Les brèves du 16 juin 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 20 juin 2023

Les brèves du 16 juin 2023

Assurance récolte : Groupama atteint 700 000 hectares de prairies couvertes

Le numéro 1 de l’assurance récolte Groupama a présenté, le 15 juin à Agra Presse, un second point d’étape de la première année de mise en œuvre de la réforme de l’assurance récolte. En prairies, l’assureur atteint à lui seul « 700 000 hectares, soit 5 % des surfaces de prairies en France ». Groupama y voit « des résultats très encourageants », avec « un intérêt important dans le Massif central » L’an passé, seulement 1 % des prairies étaient couvertes (tous assureurs confondus). La loi de réforme de l’assurance récolte prévoit un objectif de couverture de 30 % des prairies à 2030. « L’atteinte des objectifs fixés par le gouvernement nous semble à ce stade tout à fait accessible », commente Groupama dans les éléments transmis à Agra Presse. Toutes filières confondues, l’assureur atteint 9000 contrats et « près d’un million d’hectares » supplémentaires, contre 7000 nouveaux contrats annoncés fin mars, et 550 000 hectares nouvellement couverts. En grandes cultures, Groupama note un « développement important », avec une hausse de 11 % des surfaces assurées. En viticulture, le groupe enregistre une hausse de 5 %, « mais avec de fortes disparités régionales ». En arboriculture, il constate « une croissance nette, mais le taux de couverture reste encore trop faible au regard des enjeux climatiques ».

Biocarburants aéronautiques : annonces de Macron ce vendredi pour la filière française

Dans un point avec la presse le 15 juin, l’Élysée a indiqué que le président de la République fera des annonces ce vendredi 16 juin en faveur des filières françaises des biocarburants aéronautiques, à l’occasion d’un déplacement sur le site de production de moteurs d’avions de Safran à Villaroche, près de Paris. Ces annonces devraient passer par un soutien aux projets de production français, qu’ils proviennent de ressources forestières, de déchets agricoles ou ménagers (huiles). « Aujourd’hui, les volumes sont réduits et coûtent cher, le premier défi est d’en produire beaucoup d’en faire baisser les coûts », explique l’Élysée. En amont de ce déplacement, Emmanuel Macron doit dîner, ce 15 juin, avec la filière aéronautique et plusieurs industriels des biocarburants, dont Avril et TotalEnergies. Comme le montrait notre enquête parue en 2022, les plus avancés des projets français de biocarburants de seconde génération, que recherche la filière aéronautique, sont pour l’instant issus de la filière bois-forêt, sur de petits volumes. En 2020, une autre enquête mettait en avant le risque d’importations d’huiles usagées importées, en provenance de Chine ou des Pays-Bas. Actuellement de 1 % en France, la réglementation européenne prévoit un taux d’incorporation de biocarburants avancés aéronautiques de 2 % en 2025, 5 % en 2030 et 75 % en 2050.

Restauration de la nature : le texte n’est finalement pas rejeté au Parlement européen

La commission de l’Environnement du Parlement européen n’a finalement pas rejeté en bloc, le 15 juin, la proposition de la Commission européenne sur la restauration de la nature, comme l’aurait voulu la droite. L’amendement appelant au rejet du texte n’a pas été adopté à la suite d’un vote très serré à 44 voix contre 44. Les eurodéputés ont donc ensuite examiné les milliers d’amendements déposés. Mais après 3 h d’examen, ils n’avaient toujours pas terminé, et ont donc dû reporter la suite de ce travail au 27 juin. Lors de la séance de vote, un certain nombre des amendements de compromis préparés par le rapporteur Cesar Luena (social-démocrate) avec les groupes Renew (centre), des Verts et de la gauche ont été adoptés, à chaque fois avec une très faible majorité. Une fois l’examen en commission terminé, il sera soumis à un vote en plénière. Pour les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca), le Parlement européen est beaucoup trop divisé sur ce texte qui doit donc être retiré par la Commission européenne. Les ministres de l’Environnement de l’UE tenteront pour leur part de trouver une position commune lors de leur réunion du 20 juin à Luxembourg.

Viande : Dawn Meats se retire d’Elivia, laissant Terrena seul maître à bord

Présent au capital d’Elivia depuis 2015, l’irlandais Dawn Meats « a décidé de céder […] sa participation minoritaire » dans la filiale viandes rouges de Terrena, annoncent les deux partenaires dans un communiqué commun le 15 juin. L’opération – dont les détails « resteront confidentiels » – doit encore être « soumise à l’approbation des autorités compétentes ». Si elle va à son terme, le groupe coopératif ligérien redeviendra l’unique actionnaire d’Elivia, n°2 français de la viande bovine. À l’origine, Terrena envisageait au contraire de céder Elivia à son partenaire irlandais. « Nous avons constaté que notre vision du marché français et notre ambition pour Elivia n’étaient pas alignées avec celles de notre partenaire Terrena », explique Niall Browne, le patron de Dawn Meats, cité dans le communiqué. Alors qu’Elivia connaissait des difficultés économiques, « des investissements importants ont été réalisés » depuis 2015, ce qui « a permis d’améliorer les performances opérationnelles et financières de la société ». Elivia commercialise environ 162 000 t de viande par an (bœuf, veaux, agneaux), pour un chiffre d’affaires de 930 M€. Elle réalise des activités d’abattage, découpe et transformation dans 14 sites, principalement dans l’Ouest.

