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À l’occasion du premier comité départemental des énergies renouvelables, qui s’est tenu vendredi 9 juin à la préfecture de Saône-et-Loire, plusieurs dizaines d’acteurs locaux ont tenté de répondre à cette épineuse question. Difficile de s’entendre sur les priorités de ce comité dont la mission est d’établir une stratégie de développement de la production d’énergies renouvelables (ENR).

 

Le comité départemental des ENR réunis pour la première fois à la prefecture.
Le comité départemental des ENR réunis pour la première fois à la prefecture.

En 2020 la Saône-et-Loire produisait 5,8 % d’énergie renouvelable, sachant que l’objectif fixé par le Schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire (SRADDET) est de 34 % en 2030 et 77 % en 2050 ! Un objectif qui semble intenable, au grand dam des communautés de communes, des différents services de la DDT, du SYDELSL (syndicat départemental d’énergie de Saône-et-Loire) ou encore de la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) présents autour de la table, au même titrer que les représentants de la profession agricole.

Problème majeur, la définition même d’énergie renouvelable n’est pas la même pour tous. Certains estiment, par exemple, que le bois ne doit pas systématiquement être considéré comme une ENR étant donné l’état de nos forêts qui seraient, selon eux, en mauvaise santé, victimes du changement climatique et des nuisibles. Pourtant, lorsqu’on y regarde de plus près, c’est justement l’un des matériaux plébiscité en Saône-et-Loire. Le bois constitue 84 % de nos ENR, contre 36 % pour la moyenne nationale. En France, c’est l’hydroélectrique qui constitue la majeure source d’ENR, mais nous sommes ici contraints par la géographie et la topographie de notre territoire qui ne nous permet pas de développer des installations conséquentes, a priori.

Le solaire, principale source à venir ?

Reste la question de l’énergie solaire qui a de plus en plus le vent en poupe, notamment en raison de la crise énergétique que nous avons connu cet hiver, avec 7.670 installations produisant près de 152.000 kW. Des installations que l’on retrouve souvent chez les agriculteurs et qui font inévitablement penser à l’option de l’agrivoltaïsme, une menace pour certains, une opportunité pour d’autres.

Que dit la loi dans ce cas précis ? Que les terrains agricoles ne peuvent être utilisés pour de telles implantations, à moins qu’ils n’aient été laissés à l’abandon depuis longtemps… Encore faut-il définir ce « longtemps » qui doit être encadré par un décret d’application à venir. Autre ENR qui fait débat, l’éolien. Là encore, les voix dissonent. Le département ne dispose que d’une seule installation d’éoliennes pour une production de 12.000 kW. Aline Vue, vice-présidente de la Communauté de communes du Clunisois en charge des énergies et du climat (et animatrice du Gabsel), y voit une source potentielle d’accélération de la production d’ENR non négligeable. Ce à quoi d’autres rétorquent qu’il faut tenir compte de l’hostilité des riverains qui parviennent à se constituer en association contre de telles installations, avant même que le projet n’ait été déposé officiellement auprès de la mairie ou de l’intercommunalité. Olivier Mathieu interpelle le préfet et lui demande de trancher, d’imposer les projets au nom des objectifs du SRADDET, pas question lui répond Yves Séguy qui n’entend pas agir autrement que dans le consensus.

 

Réduire le délai de traitement des dossiers


Le préfet rappelle par ailleurs que la loi du 10 mars 2023 vient réduire les délais d’instruction pour les projets d’énergie renouvelable. La durée maximale de la phase d’examen pour ces projets situés en zone d’accélération ne pourra pas dépasser trois mois. Pour y parvenir, un pôle technique associe les compétences des différents services instructeurs qui accompagnent les différents projets. Si le préfet conseille aux porteurs de projet de s’adresser en premier lieu aux services de l’État pour mieux préparer et valider leurs dossiers en amont, la plupart des collectivités locales s’attendent encore à être les premiers interlocuteurs pour des raisons de proximité.

Difficile dans ces conditions d’élaborer une stratégie départementale d’accélération du développement des énergies renouvelables. D’autant plus qu’il ne suffira pas de "booster" la production, il faudra également abaisser en même temps notre dépendance aux énergies fossiles, qui constituent en 2020, 70 % de la consommation, ce qui semble possible qu’avec une réduction de notre consommation d’énergie, quelle qu’elle soit. Depuis 2012, la Saône-et-Loire a réussi à la réduire de 13 %, mais pour atteindre les objectifs régionaux, c’est encore insuffisant.