Installation : Terrena propose d’entrer dans le capital d’exploitations (presse)

Dans une interview à Ouest-France le 15 juin, le président de Terrena Olivier Chaillou dit vouloir favoriser l’installation en créant « un fonds d’investissement coopératif d’aide en agriculture, sur le modèle du financement des start-up ». « Notre idée, c’est que la coopérative puisse prendre des parts au capital de l’exploitation, de façon minoritaire et temporaire, pour aider [l’agriculteur] à aller au bout de son projet. Tout reste à écrire, on part d’une feuille blanche. On voudrait un fonds de 20 millions d’euros, qui soit mobilisable d’ici un an. » Pour inciter les jeunes à s’installer, Terrena leur propose d’être apprentis. « Ce qu’on veut, c’est construire avec les écoles un parcours d’apprentissage multiple dans différentes exploitations et au sein de la coopérative, explique Olivier Chaillou dans le quotidien de l’Ouest (article payant). On voudrait avoir 150 apprentis par an, avec l’objectif d’en installer une centaine. » Un autre dispositif concerne la transmission : Terrena souhaite mobiliser ses techniciens pour « qu’ils sensibilisent les futurs cédants beaucoup plus tôt, idéalement cinq ans avant », explique-t-il à nos confrères.

Soulèvements de la Terre : le décret de dissolution sera présenté le 21 juin (presse)

Lors du Conseil des ministres du 14 juin, le président de la République Emmanuel Macron a enjoint à la Première ministre Élisabeth Borne de publier le décret de dissolution du collectif Les soulèvements de la Terre, rapporte un article des Échos. Annoncée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin il y a deux mois et demi, après les violents affrontements à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), la dissolution des Soulèvements de la terre doit désormais être lancée, a exigé Emmanuel Macron. Jusqu’ici, le dossier de dissolution semblait être bloqué au niveau de Matignon face à la complexité juridique du sujet. Reste que le sujet a ressurgi le 12 juin après que des activistes de ce collectif ont arraché des cultures maraîchères près de Nantes. Les 17 et 18 juin prochains, ils appellent également à manifester contre le projet de tunnel ferroviaire Lyon-Turin, suscitant l’inquiétude du ministère de l’Intérieur, qui anticipe la présence de 4000 activistes, selon les Échos. Face à « ce coup de pression », selon les mots du quotidien, le décret de dissolution devrait être présenté le 21 juin en Conseil des ministres. De son côté, le collectif estime que l’on ne « dissout pas un mouvement, on ne dissout pas une révolte ».

Cerise/Drosophila suzukii : « à peu près maîtrisée » en début de récolte, inquiétude pour la suite

Alors que le ministère de l’Agriculture prévoyait, au 1er juin, une production française de cerises maintenue malgré la fin du phosmet, la situation pourrait évoluer d’ici la fin de la récolte en juillet, avec le retour des pluies et des fortes températures, propices aux beaux calibres, mais aussi au développement de Drosophila suzukii. « Sur le début de la récolte, qui a commencé le 10 mai, les impacts ont été à peu près maîtrisés, sauf dans certaines parties du sud de la France, rapporte Aurélien Soubeyrand, président du conseil spécialisé Fruits et légumes de FranceAgriMer. Mais nous sommes inquiets sur la récolte en cours et les [variétés] plus tardives. Il a plu ces dernières semaines dans le Sud, et nous retrouvons du soleil et des températures élevées. Or, la population [de mouches] est déjà très présente. » Parmi les bassins qui récolteront dans les prochaines semaines figurent le nord de l’Ardèche ou les Monts du Lyonnais, cite-t-il. Dans cette dernière région, les vergers ont fait l’objet « d’investissements massifs » en filets de protection, mais qui ne couvrent pas l’entièreté des surfaces. En Ardèche, la présidente de la FDSEA, Christel Cesana, déplore 50 % de pertes sur son exploitation où s’achève la récolte. Elle rappelle que « les piqûres peuvent intervenir du jour au lendemain quand les températures sont propices ».

Haies : l’Afac demande 250 M€/an à Marc Fesneau pour financer son Pacte

Alors que Marc Fesneau a lancé, début mai, une concertation pour aboutir durant l’été à un Pacte en faveur de la haie, les professionnels de l’Afac (agroforesterie) ont estimé les besoins à 250 millions d’euros par an jusqu’en 2030. Ce qui permettrait de restaurer 440 000 km de haies d’ici 2030, d’atteindre une production de biomasse de 3 Mt de MS/an, produite par 78 000 agriculteurs labellisés Label Haie et 70 structures de valorisation. Trois régions (Bretagne, Bourgogne-Franche-Comté, Nouvelle-Aquitaine) avaient signé l’Appel de la haie, lancé en février par l’Afac, fixant des objectifs à 2050 (doubler le linéaire et « zéro dégradation de haie »). Dans le détail, 39 % du budget serait alloué à « stopper l’érosion des haies et les valoriser », par le soutien à la « gestion durable des haies existantes », au « développement » et à la « structuration des filières locales de valorisation ». 60 % des coûts seraient dédiés à « densifier le linéaire », en soutenant « la reconstitution de haies » et la filière « plans Végétal local ». Enfin 1 % des coûts iraient au suivi et à l’évaluation. Selon un récent rapport du CGAAER, près de 23 600 km auraient disparu par an entre 2017 et 2021.

Engrais : amende « record » pour Yara en raison d’installations non conformes

Le sous-préfet de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) a infligé le 12 juin par arrêté une amende record de 519 000 € d’astreinte administrative journalière au fabricant d’engrais norvégien Yara. L’arrêté pointe des « dépassements significatifs des valeurs limites » des rejets d’azote de l’usine de Montoir-de-Bretagne, rapporte un article de France Bleu. Interrogé par Ouest-France en 2019, Koulm Dubus, chef du service risques à la Dreal, déclarait : « Yara est le plus gros pollueur dans l’estuaire de la Loire ». Avec à la clef des échouages d’algues vertes (voir notre article paru dans Agra Presse hebdo). Le sous-préfet de Saint-Nazaire reproche par ailleurs au fabricant d’engrais norvégien de ne pas mettre en conformité ses installations. Il constate ainsi que Yara n’a « pas transmis de document justifiant le lancement des études en vue de l’installation d’un système de traitement des rejets atmosphériques de la tour de prilling », une tour de granulation au centre de la production de nitrate. « Par cette amende, l’État hausse le ton face à une entreprise qui démontre depuis bien trop longtemps son mépris envers la santé et la sécurité de ses salariés et des habitants », s’est réjoui le sénateur PS de Loire-Atlantique Yannick Vaugrenard auprès de France Bleu.

Agtech/foodtech : une dizaine de start-up lauréates de la French Tech 2030

Sur 125 lauréats tous secteurs confondus, une dizaine de start-up agricoles (agtech) et agroalimentaires (foodtech) ont été sélectionnées, le 14 juin, dans le programme d’accompagnement public French Tech 2030. Les sociétés retenues bénéficieront pendant un an d’un « accompagnement financier et extra-financier », piloté par le Secrétariat général pour l’investissement, avec l’accompagnement de la Mission French Tech (Bercy) et de BPI France. Parmi les lauréats, on peut citer Agriodor (parfums à base de kairomones et d’allomones alternatifs aux pesticides), Algama (ingrédients alimentaires à base de micro-algues), DNA Script (ADN de synthèse), Elicit Plant (biostimulants à base de phytostérols), Gaiago (intrants alternatifs), Green spot technologies (ingrédients alimentaires issus de fermentation de coproduits), Lactips (polymères à base de lait), Mycophyto (intrants à base de microorganismes), Naio (robots de désherbage), SabiAgri (machines électriques), Sencrop (stations météo connectées), Standing Ovation (alternatives végétales aux produits laitiers), Toopi (intrants issus d’urine humaine), Ynsect (intrants et aliments à base d’insectes). Un rapport du Digital Food Lab (conseil) et une étude de la Ferme digitale (start-up) et de KPMG (conseil) montrent une dynamique d’investissements maintenue dans les start-up agricoles et agroalimentaires françaises en 2022, tandis qu’ils reculaient brutalement à l’échelle européenne et internationale.

Agrivoltaïsme : Euralis lance une filière kiwi rouge sous ombrières photovoltaïques

Le groupe coopératif Euralis, basé à Lescar (Pyrénées-Atlantiques), crée une filière kiwis rouges sous ombrières photovoltaïques, a-t-il annoncé le 15 juin. Ce lancement est « le résultat d’expérimentations menées par Sofruileg (société R & D de la Scaap Kiwifruits de France) pendant plus de cinq ans sur plusieurs sites de production », souligne Stéphane Boué, président du pôle agricole, cité dans un communiqué. Le kiwi rouge est un « fruit premium en devenir », selon Euralis, qui invite les porteurs de projet à rejoindre une « filière innovante ». Fragile, cette culture nécessairement sous abris trouve dans le photovoltaïque un précieux allié. « La vente d’électricité produite par les ombrières permet de sécuriser le business plan du projet (prix électricité garanti pendant vingt ans) », déclare Cédric Brana, responsable de la filière kiwis. Cela permet de dégager « une trésorerie positive dès la première année. La mise à fruits arrive au terme de la quatrième année et maximise la rentabilité de l’outil pour atteindre l’équivalent de 33 000 € pour 3000 m2. » Eurasolis, filière solaire de la coop', apporte son expertise financière et technique. Primland, bureau de vente de la Scaap, est chargé de « la structuration du marché des fruits ».